25 % de ce que consomment les ménages provient des importations

  • Les importations de produits finis de consommation ont augmenté de 8,5 % à 53 milliards de DH en 2008.
  • Celles de produits alimentaires, elles, ont progressé de 18,5 % à 31,7 milliards de DH.
  • Les voitures de tourisme et les médicaments enregistrent les plus grosses hausses.

[25 % de ce que consomment les ménages provient des importations] Le débat fait son apparition au Maroc, à la faveur de la crise économique :

faut-il privilégier la consommation de produits fabriqués localement ? Ahmed Lahlimi, Haut Commissaire au Plan (HCP), à l’occasion des sorties médiatiques qu’il a effectuées cette semaine, a, sans détour, appelé les Marocains à réorienter leur consommation vers les produits locaux. Bien plus, il y a tout lieu, selon lui, de changer carrément de modèle de consommation, partant du constat que les Marocains, en particulier ceux appartenant aux couches supérieures de la société, ont un penchant exagéré pour les produits importés auxquels ils accordent un préjugé favorable en termes de qualité.

Mais à supposer que, pour des raisons conjoncturelles, il faille tenter de réduire les importations, en encourageant les produits locaux, est-ce possible ? Et d’abord, quels sont les produits de consommation - puisque c’est sur cette variable qu’il y aurait lieu d’agir - qui sont importés, et combien pèsent-ils dans la balance ?

D’après les derniers chiffres de l’Office des changes, le Maroc a importé en 2008 pour un peu plus de 53 milliards de dirhams de produits finis de consommation, contre 48,9 milliards en 2007, soit une hausse de 8,5 % (+ 4,14 milliards de dirhams). A cela, on pourrait ajouter les produits alimentaires que l’Office des changes, selon sa «nomenclature», ne classe pas dans la rubrique « produits finis de consommation ».

Blé, maïs et beurre tirent à la hausse la facture alimentaire

Ainsi, en 2008, le Maroc a importé pour 31,7 milliards de dirhams de produits alimentaires, contre 26,7 milliards en 2007, soit une progression de 18,5 % (+ 4,9 milliards de dirhams). Au total donc, ce sont 84,7 milliards de DH de produits de consommation qui ont été importés en 2008. Quand on rapporte ce chiffre aux 341 milliards de DH que représente la consommation totale des ménages, la part des importations dans la consommation des ménages représente 25%.

Par groupement de produits, les produits finis de consommation occupent ainsi le quatrième rang, avec une part de 16,5 % dans le total des importations de biens. Parmi les produits qui ont contribué le plus à cette hausse, on trouve les voitures de tourisme (+ 28,7 % ou + 2,21 milliards de dirhams), les parties de carrosseries (+ 213 % ou + 880,7 millions de dirhams), les médicaments (+ 11,8 % ou + 345,4 millions de dirhams) et les réfrigérateurs domestiques (+ 43,2 % ou + 323,5 millions de dirhams). En fait, à l’exception du tissu de coton et des articles de bonneterie, tous les autres produits finis de consommation ont augmenté, certes à un rythme moins élevé que ceux cités précédemment.
Concernant les produits alimentaires, il faut tout de suite préciser que leur hausse résulte d’un accroissement des achats de blé, et surtout d’un renchérissement des cours internationaux de ce produit ; la détente sur ce produit n’ayant commencé que depuis l’été dernier. De sorte que les achats de blé en 2008 ont représenté 39 % du total de la facture alimentaire. Parmi les hausses significatives, il y a eu aussi celles concernant le maïs (+ 12,4 % ou + 450,8 MDH) ou encore le beurre (+ 104,2 % ou + 517,2 MDH).
Quand on observe la structure des importations de produits finis de consommation ou de produits alimentaires, on peut se demander s’il y a vraiment une marge pour réaliser des économies. D’aucuns peuvent estimer que des produits comme le raisin sec, les bananes fraîches, l’eau minérale, le fromage, la quincaillerie de ménage...ne sont pas des produits de première nécessité et, qu’à ce titre, il n’y a pas lieu de gaspiller des devises pour les importer. C’est oublier que le Maroc est un pays touristique et que donc il doit satisfaire les clients qui viennent le visiter. Sans compter que les produits qui pèsent lourd dans la facture sont souvent, sinon toujours, des produits non disponibles localement, soit pour des raisons de sécheresse (cas du blé), soit pour insuffisance de l’offre locale (lait, sucre, beurre, etc.).

Plus généralement, ce débat sur le protectionnisme, n’a plus de sens aujourd’hui. Si, en effet, le Maroc finance la croissance de ses fournisseurs, il ne faut pas oublier non plus que ces mêmes pays fournisseurs sont aussi acheteurs du Maroc et pourvoyeurs de touristes. Par conséquent, si la croissance se porte bien chez ces partenaires, ils augmenteront à leur tour leur demande adressée au Maroc et lui enverront plus de touristes. C’est aussi cela la mondialisation...


Focus :Consommer local ? les raisons qui militent pour


Consommer local? Ce débat est déjà observé sous d’autres cieux. Au Maroc, il tient sa justification d’un constat qui commence à inquiéter : le déficit du compte courant de la balance des paiements qui s’aggrave de plus en plus, après des excédents continus entre 2001 et 2006. Ce déficit a été de - 0,1 % du PIB en 2007, de - 4,6 % en 2008 et pourrait être de - 5,7 % en 2009 selon les prévisions du HCP.

La traduction simple de ces chiffres consisterait à dire que ce sont les revenus du Maroc en provenance de l’étranger (recettes touristiques et des investissements étrangers, envois des MRE), qui financent les déficits structurels de la balance commerciale ; et avec le recul (du moins en 2008) de ces mêmes revenus, la situation pourrait devenir intenable.

La question qui se pose maintenant est de savoir qui en est responsable : est-ce la croissance en effet très élevée des importations, ou celle, très faible, des exportations ? Certains, y compris au sein du gouvernement, ont déjà répondu à cette interrogation : le pays se développe, il est devenu un immense chantier, c’est donc bien normal que les importations augmentent à un tel rythme. «Le souci, en revanche, vient des exportations qui évoluent à un rythme très lent », estime un ministre.

LaVieEco
 
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