LAlgérien Abdelhamid Mehri nest plus. Démocrate convaincu, cet ancien secrétaire général du FLN (Front de libération nationale) aura été lun des rares à oser, avec Houcine Aït Ahmed, le patron du FFS (Front des forces socialistes), à sopposer, au nom du respect des principes de la démocratie, au putsch militaire de 1992. Une prise de position qui lui a valu une longue traversée du désert. Cest justement son décès, lundi 30 janvier, qui vient dy mettre un terme. Avec sa disparition, cest toute une page de la première tentative du livre non encore achevé de lintégration maghrébine qui vient dêtre tournée. Il y a si peu de temps, Mehri était le dernier témoin, vivant, de la conférence de Tanger de 1958 ayant réuni lIstiqlal marocain, le Néo-Destour tunisien et le FLN algérien. A lépoque, Abdelhamid Mehri en était le porte-parole. Sous le poids des divergences politiques entre Rabat et Alger, les rêves suscités par cette première rencontre nont plus aucun droit au chapitre, le conflit du Sahara et la fermeture des frontières entre les deux pays tiennent, désormais, le haut du pavé.51 ans après cet événement, Mehri, libéré de toute contrainte due à un poste politique, confie dans un entretien, datant du 3 mars 2009, accordé au Qoutidien dOran que «la fermeture des frontières nest pas une solution aux problèmes qui existent. Instaurer des visas non plus. En fait, le blocage du Maghreb est la responsabilité de tous les Etats du Maghreb, pas seulement du Maroc et de lAlgérie. Les échanges inter-maghrébins sont dérisoires. Je trouve que nos politiques ne sont ni réalistes ni raisonnables daller vers lUnion pour la Méditerranée alors quils ne sont pas en mesure de régler les problèmes entre Maghrébins. Cest de la fuite en avant. Notre adhésion à lUnion pour la Méditerranée est un acte dénué de sens. Je pense que lensemble des politiques nationales sont erronées et sont liées à la vision antidémocratique des régimes». Adelhamid Mehri est né le 3 avril 1926 à El Harrouch, dans la wilaya de Skikda. En 1988, juste après la normalisation des relations diplomatiques avec le royaume après une rupture de 12 ans, lancien président algérien lavait nommé ambassadeur à Rabat.◆
Le Soir Echos
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