Afghanistan : un retrait anticipé dès 2013 qui ne masque pas l'échec

Les Etats-Unis hâtent encore leur retrait d’Afghanistan. Comme les françaises, les troupes américaines partiront un an plus tôt que prévu, avec un bilan humain et diplomatique assez déplorable. Les Talibans se tiennent prêts à reprendre le contrôle du pays.

Les Etats-Unis ont pris Kaboul de court en exprimant l'intention de cesser toutes les opérations de combat en Afghanistan dès 2013, un an avant le retrait de leur contingent. Une décision qui intervient quelques jours après une annonce similaire de la France, alliée des Etats-Unis au sein de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) sous commandement de l'Otan. Les troupes françaises partiront également un an plus tôt que prévu, à la fin 2013.
"Décider d'avancer cela d'un an chamboule tout le plan de transition. La transition a été programmée en fonction d'un calendrier et cela nous oblige à accélérer tous nos préparatifs. Cela aura sans aucun doute un effet sur notre préparation, sur la formation et l'équipement des forces de police", a regretté un membre éminent des services de sécurité afghans.

Une décision qui intervient alors que les médias britanniques ont pu mettre la main sur un document accablant de l’Otan. Ce rapport, synthèse de 27 000 interrogatoires de 4000 prisonniers Talibans et d’Al-Qaïda, montre que les services secrets pakistanais soutiennent clandestinement les Talibans. Le Pakistan connaîtrait même les lieux de résidence des plus hauts dirigeants talibans. Toujours selon ces documents, l'Otan estime que les talibans sont prêts à reprendre le contrôle de l'Afghanistan dès que les troupes de l'Otan se seront retirées. Même dans les régions les plus pacifiées du pays, les Talibans sont semble-t-il prêts et attendent le bon moment.

De tels documents ont jeté un beau froid diplomatique entre les Etats-Unis et le Pakistan. Les deux camps assurent, pour tenter de sauver la face, que ce texte n'est qu'une "compilation d'opinions et d'idées de détenus talibans" et qu’il ne faut "surtout pas tirer de conclusions basées sur les commentaires des talibans". Ce rapport est surtout une confirmation de plus du double jeu d’Islamabad et de ses services secrets.

Le Pakistan, qui partage avec l'Afghanistan une frontière très poreuse de plus de 2500 km, a reconnu et soutenu le régime des talibans au pouvoir entre 1996 et 2001. Depuis 2001, les zones tribales pakistanaises situées de l'autre côté de la frontière ont servi de bases arrières à des talibans afghans, dont le commandement suprême, dirigé par le mollah Omar vit selon toutes vraisemblances dans le sud-ouest du Pakistan. Islamabad souhaiterait étendre au maximum son influence sur l’Afghanistan pour constituer un vaste front musulman contre l’ennemi de toujours : l’Inde.

http://www.humanite.fr/monde/afghanistan-un-retrait-douloureux-et-anticipe-489203
 
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