Agressions sexuelles : un haut fonctionnaire condamné à 6 mois fermes

L'ancien sous-préfet Jean-Claude Raynaud comparaissait pour des faits qui se sont déroulés entre 2005 et 2007 dans l'Essonne.


Un haut fonctionnaire à la retraite a été condamné, mercredi 1er juin, par le tribunal correctionnel d'Evry à trois ans et demi d'emprisonnement dont trois ans avec sursis, pour agressions sexuelles, en 2005 et 2007 dans l'Essonne, alors qu'il était délégué du procureur de la République.

En pleines affaires Strauss-Kahn et Tron, Jean-Claude Raynaud, 75 ans, ancien sous-préfet, comparaissait mercredi pour tentative et agressions sexuelles par personne abusant de l'autorité que lui confère sa fonction, et harcèlement en vue de l'obtention de faveurs sexuelles, à l'encontre de trois femmes, à Juvisy-sur-Orge, Athis-Mons et Draveil (Essonne).

Alors qu'il occupait la fonction de délégué du procureur et était chargé de recevoir des personnes condamnées pour leur notifier un rappel à la loi, le prévenu avait embrassé ou tenté d'embrasser sur la bouche, à plusieurs reprises, des femmes qu'il recevait dans son bureau. Il est également accusé d'avoir caressé l'une des femmes après l'avoir invitée à monter dans sa voiture.



"Narcissisme de la puissance"

Il nie l'intégralité des faits qui lui sont reprochés, arguant que les plaignantes étaient consentantes. Devant le tribunal, le prévenu a donné des explications floues, émaillées de contradictions.

Reprenant les termes d'un expert-psychiatre qui a examiné Jean-Claude Raynaud, le président de la 7e chambre du tribunal correctionnel d'Evry a fait état d'un "narcissisme de la puissance". Il a insisté sur la "différence de statut" entre magistrat et justiciable, le "rapport de crainte vis à vis du procureur".

"Les faits sont répréhensibles parce qu'ils ont été commis pour une partie au moins dans l'exercice de vos fonctions", a dit le président au prévenu. "Est-ce qu'un magistrat embrasse une prévenue sur la bouche?", l'a-t-il interrogé.

Pour Jean-Claude Raynaud, si une femme "n'est pas d'accord, elle dit non". "Au procureur? Et la puissance de l'autorité?", lui a demandé le président.

"Je suis innocent du point de vue pénal. Cela ne m'apparaît pas comme une agression sexuelle", a encore affirmé à la barre Jean-Claude Raynaud.



"Une délinquante qui se dit violée

La victime, qui s'était constituée partie civile mais était absente lors du procès, avait été violée dès son plus jeune âge par son oncle puis mariée de force. Elle avait dit aux enquêteurs: "j'avais l'impression que (Jean-Claude Raynaud) avait tous les droits sur moi. Une fois de plus mon corps a été souillé".

La victime avait déposé plainte au commissariat de Draveil. Lors de son audition, Jean-Claude Raynaud avait nié les faits, déclarant: "il me paraît exagéré que l'on croit une délinquante qui se dit violée plutôt que ma personne qui a un passé sans tâche". Il avait demandé à bénéficier de la protection judiciaire des fonctionnaires.

Mercredi, à la barre, après les plaidoiries des avocats, il a admis: "j'ai commis une faute énorme". "Je ne suis ni Strauss-Kahn ni un ministre", a-t-il ajouté.

Ancien administrateur auprès de Fabius, Chirac et Rocard

http://tempsreel.nouvelobs.com/actu...t-fonctionnaire-condamne-a-6-mois-fermes.html

Le Nouvel Observateur - AFP
 
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