Amour, désir et sexualité en islam, entretien avec malek chebel

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Sciences Humaines : Aux premiers temps de l'islam, le Coran et les hadith ne sont pas les seules références de la sexualité. A cette époque va se déployer toute une littérature érotique à la fois profane et religieuse. Vous définissez certains auteurs comme des « théologiens de l'amour ».

MC...Dès le moment où l'islam s'est établi, que la conquête est achevée, les moeurs des élites vont changer du tout au tout. C'est entre le ixe et le xe siècle que le monde musulman va connaître son âge d'or, notamment dans le domaine des récits sexuels.

Il faut dire que le xie siècle, aussi, sera assez fécond. Dans les centres urbains, les élites - califes, sultans, princes, riches marchands et autres dilettantes - vont inventer les nouvelles conduites, innover dans le domaine de la création et des relations intersexuelles.

En inventant de nouvelles règles, c'est toute la civilité qui s'installe, amenant des exigences différentes de confort et de bonheur individuel. Un style de vie nouveau émerge, avec une nouvelle culture, de nouveaux codes de conduites, de nouvelles attentes.

C'est une période extraordinaire pour le monde musulman où se déploient simultanément les sciences, les arts, l'architecture, la poésie et la philosophie. C'est le « temps des Lumières » de l'islam.

Le raffinement des moeurs devient alors un idéal, presqu'une obligation pour tous ceux qui veulent monter dans l'échelle sociale. Il en va de même pour la poésie érotique et l'amour. On pourrait dire en termes psychanalytiques qu'en ce temps-là, Eros prenait le pas sur Thanatos, que le volume de vie était plus présent que le principe de mort et de destruction.

Exit les razzias du passé, l'obscurantisme de certains gouverneurs ou califes, l'heure est à la maîtrise de son univers corporel et l'exaltation par les mots (et parfois par les actes) de la beauté sous quelque forme qu'elle se présente.

En matière de moeurs sexuelles, les évolutions sont d'une étonnante modernité. Jahiz (ixe siècle) publie une Eloge des éphèbes et des courtisanes, un dialogue entre deux hommes qui, déjà en ce temps-là, glosaient sur les mérites croisés de l'homosexualité et de l'hétérosexualité. On dissertait sur le duvet soyeux des adolescents.

Le grand poète Abu Nuwas (762-vers 812) n'avait-il pas écrit librement plusieurs centaines de poèmes au ton libertin ? Dans Le Vin, le vent, la vie, il compose un hymne aux plaisirs de la vie et de la chair.

Ses propos sont sans équivoque :« J'ai quitté les filles pour les garçons, et pour le vin vieux, j'ai laissé l'eau claire. Loin du droit chemin, j'ai pris sans façon celui du péché, car je le préfère. »
Personne ne songe à l'époque à censurer ces propos. C'était une époque bénie pour l'islam.

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