aya2bxl
maman en pleins temps
Plus riche que Mohammed VI, lui ? Il sen défend, et garde un profil soigneusement bas. Pourtant, en 2008, il a encaissé plus de dividendes boursiers que le roi (263 millions contre 244). Propriétaire, à 62%, dun monstre immobilier qui pèse 40 milliards de dirhams, il fait trembler la Bourse à lui tout seul, collectionne les résidences fastueuses, les uvres dart
et les paradoxes.
Aïn Sebaâ. Siège du groupe Addoha. Un jour de semaine, Anas Sefrioui fait sa tournée quotidienne au rez-de-chaussée, là où de nouveaux propriétaires viennent récupérer les clés de leurs logements sociaux, commercialisés par le magnat de limmobilier. Au détour dun couloir, apparaît un policier en uniforme. Il se dirige vers le premier costume-cravate venu : Savez-vous où je pourrais trouver Si Mehdi ?. Derrière la cravate, à lintérieur du costard, Anas Sefrioui, milliardaire, père de 3 enfants, un homme de taille modeste. Une poignée de main et quelques indications plus tard, il se justifie presque davoir été confondu avec un employé : Cétait un client. Le fondateur dAddoha passe inaperçu et il semble sen accommoder. Il na pas la prestance du président de la CGEM, Moulay Hafid Elalamy, ni sa réputation de financier de haut vol, et encore moins le goût pour les fonctions officielles du patron dAkwa Group, Aziz Akhannouch, devenu ministre de lAgriculture. Non, Anas Sefrioui aime la discrétion, même sil est la plus grosse fortune du Maroc en termes de capitalisation boursière. Il pèse 25 milliards de dirhams, malgré les déboires récents du cours dAddoha en Bourse, qui a chuté de 30 %. Je suis un Monsieur tout le monde, se plaît-il à répéter, comme si son costume de Marocain le plus riche était trop large pour lui. Et, effectivement, en coulisses, les rumeurs vont bon train. Les spécialistes financiers se sont étonnés de lenvolée du cours dAddoha quils lient aux ventes (par lEtat) de terrains à Sefrioui. On chouchouterait le promoteur en lui accordant en priorité et à bon prix du foncier pour y planter ses nombreux projets immobiliers, accuse notamment Miloud Chaabi, le patron de Ynna Holding, concurrent direct de Sefrioui dans le secteur du logement social (v.encadré).
Foncier en réserve oblige, le cours dAddoha monte en flèche à chaque signature de contrat avec lEtat. La baisse subite de laction éveille les mêmes soupçons de délit dinitiés qui accompagnent Addoha depuis son introduction en Bourse (lire encadré). De fil en aiguille, la rumeur a taillé un costard sur mesure à Anas Sefrioui : celui dêtre lhomme de paille de Moulay Rachid. Cest absolument faux. Je le jure sur la vie de mes enfants. Cest dailleurs la première fois que jentends parler de cette rumeur, se défend Anas Sefrioui, qui pourtant a déjà été confronté à ces accusations par des journalistes financiers. Sauf quaujourdhui, il est plus entreprenant dans sa communication, prenant le taureau par les cornes.
Leçon de com
Le milliardaire a bouleversé ces dernières semaines son emploi du temps très chargé pour y inscrire quelques séances avec les journalistes. En seize ans de carrière dans la promotion immobilière, il navait jamais rencontré aucun plumitif. Maintenant, cest un homme public qui fait la Une du Matin du Sahara en compagnie de Mohammed VI. Il nest plus seulement lentrepreneur qui, à ses débuts, allait démarcher lui-même les habitants des Carrières centrales et du bidonville de Sidi Moumen. Il est bien loin le bâtisseur de logements sociaux qui faisait le camelot auprès dune population qui laccueillait tel un extraterrestre : Quand jexpliquais quils pouvaient devenir propriétaires, cest comme si je leur annonçais quils allaient partir sur Mars, se souvient-t-il.
Aujourdhui, cest adieu bidonvillois, bonjour traders. Anas Sefrioui intervient désormais sur les ondes de Atlantic Radio pour rassurer les actionnaires sur la baisse du cours de laction Addoha. Il a aussi décidé de combler son déficit dimage et de rendre coup pour coup à Miloud Chaabi en utilisant les mêmes armes que lui : les médias. Il se fait désormais conseiller par lex-chargée des relations presse de deux Premiers ministres, Driss Jettou et Abbas El Fassi. Elle lassiste pendant lentretien, en compagnie de son conseiller historique, Hassan Ben Bachir. Cela rassure Sefrioui qui, cours de com ou pas, na pas encore rompu avec ses petites hésitations dhomme peu habitué au feu des questions qui gênent. Il vous prend souvent à témoin de sa bonne foi quand le sujet devient polémique : Je nai jamais rien dit de mal sur Miloud Chaabi. Je le salue toujours poliment. Cela me fait mal au cur dêtre accusé de la sorte. Aujourdhui quun Marocain peut faire aussi bien, sinon mieux, que les étrangers, on devrait au contraire se réjouir. Je travaille dur pour ce résultat.
La tradition dans la peau
Son père, à qui il voue un culte, lui aurait légué cet esprit dentreprendre en même temps quil lui aurait inculqué les valeurs de tout bon musulman. Ce Coran appartient à mon père, confie-t-il en montrant un vieux livre saint quil conserve dans son bureau. Lhomme, qui se dit pieux, revient à peine de la Omra où il se rend chaque année avec sa mère depuis dix ans. Cest ma semaine de vacances annuelles, explique Sefrioui qui, pour parfaire le tableau, nomme tous ses projets immobiliers de noms extraits du Coran. Cest mon chef comptable très versé dans la religion qui les choisit, explique-t-il. Cest que dans la querelle des classiques et des modernes, Sefrioui se considère plutôt comme un traditionnel. Un définition vite rattrapée par sa conseillère en communication : Un traditionnel qui bâtit des projets modernes.
Lhomme apprend tout doucement à conjuguer la formule de Hassan II, entre tradition et modernité, penchant encore du côté de la tradition, par atavisme familial. Le père dAnas Sefrioui était un notable de Fès, enrichi dans lexploitation du ghassoul, limmobilier, lindustrie, et propriétaire dune compagnie de navigation. Pour lanecdote, le boss dAddoha aime raconter que lhaj Abdeslam est le premier Marocain à avoir ouvert un compte à la Banque populaire de Fès. Lhéritage fassi dAnas Sefrioui la dailleurs amené à épouser à 23 ans une Fassia, comme le veut la norme. Le poids des traditions, qui pèse sur ses épaules, le convainc aussi dinvestir 182 millions de dirhams dans la réhabilitation de la médina de Fès, dans le cadre des 1200 ans de la ville. Le mécénat pile poil synchro avec les fastes dun royaume, la parure ultime des milliardaires marocains.
La fortune de Si Anas
La fortune de Sefrioui attire tous les regards depuis juillet 2006. A son introduction en Bourse, les fonds propres dAddoha ne dépassent pas 1,7 milliard de dirhams, mais la société dégage déjà un chiffre daffaires annuel de 500 à 600 millions de dirhams. Un an après, lentreprise de Sefrioui pèse 14 fois plus et, en moins de six mois, le cours dAddoha est multiplié par six. Il approche les 5000 dirhams. Une hausse de laction tellement vertigineuse que, conformément aux normes internationales et pour ne pas freiner le volume des échanges dune valeur devenue très chère, Sefrioui décide de diviser par deux le prix du titre tout en doublant le nombre dactions. Avec une société valorisée à 40 milliards de dirhams dont il possède 61,75%, la fortune boursière dAnas Sefrioui est évaluée à 25 milliards de dirhams, chiffre auquel il faut ajouter les 2,7 milliards perçus lors de lintroduction en Bourse et ses nombreux (et inquantifiables) biens immobiliers.
Aïn Sebaâ. Siège du groupe Addoha. Un jour de semaine, Anas Sefrioui fait sa tournée quotidienne au rez-de-chaussée, là où de nouveaux propriétaires viennent récupérer les clés de leurs logements sociaux, commercialisés par le magnat de limmobilier. Au détour dun couloir, apparaît un policier en uniforme. Il se dirige vers le premier costume-cravate venu : Savez-vous où je pourrais trouver Si Mehdi ?. Derrière la cravate, à lintérieur du costard, Anas Sefrioui, milliardaire, père de 3 enfants, un homme de taille modeste. Une poignée de main et quelques indications plus tard, il se justifie presque davoir été confondu avec un employé : Cétait un client. Le fondateur dAddoha passe inaperçu et il semble sen accommoder. Il na pas la prestance du président de la CGEM, Moulay Hafid Elalamy, ni sa réputation de financier de haut vol, et encore moins le goût pour les fonctions officielles du patron dAkwa Group, Aziz Akhannouch, devenu ministre de lAgriculture. Non, Anas Sefrioui aime la discrétion, même sil est la plus grosse fortune du Maroc en termes de capitalisation boursière. Il pèse 25 milliards de dirhams, malgré les déboires récents du cours dAddoha en Bourse, qui a chuté de 30 %. Je suis un Monsieur tout le monde, se plaît-il à répéter, comme si son costume de Marocain le plus riche était trop large pour lui. Et, effectivement, en coulisses, les rumeurs vont bon train. Les spécialistes financiers se sont étonnés de lenvolée du cours dAddoha quils lient aux ventes (par lEtat) de terrains à Sefrioui. On chouchouterait le promoteur en lui accordant en priorité et à bon prix du foncier pour y planter ses nombreux projets immobiliers, accuse notamment Miloud Chaabi, le patron de Ynna Holding, concurrent direct de Sefrioui dans le secteur du logement social (v.encadré).
Foncier en réserve oblige, le cours dAddoha monte en flèche à chaque signature de contrat avec lEtat. La baisse subite de laction éveille les mêmes soupçons de délit dinitiés qui accompagnent Addoha depuis son introduction en Bourse (lire encadré). De fil en aiguille, la rumeur a taillé un costard sur mesure à Anas Sefrioui : celui dêtre lhomme de paille de Moulay Rachid. Cest absolument faux. Je le jure sur la vie de mes enfants. Cest dailleurs la première fois que jentends parler de cette rumeur, se défend Anas Sefrioui, qui pourtant a déjà été confronté à ces accusations par des journalistes financiers. Sauf quaujourdhui, il est plus entreprenant dans sa communication, prenant le taureau par les cornes.
Leçon de com
Le milliardaire a bouleversé ces dernières semaines son emploi du temps très chargé pour y inscrire quelques séances avec les journalistes. En seize ans de carrière dans la promotion immobilière, il navait jamais rencontré aucun plumitif. Maintenant, cest un homme public qui fait la Une du Matin du Sahara en compagnie de Mohammed VI. Il nest plus seulement lentrepreneur qui, à ses débuts, allait démarcher lui-même les habitants des Carrières centrales et du bidonville de Sidi Moumen. Il est bien loin le bâtisseur de logements sociaux qui faisait le camelot auprès dune population qui laccueillait tel un extraterrestre : Quand jexpliquais quils pouvaient devenir propriétaires, cest comme si je leur annonçais quils allaient partir sur Mars, se souvient-t-il.
Aujourdhui, cest adieu bidonvillois, bonjour traders. Anas Sefrioui intervient désormais sur les ondes de Atlantic Radio pour rassurer les actionnaires sur la baisse du cours de laction Addoha. Il a aussi décidé de combler son déficit dimage et de rendre coup pour coup à Miloud Chaabi en utilisant les mêmes armes que lui : les médias. Il se fait désormais conseiller par lex-chargée des relations presse de deux Premiers ministres, Driss Jettou et Abbas El Fassi. Elle lassiste pendant lentretien, en compagnie de son conseiller historique, Hassan Ben Bachir. Cela rassure Sefrioui qui, cours de com ou pas, na pas encore rompu avec ses petites hésitations dhomme peu habitué au feu des questions qui gênent. Il vous prend souvent à témoin de sa bonne foi quand le sujet devient polémique : Je nai jamais rien dit de mal sur Miloud Chaabi. Je le salue toujours poliment. Cela me fait mal au cur dêtre accusé de la sorte. Aujourdhui quun Marocain peut faire aussi bien, sinon mieux, que les étrangers, on devrait au contraire se réjouir. Je travaille dur pour ce résultat.
La tradition dans la peau
Son père, à qui il voue un culte, lui aurait légué cet esprit dentreprendre en même temps quil lui aurait inculqué les valeurs de tout bon musulman. Ce Coran appartient à mon père, confie-t-il en montrant un vieux livre saint quil conserve dans son bureau. Lhomme, qui se dit pieux, revient à peine de la Omra où il se rend chaque année avec sa mère depuis dix ans. Cest ma semaine de vacances annuelles, explique Sefrioui qui, pour parfaire le tableau, nomme tous ses projets immobiliers de noms extraits du Coran. Cest mon chef comptable très versé dans la religion qui les choisit, explique-t-il. Cest que dans la querelle des classiques et des modernes, Sefrioui se considère plutôt comme un traditionnel. Un définition vite rattrapée par sa conseillère en communication : Un traditionnel qui bâtit des projets modernes.
Lhomme apprend tout doucement à conjuguer la formule de Hassan II, entre tradition et modernité, penchant encore du côté de la tradition, par atavisme familial. Le père dAnas Sefrioui était un notable de Fès, enrichi dans lexploitation du ghassoul, limmobilier, lindustrie, et propriétaire dune compagnie de navigation. Pour lanecdote, le boss dAddoha aime raconter que lhaj Abdeslam est le premier Marocain à avoir ouvert un compte à la Banque populaire de Fès. Lhéritage fassi dAnas Sefrioui la dailleurs amené à épouser à 23 ans une Fassia, comme le veut la norme. Le poids des traditions, qui pèse sur ses épaules, le convainc aussi dinvestir 182 millions de dirhams dans la réhabilitation de la médina de Fès, dans le cadre des 1200 ans de la ville. Le mécénat pile poil synchro avec les fastes dun royaume, la parure ultime des milliardaires marocains.
La fortune de Si Anas
La fortune de Sefrioui attire tous les regards depuis juillet 2006. A son introduction en Bourse, les fonds propres dAddoha ne dépassent pas 1,7 milliard de dirhams, mais la société dégage déjà un chiffre daffaires annuel de 500 à 600 millions de dirhams. Un an après, lentreprise de Sefrioui pèse 14 fois plus et, en moins de six mois, le cours dAddoha est multiplié par six. Il approche les 5000 dirhams. Une hausse de laction tellement vertigineuse que, conformément aux normes internationales et pour ne pas freiner le volume des échanges dune valeur devenue très chère, Sefrioui décide de diviser par deux le prix du titre tout en doublant le nombre dactions. Avec une société valorisée à 40 milliards de dirhams dont il possède 61,75%, la fortune boursière dAnas Sefrioui est évaluée à 25 milliards de dirhams, chiffre auquel il faut ajouter les 2,7 milliards perçus lors de lintroduction en Bourse et ses nombreux (et inquantifiables) biens immobiliers.