Des associations de gens du voyage s'élèvent contre Nicolas Sarkozy

Le chef de l'Etat avait annoncé la semaine dernière la tenue d'une réunion sur les "problèmes que posent les comportements de certains parmi les gens du voyage et les Roms".

Un campement de gens du voyage dans le Sud. (AFP)

Quatre associations représentant les gens du voyage ont publié dimanche 25 juillet une lettre commune pour s'élever contre "l'odieuse stigmatisation" dont ils s'estiment victimes.

"Le président de la République érige les gens du voyage en boucs-émissaires des difficultés rencontrées en matière de sécurité par le gouvernement", écrivent l'Association nationale des gens du voyage catholiques (ANGVC), l'Union française des associations tsiganes (UFAT), l'Association sociale nationale internationale tsiganes (ASNIT) et la FNASAT - Gens du voyage.

Dimanche, après une journée de violences à Saint-Aignan, le chef de l'Etat Nicolas Sarkozy a annoncé son intention de faire expulser tous les campements en situation irrégulière. Selon le président, les événements de Saint-Aignan "soulignent les problèmes que posent les comportements de certains parmi les gens du voyage et les Roms".

-Polémique :

Ces propos ont suscité une vague de réactions et de soutiens dans la classe politique, même dans les rangs de la droite, et les organisations de défense des droits de l'Homme.

Selon ces dernières, il y a entre 400.000 et 600.000 personnes en France appartenant aux populations manouches ou tsiganes mais toutes ne sont pas itinérantes. Une loi de 1990 impose aux communes de plus de 5.000 habitants d'aménager des aires de stationnement pour les accueillir.

Dans leur communiqué, outre l'amalgame présidentiel - les gens du voyage sont en très grande majorité Français, les Roms souvent originaires de Roumanie ou de Bulgarie - les quatre associations pointent les carences de nombreuses municipalités qui refusent d'appliquer la loi.

Elles dénoncent une posture présidentielle "ethnique et répressive". "La situation des gens du voyage appelle des réponses publiques concertées et volontaristes, plutôt que des annonces dont on discerne mal qui elles concernent et les effets positifs qu'elles pourraient produire", ajoutent-elles.

-"Dangereuse ethnicisation du débat" :

Les associations estiment également que la réunion de mercredi à l'Elysée renforce "l'inutile et dangereuse ethnicisation du débat, qui nous enchaîne bien loin de l'idéal républicain".

Dimanche dernier, une cinquantaine de personnes armées de haches et de barres de fer ont vandalisé plusieurs bâtiments, dont celui de la gendarmerie, et scié des arbres dans le centre de Saint-Aignan.

Ils disaient vouloir protester contre la mort d'un des leurs, tué deux jours plus tôt par balle après avoir, selon les autorités, forcé un barrage de police au volant d'une voiture.

Depuis que Nicolas Sarkozy a déclaré la "guerre à la criminalité", lors du conseil des ministres de mercredi, la Ligue des droits de l'homme, Amnesty International et la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) ont dénoncé les annonces "stigmatisantes" du chef de l'Etat.

Dans Le Parisien Dimanche, l'ancien Premier ministre socialiste Laurent Fabius fustige également un "traitement ethnique de la violence". "On attend que le chef de l'Etat rassemble, or M.Sarkozy pratique une stratégie de tension (...) entre une communauté et une autre", juge le député PS.

(Nouvelobs.com)
 
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