LEMONDE.FR | 24.06.08 | 18h17 Mis à jour le 24.06.08 | 19h12
La relation que Barack Obama entretient avec la communauté musulmane des Etats-Unis constitue un nouveau défi pour le candidat : comment mener une campagne en attirant le plus grand nombre d'électeurs sans s'aliéner une communauté en particulier, équilibre nécessaire pour remporter l'élection générale en novembre ? Malgré l'unité que M. Obama entend incarner, les musulmans se sentent un peu exclus.
Lorsque M. Obama a entamé sa campagne il y a plus d'un an, les premiers échos dans la communauté musulmane étaient très forts, le sénateur était perçu comme la figure de proue des libertés civiques et religieuses. Dans un contexte post-11-Septembre, où la suspicion des Américains à l'égard de l'univers de l'islam est grande et où le président George W. Bush n'a rien fait pour apaiser les esprits, cette communauté porte beaucoup d'espoirs dans le candidat démocrate, symbole du "changement". Mais un an après, l'enthousiasme a cédé la place à la désillusion.
Il est difficile de quantifier la communauté musulmane des Etats-Unis. D'après le Census Bureau, elle compterait entre 2,35 et 6 millions de personnes, soit un nombre non négligeable d'électeurs potentiels, surtout dans certains "swing states", ces "Etats charnières" où rien n'est joué.
Même si les leaders musulmans comprennent le "risque" pour M. Obama d'afficher une trop grande proximité avec la communauté musulmane, beaucoup s'interrogent sur la barrière que met le candidat entre eux et lui. Mais les faits sont là : d'après une étude du Pew Search Center, un Américain sur dix pense que Barack Obama est musulman. Or, devant la défiance des Américains à l'égard de la communauté musulmane, le candidat sait que cette assimilation peut lui nuire. Tel un épouvantail, ses détracteurs ne se gênent pas pour répandre des rumeurs sur le candidat démocrate, comme sa prétendue confession musulmane. Une rumeur que le candidat a encore du mal à étouffer.
Alors que M. Obama a visité des églises et des synagogues, il n'a pas encore mis les pieds dans une mosquée depuis le début de la campagne, rappelle le New York Times. Par ailleurs, face aux rumeurs d'une possible confession musulmane, M. Obama a vivement insisté sur son appartenance à la communauté catholique, ce qui en a blessé certains.
"LES MUSULMANS SONT FRUSTRÉS"
Lorsque Keith Ellison, premier musulman à être élu à la Chambre de représentants en 2006, a proposé de prêter main forte à Barack Obama lors de sa campagne dans l'Iowa, l'équipe du candidat a fait savoir à l'élu de Minneapolis que son aide n'était pas requise. Pour M. Ellison, interviewé par le New York Times, M. Obama ne voulait pas donner matière à une nouvelle controverse. "C'est une campagne d'espoir, une campagne sous le signe du changement ; or les Musulmans sont frustrés de ne pas être inclus dans le processus", explique-t-il.
La dernière polémique en date remonte à la semaine dernière, où il a dû s'excuser auprès de deux femmes voilées qui s'étaient vu refuser la permission de s'asseoir derrière son podium lors d'un discours à Detroit. "Notre campagne vise à rassembler les gens. L'action de ces militants est inacceptable et ne reflète en aucune façon les orientations de ma politique pendant ma campagne électorale", s'est empressé de souligner M. Obama dans un communiqué.
Pour beaucoup de musulmans cependant, cet incident reflète un malaise plus grand et remet en cause ce message d'unité tant clamé par M. Obama. Pour M. Ellison, "beaucoup attendent qu'il dise qu'il n'y a rien de mal à être musulman".
Bérengère Guy
La relation que Barack Obama entretient avec la communauté musulmane des Etats-Unis constitue un nouveau défi pour le candidat : comment mener une campagne en attirant le plus grand nombre d'électeurs sans s'aliéner une communauté en particulier, équilibre nécessaire pour remporter l'élection générale en novembre ? Malgré l'unité que M. Obama entend incarner, les musulmans se sentent un peu exclus.
Lorsque M. Obama a entamé sa campagne il y a plus d'un an, les premiers échos dans la communauté musulmane étaient très forts, le sénateur était perçu comme la figure de proue des libertés civiques et religieuses. Dans un contexte post-11-Septembre, où la suspicion des Américains à l'égard de l'univers de l'islam est grande et où le président George W. Bush n'a rien fait pour apaiser les esprits, cette communauté porte beaucoup d'espoirs dans le candidat démocrate, symbole du "changement". Mais un an après, l'enthousiasme a cédé la place à la désillusion.
Il est difficile de quantifier la communauté musulmane des Etats-Unis. D'après le Census Bureau, elle compterait entre 2,35 et 6 millions de personnes, soit un nombre non négligeable d'électeurs potentiels, surtout dans certains "swing states", ces "Etats charnières" où rien n'est joué.
Même si les leaders musulmans comprennent le "risque" pour M. Obama d'afficher une trop grande proximité avec la communauté musulmane, beaucoup s'interrogent sur la barrière que met le candidat entre eux et lui. Mais les faits sont là : d'après une étude du Pew Search Center, un Américain sur dix pense que Barack Obama est musulman. Or, devant la défiance des Américains à l'égard de la communauté musulmane, le candidat sait que cette assimilation peut lui nuire. Tel un épouvantail, ses détracteurs ne se gênent pas pour répandre des rumeurs sur le candidat démocrate, comme sa prétendue confession musulmane. Une rumeur que le candidat a encore du mal à étouffer.
Alors que M. Obama a visité des églises et des synagogues, il n'a pas encore mis les pieds dans une mosquée depuis le début de la campagne, rappelle le New York Times. Par ailleurs, face aux rumeurs d'une possible confession musulmane, M. Obama a vivement insisté sur son appartenance à la communauté catholique, ce qui en a blessé certains.
"LES MUSULMANS SONT FRUSTRÉS"
Lorsque Keith Ellison, premier musulman à être élu à la Chambre de représentants en 2006, a proposé de prêter main forte à Barack Obama lors de sa campagne dans l'Iowa, l'équipe du candidat a fait savoir à l'élu de Minneapolis que son aide n'était pas requise. Pour M. Ellison, interviewé par le New York Times, M. Obama ne voulait pas donner matière à une nouvelle controverse. "C'est une campagne d'espoir, une campagne sous le signe du changement ; or les Musulmans sont frustrés de ne pas être inclus dans le processus", explique-t-il.
La dernière polémique en date remonte à la semaine dernière, où il a dû s'excuser auprès de deux femmes voilées qui s'étaient vu refuser la permission de s'asseoir derrière son podium lors d'un discours à Detroit. "Notre campagne vise à rassembler les gens. L'action de ces militants est inacceptable et ne reflète en aucune façon les orientations de ma politique pendant ma campagne électorale", s'est empressé de souligner M. Obama dans un communiqué.
Pour beaucoup de musulmans cependant, cet incident reflète un malaise plus grand et remet en cause ce message d'unité tant clamé par M. Obama. Pour M. Ellison, "beaucoup attendent qu'il dise qu'il n'y a rien de mal à être musulman".
Bérengère Guy