Béatrice delvaux : "les bombes n’ont pas explosé, mais c’est quasi comme si"

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Feu d’artifice annulé: les bombes n’ont pas explosé, mais c’est quasi comme si
Béatrice Delvaux
Mis en ligne il y a 4 heures

Nouvau lockdown pour Bruxelles. L’édito de Béatrice Delvaux.




Il n’y a pas à tergiverser. Si le risque qui plane sur le centre de Bruxelles est jugé « majeur » par les autorités compétentes, la suppression du feu d’artifice du réveillon s’imposait. Aucun bourgmestre ne peut prendre le risque de maintenir un événement public de grande ampleur, alors que les indicateurs qu’on lui donne sont tous au rouge pour la sécurité de ses habitants. C’est terrible pour Yvan Mayeur qui voit ainsi sa commune cassée dans l’élan qu’il essaye de lui donner, et amputée de ce rituel de Bruxellois faisant la java et célébrant la vie comme elle va, avec des amis, et des inconnus, dans la rue, le 31 décembre.

Un nouveau lockdown
Mais quel coup porté à nouveau ! Car ces lampions qu’on « éteint » un soir de réveillon, c’est comme un nouveau lockdown, moins général certes, mais tellement symbolique. Nous voilà forcés de retourner dans cette « cave » où nous nous étions terrés le 13 novembre dernier et les jours qui ont suivi. Et voilà Bruxelles qui reprend l’apparence d’une ville fantôme. Ce n’est certes pas la première fois que le feu d’artifice est supprimé, et Bruxelles n’est pas la seule capitale européenne, en cette fin 2015, à prendre des mesures drastiques pour sécuriser l’espace public. Mais cela ne change rien au constat : en dépit de notre volonté de faire « comme si », le risque majeur et/ou imminent d’un attentat qui ne se produit jamais, nous force quasiment à vivre comme s’il se produisait tous les jours.

« Vivre malgré les menaces, c’est mon message », nous déclare le Premier ministre Charles Michel, désigné comme personnalité de l’année 2015 par notre journal. La suppression du feu d’artifice bruxellois s’interpose hélas entre ce message volontariste et la population belge, comme un sinistre pied de nez infligé par les terroristes qui rôdent, et réussissent ainsi à miner nos vies. Le coup psychologique porté ce soir aura aussi un coût économique. La crise de nerfs des commerçants, conjuguée à l’exaspération de citoyens otages à répétition de terroristes fantômes (jusqu’à présent), menace la cohésion de nos sociétés. Les bombes n’ont pas explosé, mais c’est déjà un peu comme si.
 
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