juste pour rappel , à tous les bladinautes et les bladinettes et les jnouns et les jenneyates qui habitent Bladi: talbou taslim, car nous avons un chrif parmi nous qui la baraka.
voilà ce qu'on raconte sur le wali salih sidi Abdelaziz ben yeffou:
Sidi Abdelaziz, qui sera plus tard connu comme Ben Yeffou, est originaire du Sahara, la Saguia al-Hamra précisément 9. Dans son périple initiatique et spirituel, le saint passe par la ville deMarrakech où il trouve une population terrorisée par un esprit malveillant. Celui-ci souille les mosquées de la cité en y urinant avant chaque prière et interdit aux habitants l’accès à la seule source d’eau qui alimente toute la ville. Pour les laisser puiser l’eau de la source, le djinn exige en échange une belle vierge en mariage. Ben Yeffou demande alors à rencontrer les sept saints de Marrakech10. En contrepartie d’un décret reconnaissant sa sainteté, Sidi Abdelaziz leur propose de débarrasser la ville définitivement du démon. Dans un premier temps, les sept saints ne donnent pas suite à sa requête et décident de le tester pour savoir s’il est un véritable saint ou seulement un sorcier. Ils lui présentent alors deux plats de couscous : un dont lasemoule est halâl (licite) mais dont la viande est harâm (illicite), l’autre est inversement composé d’une semoule harâm et d’une viande halâl 11. Sidi Abdelaziz prend la viande licite et la met sur la semoule licite et en mange. Après s’être finalement convaincus de la force de son caractère et de sa baraka, les saints de la ville l’autorisent à affronter le djinn malfaiteur. À la fin du mois, une jeune et belle fille est attachée tout près de la source ; le saint écrit sur un bout de papier des mots magiques et attend la sortie du djinn. Quand celui-ci apparaît, Sidi Abdelaziz déchire le morceau de papier en deux et souffle de toutes ses forces « ffou » ; l’esprit malveillant est aussitôt brûlé, il devient cendre. « Ffou », c’est de là que vient le nom du saint : « Ben Yeffou ». Reconnaissant sa force et son don divin, les sept saints lui signent le certificat de la sainteté 12. Décret en main, Sidi Abdelaziz quitte la ville et poursuit son voyage jusqu’à ce qu’il arrive dans la région de la grande tribu des Doukkala. Il y trouve les Semlala en train de diviser la viande d’une vache qu’ils viennent de sacrifier 13. Ben Yeffou envoie son muletier pour leur demander une part du sacrifice. Ils refusent. Contrarié, le saint lui donne son bâton et lui réordonne d’aller toucher la peau de l’animal. Et miracle : dès que le serviteur du saint a touché cette peau, tous les morceaux de la viande déjà débitée se trouvent attirés et captés par la carcasse de la vache. Celle-ci ressuscite. Le saint prend son couteau, sacrifie à nouveau l’animal et en répartit la viande équitablement. Toujours sceptiques, les Semlala décident de tester Ben Yeffou pour s’assurer de la véracité de sa sainteté ; ils lui présentent alors un paraplégique en lui demandant de le guérir. Le saint s’approche de l’homme invalide, souffle « ffou », deux fois, et lui dit de se mettre debout ; le paralytique se met à marcher normalement. Convaincus de sa sainteté, les Semlala lui prêtent allégeance14. C’est ainsi qu’a été fondée la zaouïa de Ben Yeffou. Non loin de celle-ci, dans la ville antique d’al-Gharbia, régnait un grand roi, Soultân l-khel, le Sultan Noir. Informé de l’arrivé du saint dans la région et de ses exploits charismatiques et craignant pour son royaume la concurrence de celui-ci, le Sultan Noir vient le chercher avec toute une armée. Arrivé à la zaouïa, le monarque exige sans appel le départ du saint loin de son royaume ; mais celui-ci, conforté par la présence d’une armée de génies, refuse et affronte le sultan et ses soldats. Contrarié et enragé par l’entêtement de Ben Yeffou, le roi et ses forces armées attaquent le saint. Celui-ci, d’un seul geste de la main, ordonne à ses djinns de contre-attaquer. Soudainement et miraculeusement, les soldats du monarque s’envolent avec leurs montures dans le ciel. Battu et humilié, le roi supplie le saint de l’épargner, mais ce dernier exige en contrepartie la signature d’un décret attestant clairement qu’il est chérif. Le roi accepte de signer et Ben Yeffou ordonne à ses djinns d’épargner le souverain et son armée. Le Sultan Noir signe le décret et, avant de rebrousser chemin, dit à Ben Yeffou : « je suis Sultan et tu es Sultan ».