La catastrophe de hillsborough... c'était il y a 25 déjà...

Où étiez-vous lorsque le président Kennedy a été assassiné? Quand Neil Armstrong a marché sur la Lune? Quand les avions sont tombés du ciel à New York? Pour moi, la question sera toujours: où étais-tu, le 15 avril 1989, lorsque quatre-vingt-seize innocents sont morts écrasés, asphyxiés, piétinés dans un stade de football ?

Je n’étais pas à Hillsborough, mais à Bush House, le QG du Service Mondial de la BBC, un jeune journaliste qui avait hérité d’un strapontin à la rubrique sports parce que, franchement, le sport, hein? Nous disposions du feedinterne du réseau, à condition d’être assez fûtés pour trouver le bon canal. Les images nous parvenaient en direct de la salle de production. J’ignore toujours si ce que nous – nous, c’est quelques copains du World Service mordus de foot et moi - vîmes en direct, d’autres l’ont vu depuis. J’espère que non, parce que ces images continuent de me hanter, parce que les fantômes continuent de hurler. J’espère que oui, parce qu’il faudra bien rendre justice aux 96 un jour, et que le spectacle de leur martyre, insoutenable, est l’acte d’accusation qu’on doit lire aux ******* qui ne les ont pas seulement tués, mais ont aussi essayé d’avilir leur mémoire.

Match of the Day ne fut pas diffusé ce soir-là, et la cassette vidéo VHS des événements disparut mystérieusement lorsque la police voulut l’acquérir après la catastrophe.

Avant la rencontre, nous nous disions tous: "ça pourrait être la bonne pour Brian Clough", le génie auquel la Cup se refusait depuis toujours. Et puis, on a oublié le football.

Très vite, nous avons compris. Quelques supporters pénètrent sur la pelouse, pour commencer. La police intervient. On voit des grappes de fans pendre des grillages qui séparent les tribunes de l’aire de jeu. Les joueurs des Reds et de Forest prennent conscience qu’il se passe…quoi? On ne sait pas encore. Quelque chose de terrible. A 15:06 précises, l’arbitre Ray Lewis interrompt le match (*). On transporte des corps inanimés sur des panneaux publicitaires. Hillsborough se transforme en hôpital de campagne. Les caméras de la BBC sont passés en mode live. Elles ne montreront pas tout. Elles ne montreront pas cette image d’une jeune femme, le visage bleu, les doigts accrochés au grillage, le bouche ouverte, le métal imprimé dans ses vêtements, dans sa chair, qui arriva dans les salles de rédaction le lendemain. Je ne l’ai vue qu’une fois, j’aimerais pouvoir l’oublier, mais c’est impossible. Ses parents l’ont-elle vue, cette photo, son copain, sa copine, ses frères, ses soeurs?
 
Pendant deux semaines, pendant que le Sun (et d’autres), "informés" par des policiers qui étaient les vrais coupables, imprimaient des mensonges ignobles sur les raisons de la tragédie, allant jusqu’à dire que certains pseudo-hooligans avaient volé des portefeuilles sur les cadavres, pissé sur les policiers et battu des secouristes, les joueurs de Liverpool allèrent d’enterrement en enterrement, d’hôpital en hôpital.

John Aldridge se retrouva ainsi au chevet de Lee Nicol, "quatorze ans, mais qui en paraissait dix" (dix ans, l’âge de la plus jeune des victimes, Jon-Paul Gilhooley, cousin de Steven Gerrard), et lui souffla quelques mots à l’oreille. "Il est en état de mort clinique", expliqua un médecin au footballeur désemparé. Tony Bland, lui, survécut, si c’est le mot, dans le coma, pendant presque quatre ans, avant que ses parents n’obtiennent le droit d’arrêter les machines. Bland fut la dernière des victimes de Hillsborough. Enfin, peut-être. Au moins trois des blessés survivants se suicidèrent, le dernier en 1999.

D’Anfield à Goodison Park, de l’autre côté de Stanley Park, on noua des écharpes, rouges et bleues confondues. C’est qu’à Liverpool, il n’est pas si rare qu’on soit de deux religions dans la même famille. Le plus émouvant des discours prononcés sur la tragédie l’a été par Bill Kenwright, président d’Everton, lors du mémorial de 2013. "Vous vous en êtes pris à la mauvaise ville. Vous vous en êtes pris aux mauvaises mamans", dit-il, avant d’étreindre l’une d’entre elles, Margaret Aspinall, dont le fils James Gary Aspinall avait péri à l’âge de dix-huit ans à Sheffield. Il avait raison.

L’heure de la justice pour les 96 approche. En 2012, la Commission Indépendante d’Enquête sur Hillsborough publia un rapport accablant pour les supposées ‘forces de l’ordre’. Les supporters de Liverpool n’étaient en rien à blâmer. La police avait falsifié plus d’une centaine de documents, se servant de faux témoignages pour incriminer les fans et s’absoudre de toute responsabilité. Une nouvelle enquête a été ouverte ce 31 mars. Quelles que soient ses conclusions, la plaie ne se refermera pas pour autant.

Ce week-end en Angleterre, le coup d’envoi de toutes les rencontres, de la première à la cinquième division, plus les demies-finales de la FA Cup, sera retardé de sept minutes, en souvenir de ce match interrompu à la septième minute, il y a un quart de siècle de cela.

96 n’est pas un chiffre. Ces 96 étaient des êtres humains. Ayez une pensée pour eux et ceux qu’ils aimaient, qui les aiment toujours. C’était leurs noms, leurs âges.
 
John Alfred Anderson 62
Colin Mark Ashcroft 19
James Gary Aspinall 18
Kester Roger Marcus Ball 16
Gerard Bernard Patrick Baron 67
Simon Bell 17
Barry Sidney Bennett 26
David John Benson 22
David William Birtle 22
Tony Bland 22
Paul David Brady 21
Andrew Mark Brookes 26
Carl Brown 18
David Steven Brown 25
Henry Thomas Burke 47
Peter Andrew Burkett 24
Paul William Carlile 19
Raymond Thomas Chapman 50
Gary Christopher Church 19
Joseph Clark 29
Paul Clark 18£
Gary Collins 22
Stephen Paul Copoc 20
Tracey Elizabeth Cox 23
James Philip Delaney 19
Christopher Barry Devonside 18
Chris Edwards 29
Vincent Michael Fitzsimmons 34
Thomas Steven Fox 21
Jon-Paul Gilhooley 10
Barry Glover 27
Ian Thomas Glover 20
Derrick George Godwin 24
Roy Harry Hamilton 34
Philip Hammond 14
Eric Hankin 33
Gary Harrison 27
Stephen Francis Harrison 31
Peter Andrew Harrison 15
David Hawley 39
James Robert Hennessy 29
Paul Anthony Hewitson 26
Carl Darren Hewitt 17
Nicholas Michael Hewitt 16
Sarah Louise Hicks 19
Victoria Jane Hicks 15
Gordon Rodney Horn 20
Arthur Horrocks 41
Thomas Howard 39
Thomas Anthony Howard 14
Eric George Hughes 42
Alan Johnston 29
Christine Anne Jones 27
Gary Philip Jones 18
Richard Jones 25
Nicholas Peter Joynes 27
Anthony Peter Kelly 29
Michael David Kelly 38
Carl David Lewis 18
David William Mather 19
Brian Christopher Matthews 38
Francis Joseph McAllister 27
John McBrien 18
Marian Hazel McCabe 21
Joseph Daniel McCarthy 21
Peter McDonnell 21
Alan McGlone 28
Keith McGrath 17
Paul Brian Murray 14
Lee Nicol 14
Stephen Francis O'Neill 17
Jonathon Owens 18
William Roy Pemberton 23
Carl William Rimmer 21
Dave George Rimmer 38
Graham John Roberts 24
Steven Joseph Robinson 17
Henry Charles Rogers 17
Colin Andrew Hugh William Sefton 23
Inger Shah 38
Paula Ann Smith 26
Adam Edward Spearritt 14
Philip John Steele 15
David Leonard Thomas 23
Patrick John Thompson 35
Peter Reuben Thompson 30
Stuart Paul William Thompson 17
Peter Francis Tootle 21
Christopher James Traynor 26
Martin Kevin Traynor 16
Kevin Tyrrell 15
Colin Wafer 19
Ian David Whelan 19
Martin Kenneth Wild 29
Kevin Daniel Williams 15
Graham John Wright 17

http://eurovisions.eurosport.fr/foo...ugh-et-ses-96-victimes_sto4211163/story.shtml
 

Je poste également une vidéo de la catastrophe de Bradford City. Si vous fumez dans un stade, pensez bien à éteindre votre cigarette avant de la jeter ( même si les normes de sécurité doivent être bien plus drastiques de nos jours ).

 

popeys

VIB
Pendant deux semaines, pendant que le Sun (et d’autres), "informés" par des policiers qui étaient les vrais coupables, imprimaient des mensonges ignobles sur les raisons de la tragédie, allant jusqu’à dire que certains pseudo-hooligans avaient volé des portefeuilles sur les cadavres, pissé sur les policiers et battu des secouristes, les joueurs de Liverpool allèrent d’enterrement en enterrement, d’hôpital en hôpital.

John Aldridge se retrouva ainsi au chevet de Lee Nicol, "quatorze ans, mais qui en paraissait dix" (dix ans, l’âge de la plus jeune des victimes, Jon-Paul Gilhooley, cousin de Steven Gerrard), et lui souffla quelques mots à l’oreille. "Il est en état de mort clinique", expliqua un médecin au footballeur désemparé. Tony Bland, lui, survécut, si c’est le mot, dans le coma, pendant presque quatre ans, avant que ses parents n’obtiennent le droit d’arrêter les machines. Bland fut la dernière des victimes de Hillsborough. Enfin, peut-être. Au moins trois des blessés survivants se suicidèrent, le dernier en 1999.

D’Anfield à Goodison Park, de l’autre côté de Stanley Park, on noua des écharpes, rouges et bleues confondues. C’est qu’à Liverpool, il n’est pas si rare qu’on soit de deux religions dans la même famille. Le plus émouvant des discours prononcés sur la tragédie l’a été par Bill Kenwright, président d’Everton, lors du mémorial de 2013. "Vous vous en êtes pris à la mauvaise ville. Vous vous en êtes pris aux mauvaises mamans", dit-il, avant d’étreindre l’une d’entre elles, Margaret Aspinall, dont le fils James Gary Aspinall avait péri à l’âge de dix-huit ans à Sheffield. Il avait raison.

L’heure de la justice pour les 96 approche. En 2012, la Commission Indépendante d’Enquête sur Hillsborough publia un rapport accablant pour les supposées ‘forces de l’ordre’. Les supporters de Liverpool n’étaient en rien à blâmer. La police avait falsifié plus d’une centaine de documents, se servant de faux témoignages pour incriminer les fans et s’absoudre de toute responsabilité. Une nouvelle enquête a été ouverte ce 31 mars. Quelles que soient ses conclusions, la plaie ne se refermera pas pour autant.

Ce week-end en Angleterre, le coup d’envoi de toutes les rencontres, de la première à la cinquième division, plus les demies-finales de la FA Cup, sera retardé de sept minutes, en souvenir de ce match interrompu à la septième minute, il y a un quart de siècle de cela.

96 n’est pas un chiffre. Ces 96 étaient des êtres humains. Ayez une pensée pour eux et ceux qu’ils aimaient, qui les aiment toujours. C’était leurs noms, leurs âges.



Merci pour ce post magnifique, mnt je comprends pourquoi Giroud à embrassé son brassard noir dernièrement , c'était en hommage à ses victimes !
 
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