De notre envoyé spécial à Tripoli
Cette année, Issam n'ira pas en prison. D'habitude, à la fin du mois d'août, ce militant islamiste était arrêté en tant que «suspect habituel», à l'approche de l'anniversaire de la grande Djamahiryya, la «République des masses» du colonel Kadhafi. Il passait la durée de cette fête, qui tombe le 1er septembre, dans la sinistre prison d'Abou Salem, avec d'autres islamistes libyens.
Participant actif au soulèvement de Tripoli, Issam est passé du statut de militant clandestin traqué par la police à celui de chef de son comité de quartier, dans le district de Furnaj, dans l'est de la ville. Issam arbore une courte barbe et porte la disdashia, la longue chemise des islamistes radicaux.
«J'espère que l'islam jouera un plus grand rôle dans la Libye de demain», explique-t-il. Mais quand on lui demande de quel pays la Libye devrait s'inspirer, il répond: «Dubaï». Or le petit émirat prospère du golfe Arabo-Persique est loin de représenter le pire des régimes fondamentalistes. Si les islamistes sont présents dans les rangs des révolutionnaires libyens, ils sont loin de constituer la majorité, et encore moins d'inspirer le mouvement: la principale revendication de la révolution libyenne est de mettre fin à la dictature de Kadhafi, et on a bien de la peine à lui trouver des motivations idéologiques précises.
Mais les discours de Kadhafi, qui dénonçait les révolutionnaires comme des suppôts d'al-Qaida, ont néanmoins porté. La nomination par le nouveau pouvoir révolutionnaire d'Abdel Hakim el-Hadj, ancien djihadiste en Afghanistan, proche d'al-Qaida, et ex-détenu à Guantanamo, comme gouverneur militaire de Tripoli, a aussi contribué à alimenter tous les fantasmes d'une prise du pouvoir prochaine par les islamistes. Même si rien n'est jamais complètement exclu, cette perspective apparaît assez peu plausible, en tout cas pour le moment. Les rebelles qui contrôlent à présent Tripoli sont généralement organisés par origine géographique, plus que par organisations politiques ou idéologiques. On est de Misrata ou du Djebel Nefousa, plus que membre de tel ou tel parti ou militant de telle idéologie. Leur piété est assez superficielle. Même s'ils hurlent «Allah akbar» a tout bout de champ, et respectent plus ou moins le jeûne du ramadan, on les voit assez peu prier. Leurs tenues tirent plutôt leur inspiration du rock'n'roll que du Coran. Leurs prises de position sont généralement complètement pro-occidentales.
«Toutes ces histoires d'al-Qaida sont de la propagande de Kadhafi», dit Abdul Razzak al-Tarhouni, un chef révolutionnaire du quartier d'Andalous. Islamiste militant, membre de la katiba de Tripoli, commandée par Abdel Hakim el-Hadj, ce responsable rebelle nie tout lien avec le Djihad international. «En Libye, les islamistes étaient essentiellement tournés vers la lutte contre Kadhafi, surtout dans l'ouest du pays. Les rares militants qui s'étaient laissé attirer par des groupes djihadistes en sont revenus depuis longtemps», explique-t-il.
Cette année, Issam n'ira pas en prison. D'habitude, à la fin du mois d'août, ce militant islamiste était arrêté en tant que «suspect habituel», à l'approche de l'anniversaire de la grande Djamahiryya, la «République des masses» du colonel Kadhafi. Il passait la durée de cette fête, qui tombe le 1er septembre, dans la sinistre prison d'Abou Salem, avec d'autres islamistes libyens.
Participant actif au soulèvement de Tripoli, Issam est passé du statut de militant clandestin traqué par la police à celui de chef de son comité de quartier, dans le district de Furnaj, dans l'est de la ville. Issam arbore une courte barbe et porte la disdashia, la longue chemise des islamistes radicaux.
«J'espère que l'islam jouera un plus grand rôle dans la Libye de demain», explique-t-il. Mais quand on lui demande de quel pays la Libye devrait s'inspirer, il répond: «Dubaï». Or le petit émirat prospère du golfe Arabo-Persique est loin de représenter le pire des régimes fondamentalistes. Si les islamistes sont présents dans les rangs des révolutionnaires libyens, ils sont loin de constituer la majorité, et encore moins d'inspirer le mouvement: la principale revendication de la révolution libyenne est de mettre fin à la dictature de Kadhafi, et on a bien de la peine à lui trouver des motivations idéologiques précises.
Mais les discours de Kadhafi, qui dénonçait les révolutionnaires comme des suppôts d'al-Qaida, ont néanmoins porté. La nomination par le nouveau pouvoir révolutionnaire d'Abdel Hakim el-Hadj, ancien djihadiste en Afghanistan, proche d'al-Qaida, et ex-détenu à Guantanamo, comme gouverneur militaire de Tripoli, a aussi contribué à alimenter tous les fantasmes d'une prise du pouvoir prochaine par les islamistes. Même si rien n'est jamais complètement exclu, cette perspective apparaît assez peu plausible, en tout cas pour le moment. Les rebelles qui contrôlent à présent Tripoli sont généralement organisés par origine géographique, plus que par organisations politiques ou idéologiques. On est de Misrata ou du Djebel Nefousa, plus que membre de tel ou tel parti ou militant de telle idéologie. Leur piété est assez superficielle. Même s'ils hurlent «Allah akbar» a tout bout de champ, et respectent plus ou moins le jeûne du ramadan, on les voit assez peu prier. Leurs tenues tirent plutôt leur inspiration du rock'n'roll que du Coran. Leurs prises de position sont généralement complètement pro-occidentales.
«Toutes ces histoires d'al-Qaida sont de la propagande de Kadhafi», dit Abdul Razzak al-Tarhouni, un chef révolutionnaire du quartier d'Andalous. Islamiste militant, membre de la katiba de Tripoli, commandée par Abdel Hakim el-Hadj, ce responsable rebelle nie tout lien avec le Djihad international. «En Libye, les islamistes étaient essentiellement tournés vers la lutte contre Kadhafi, surtout dans l'ouest du pays. Les rares militants qui s'étaient laissé attirer par des groupes djihadistes en sont revenus depuis longtemps», explique-t-il.