http://geopolis.francetvinfo.fr/al-qaida-versus-daech-les-differences-et-les-similitudes-55255
J'apprécie assez
Stéphane Lacroix, et je retiens la différence qu'il identifie entre la stratégie localisée de l'Etat islamique (ou des Talibans) et celle déterritorialisée d'Al-Qaïda. Il n'empêche que cette divergence de forme ne doit pas cacher ce qui demeure au fond invariable de la doctrine politico-militaire des "djihadistes", au delà des symboles et des références communes. En effet, à propos d' "exporter leur vision de l'islam" et d'établir un "califat définitif" et universel, on observe quand même deux choses :
1. Aucun mouvement "djihadiste" ne s'est implanté au sein d'un pays non-musulman, ou ne présentant pas les caractéristiques définies par
Nadji (
http://kurultay.fr/blog/?p=187). De fait, si on a bien des avatars maghrébin, péninsulaires, mésopotamiens et asiatiques du phénomène, on a encore jamais entendu parler d'un "Al-Qaïda France" par exemple (ou d'un "Al-Qaïda DOM-TOM" pour reprendre
Thomas Ngijol !

). Pourquoi ? Parce que le but n'est pas d'islamiser par la force les pays non-musulmans, mais bien de prendre le pouvoir au sein de sociétés musulmans en crise... Comme
Che Guevara pensait en son temps le faire en Amérique du sud ! C'est pourquoi il a débarqué en Bolivie après Cuba, au lieu de tenter sa chance en Norvège. Donc l'exportation, bof...
2. Partout où un mouvement fondamentaliste islamique révolutionnaire a émergé, on remarque que l'impression de "brigades internationales" donnée par l'afflux de volontaires étrangers ne s'est jamais vraiment traduite par une internationalisation du commandement ! En Tchétchénie, les chefs sont tchétchènes. Au Nigeria, ils sont nigérians. En Irak, ils sont irakiens. Pourquoi ? Parce que la version fondamentaliste de l'islam que propagent tous ces braves gens sert avant tout de vitrine
marketing a des enjeux bien plus locaux, et au fond pragmatiques !
D'ailleurs, on remarque que la France n'ayant jamais bombardé la Tchétchénie ou le Nigeria, les "djihadistes" tchétchènes ou nigérians n'ont encore jamais rien fait chez nous... preuve que l'ennemi s'occupe quand même avant tout de ce qui se passe chez lui.
En gros tu me dis que tout le monde peut un jour ou l'autre devenir la cible de l'EI.
Quiconque apporte son soutien à la lutte contre l'Etat islamique risque d'être un jour frappé par lui, oui. C'est un risque qui, s'il est pris, doit être publiquement reconnu et assumé.