Chapitre 1 : le Maroc, Reynders, le parcours d’intégration

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Première ministre d’origine maghrébine, Fadila Laanan revient sur ses origines marocaines, la polémique lancée par Didier Reynders au Sénat (« Molenbeek, c’est l’étranger ») et le parcours d’intégration : « Les gens qui veulent vivre ici doivent connaître nos règles et nos valeurs ».


CHAPITRE 1 : LE MAROC, REYNDERS, LE PARCOURS D’INTEGRATION

« Le Maroc, je ne le connais pas bien. Lorsque nous étions petits, nous y allions une fois tous les trois ans, en vacances avec les parents, parce qu’on n’avait pas les moyens d’y aller chaque année.

Avec le porte-bagages, les enfants dans la voiture, le confort était « bof ». Mais on était tellement content de partir. Ces vacances-là, on ne passait pas notre temps sur la plage. On dînait chez l’un, on déjeunait l’autre. Ce n’était pas toujours très chouette. Je n’aimais pas non plus la manière dont on nous traitait : la corruption était visible.

Quand on arrivait devant le douanier et qu’il disait à mon père « Si tu ne glisses pas un petit billet, je fais démonter tout ton porte-bagages », ça me rendait folle.

J’ai une relation d’amour haine avec ce pays. Les choses ont évolué après qu’Hassan II soit parti. Le souffle d’espoir est arrivé avec les réformes de Mohammed VI.


Il y a encore beaucoup de travail mais l’évolution est flagrante. J’ai plus de plaisir à m’y rendre aujourd’hui. »



Le Premier ministre marocain a tout de même récemment ignoré Annemie Turtelboom, la ministre de la Justice qui lui rendait visite avec Didier Reynders, des Affaires étrangères ?

« J’ai été choquée, pas tant par le fait que le Premier ministre soit insultant à l’égard d’une de mes collègues que par l’attitude de mon collègue des affaires étrangères qui n’a même pas bougé. Moi, à sa place, je me serais levée, j’aurais claqué la porte. Qu’il n’ait pas réagi pas est insupportable ».

Facile, non, de charger plus le collègue belge MR que le Premier ministre marocain ?

« Mais l’attitude du Premier ministre est tout à fait grossière. Il n’y a aucune excuse. Mais que la réunion se soit poursuive comme si rien ne s’était passé, me révolte. »

Qu’auriez vous fait à la place d’Annemie Turtelboom ?

« Je serais partie. »

Comme ex-marocaine, c’est plus facile non ?

« Mais je m’en moque ! Si un homme ose dire à mon propos – « Ah Monsieur le Ministre, vous ne devez pas venir avec votre traductrice, je comprends très bien le français » – je m’en vais. »

Annemie Turtelboom a eu peur de l’incident diplomatique ?

« De temps en temps, cela vaut la peine de claquer la porte, car il faut se faire respecter. Je ne veux pas faire la leçon à Annemie qui est une victime dans ce cas. J’ai personnellement modifié un programme de visite au Maroc dans les jours qui ont suivi cet incident pour ne pas avoir à rencontrer le Premier ministre ».



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Chapitre 2 : le Maghreb, la Belgique, les parents, sept enfants



Fadila Laanan raconte sa vie à Béatrice Delvaux. Elle commence à Molenbeek, dans une famille maghrébine de sept enfants.


J’ai eu une enfance un peu ordinaire, un peu comme les enfants belges de souche. J’étais dans une école communale, l’école numéro 2 qui existe toujours. Ma classe était tout à fait mixte et diversifiée : il y avait autant de Belges que d’Européens, de Maghrébins que de Turcs. J’ai donc vraiment eu la chance de vivre dans une classe ou la diversité est présente. »

Vous parliez quelle langue ?

« A la maison, mon père exigeait qu’on lui parle en arabe ou en berbère et ne nous répondait pas si on lui parlait dans une autre langue. »


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Chapitre 3 : Belge ! La naturalisation !


A l’âge de 20 ans, Fadila Laanan est naturalisée Belge : « Je l’ai toujours revendiquée, je me suis toujours révoltée pour qu’elle me soit reconnue, comme quelque chose qui m’était dû ».



Vous ne vous êtes jamais demandé : est-ce que c’est vraiment ici qu’est ma place ?

Jamais. Je l’ai toujours revendiquée, je me suis toujours révoltée pour qu’elle me soit reconnue, comme quelque chose qui m’était dû. Etant née ici, j’estimais que personne ne pouvait me dénier cette place que j’occupais.

J’ai été marocaine jusque l’âge de 20 ans. Je vous ai amené d’ailleurs le jugement qui déclare que je suis belge et qui date de 1987.

J’étais marocaine mais en même temps j’étais avec les jeunes de tous horizons, belges, européens. Et je voyais les discriminations, les différences.


J’allais au bureau des étrangers chercher les papiers pour les administrations ou l’école : il y avait une file monstrueuse, sous la pluie, dehors. Cela me révoltait complètement. Nous étions considérés comme des citoyens de seconde zone.

C’était insupportable et me rendait folle. Dès que j’ai eu l’opportunité de devenir belge, j’ai fait les démarches. A l’époque c’était sur base d’une “ option de nationalité. “

Vous étiez la première de la famille ?

Oui. Au début mes parents avaient un peu peur de perdre la nationalité marocaine car ils craignaient d’avoir des problèmes quand ils rentraient au Maroc.

Je me rappelle avoir été convoquée par le juge pour faire ma déclaration. C’était génial (elle sourit). Le greffier appelle “ Mlle Laanan “, dans une salle d’audience, j’arrive.

J’étais déjà un peu stressée. Ma famille était là, c’était comme un mariage en fait, c’était très important. Le juge me demande : “ Que désirez vous ? “ Je n’étais pas préparée à répondre à cette question, un peu grotesque et j’ai dit bêtement “ Devenir belge “. Il s’est tourné vers le procureur “ Avez-vous un commentaire ou une critique à faire sur cette demande ?”, qui a répondu: “ Non.

Je vois que cette jeune fille est étudiante en droit, c’est vraiment très bien. Nous pouvons tout à fait accéder”. Le juge a déclaré à ce moment là que j’étais devenue belge et que le jugement me serait transmis. J’étais contente !! Regardez, j’ai gardé ça, c’est comme une relique.

Ce qui me ravissait, c’était qu’à partir du moment où j’avais ce jugement, plus personne ne pouvait me retirer cette identité, ou me dire que je n’y avais pas droit.

Elle est légale, reconnue. Tout l’atteste. Plus personne ne pourra me traiter de “ sale étrangère qui n’est pas à sa place dans ce pays “.

J’ai incité ma famille et mes parents à suivre mon exemple. Ma mère a été la première à passer le cap et puis mon père l’a suivie. Aujourd’hui franchement, ils ne le regrettent absolument pas. Ils se sont toujours sentis à leur place en Belgique, le Maroc c’est là où ils sont nés et où ils souhaitent être enterrés.


Alors qu’à mon époque, c’était l’inverse. Ce qui est génial en se fondant dans la masse, c’est qu’on fait partie des autres. Cela ne veut pas dire les copier.

On peut être différents physiquement, avoir des convictions ou des philosophies différentes et en même temps vivre en acceptant un certain nombre de règles communes.

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http://www.lesoir.be/actualite/belgique/2012-07-28/chapitre-3-belge-la-naturalisation-929166.php
 
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