Le chômage s'aggrave dans la zone euro, l'inflation stagne

Le chômage dans la zone euro a atteint un plus haut de 44 mois au mois de mars, conséquence de la plus grave récession en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale, limitant les effets positifs sur le pouvoir d'achat du plus bas record de l'inflation.

Le nombre de chômeurs dans les 16 pays utilisant l'euro a augmenté de 419.000 à 14,158 millions, soit 8,9% de la population active, contre 8,7% en février selon une estimation révisée, a annoncé jeudi Eurostat.

Le chômage n'avait pas atteint un tel niveau dans la zone euro depuis juillet 2005 et les économistes s'attendent à ce qu'il s'aggrave encore pour atteindre 10% d'ici la fin de 2009 et 11% l'année prochaine, après la hausse en avril du nombre des demandeurs d'emploi en Allemagne pour le sixième mois consécutif.

Selon les données publiées jeudi par l'Office fédéral allemand du travail, le taux de chômage dans la première économie européenne s'est établi à 8,3%, contre 7,6% en mars.

"Compte tenu de la tendance générale ces derniers mois dans l'ensemble de la zone euro et sur la base de l'augmentation du chômage en Allemagne en avril annoncée un peu plus tôt aujourd'hui, le taux de chômage dans la zone euro semble désormais avoir atteint au moins 9,1% en avril", commente James Ashley de Barclays Capital.

Le chômage en France est monté de 8,6% à 8,8% et l'Espagne a enregistré la plus forte hausse avec un taux passé de 16,5% à 17,4%. En Irlande, le chômage s'est établi à 10,6%, contre 10,0% précédemment.

IMPACT LIMITÉ SUR LA BCE

La forte progression du nombre des demandeurs d'emploi risque d'entamer la confiance et de réduire le pouvoir d'achat des ménages alors même que l'inflation se situe à un plus bas record.

"La crainte croissante du chômage devrait rendre les consommateurs davantage hésitants avant d'acheter, en dépit de la baisse de l'inflation", dit Clemente de Lucia, économiste à BNP Paribas.

Selon les chiffres communiqués jeudi par Eurostat, l'inflation est restée inchangée en avril par rapport au plus bas record de 0,6% inscrit en mars, comme le prévoyaient les analystes.

"Cela ne signifie pas que l'inflation a atteint un plancher mais plutôt qu'elle marque une pause avant de reculer à nouveau dans les mois à venir. Un taux d'inflation sous zéro reste au programme cet été", dit Rainer Guntermann, économiste à Commerzbank.

Selon des économistes, l'inflation annuelle devrait probablement reculer à un niveau proche de zéro en mai puis tomber à un point bas à -0,5% ou -0,6% en juillet lorsque le différentiel avec les records inscrits par les cours du pétrole l'été dernier sera le plus prononcé.

La Banque centrale européenne, qui se réunit le 7 mai, a pour objectif de maintenir l'inflation juste en dessous de 2%. Elle devrait abaisser son principal taux de refinancement de 25 points de base à 1,0%.

Elle pourrait également annoncer de nouvelles mesures d'assouplissement quantitatif comme l'allongement de la maturité de ses opérations de refinancement de six à 12 mois ou le rachat d'émissions obligataires d'entreprises ou de banques, disent des économistes.

"Les chiffres d'aujourd'hui ne devraient avoir qu'un impact limité sur le résultat de la réunion de la BCE le 7 mai", estime Marco Valli, économiste à Unicredit.

Avec Foo Yun Chee, version française Gwénaelle Barzic

lepoint.fr
 
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