Imaginez que vous avez une voiture et que vous conduisez chaque jour votre femme à son boulot et vos enfants à leurs écoles. Étant donné l'état lamentable de nos routes et le comportement dangereux de nos piétons, vous risquez l'accident à tout moment. Eh bien, imaginez que vous percutez un cycliste distrait ou que vous renversez un flâneur mal réveillé, vous risquez automatiquement la prison et une forte amende. Allez voir ensuite qui ramènera vos enfants et votre femme à destination. Imaginez encore que votre travail de tous les jours se passe à l'intérieur d'un véhicule, la probabilité alors d'avoir un accident se démultiplie, et les risques de se retrouver en prison aussi. Si je vous dis ça, c'est pour que vous compreniez un peu la colère des chauffeurs de camions, de taxis, de bus et d'autocars qui passent toute leur vie à bord de leurs engins.
Le code proposé par Karim Ghellab, pris hors contexte, est assurément une bonne chose. Il veut sévir drastiquement contre les chauffards. Mais Karim Ghellab oublie une chose ou feint de l'oublier. Il suffit de faire un tour dans nos grandes villes pour voir la marée humaine qui s'approprie les rues et routes en lieu et place des véhicules. Les piétons au Maroc ne respectent rien. Ils traversent n'importe quand, n'importe où, n'importe comment. Ils surgissent de partout, ne respectent aucune signalisation. Conduire dans ces conditions devient un parcours semé d'embûches. Alors pourquoi pas un code pour les piétons. Dès qu'on chope un passant marchant au milieu de la route et snobant le passage clouté, il doit aussi être sévèrement puni. Et pourquoi pas un code pour les communes. Dès qu'on trouve une crevasse béate au milieu de la route, une rue non signalisée ou un feu détraqué, il faudra sévir contre le maire et les conseillers communaux. Et pourquoi pas un code pour la police et la gendarmerie. Dès qu'on attrape un poilicier en train d'en griller une au feu, un gendarme accroché à son téléphone ou l'un des deux en train de négocier avec les automobilistes, il faudrait congédier le gouvernement.
Karim Ghellab est un monsieur intelligent et plein de bonnes idées et il n'a d'ailleurs pas besoin de moi pour le savoir et le croire. Mais sur ce coup du code de la route, il est soit inconscient, soit calculateur. Jeter en pâture à l'opinion publique de pauvres bougres qui sont plus les victimes d'un système que les bourreaux est politiquement dangereux et médiatiquement infructueux. Le code de la route en projet est une porte ouverte aux abus.
Karim Douichi
Le code proposé par Karim Ghellab, pris hors contexte, est assurément une bonne chose. Il veut sévir drastiquement contre les chauffards. Mais Karim Ghellab oublie une chose ou feint de l'oublier. Il suffit de faire un tour dans nos grandes villes pour voir la marée humaine qui s'approprie les rues et routes en lieu et place des véhicules. Les piétons au Maroc ne respectent rien. Ils traversent n'importe quand, n'importe où, n'importe comment. Ils surgissent de partout, ne respectent aucune signalisation. Conduire dans ces conditions devient un parcours semé d'embûches. Alors pourquoi pas un code pour les piétons. Dès qu'on chope un passant marchant au milieu de la route et snobant le passage clouté, il doit aussi être sévèrement puni. Et pourquoi pas un code pour les communes. Dès qu'on trouve une crevasse béate au milieu de la route, une rue non signalisée ou un feu détraqué, il faudra sévir contre le maire et les conseillers communaux. Et pourquoi pas un code pour la police et la gendarmerie. Dès qu'on attrape un poilicier en train d'en griller une au feu, un gendarme accroché à son téléphone ou l'un des deux en train de négocier avec les automobilistes, il faudrait congédier le gouvernement.
Karim Ghellab est un monsieur intelligent et plein de bonnes idées et il n'a d'ailleurs pas besoin de moi pour le savoir et le croire. Mais sur ce coup du code de la route, il est soit inconscient, soit calculateur. Jeter en pâture à l'opinion publique de pauvres bougres qui sont plus les victimes d'un système que les bourreaux est politiquement dangereux et médiatiquement infructueux. Le code de la route en projet est une porte ouverte aux abus.
Karim Douichi
