Chronologie sur ce qu'ont subi les sud-soudanais depuis des décennies

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
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1840 : Fin du monopole commercial des Turco-Égyptiens : ceux-ci avaient razzié le Soudan pour ramasser des esclaves afin de les incorporer dans l’armée de Muhammad Ali. Depuis cette date, des aventuriers internationaux français, anglais, grecs, libanais mais aussi les Arabes du Nord prennent le relais et se jettent sur le sud du pays. Leur cible : l’ivoire mais aussi les populations africaines dont ils veulent faire commerce. Les nomades arabes du Darfour, les Baggaras, sont totalement impliqués. Ils razzient les Dinkas et les Noubas, soit pour les vendre, soit pour les utiliser comme esclaves. Ils affectionnent les esclaves femmes avec lesquelles ils font des enfants qu'ils élèvent comme des Arabes baggara : ce qui explique leur couleur de peau très foncée par métissage.

1861 : Terrible révolte des populations dinka qui en ont assez de se faire attaquer et razzier par les trafiquants d’esclaves et leurs alliés. Le trafiquant d’esclaves Muhammad al-Arqawi s’empare d’un territoire en pays Shilluk (Sud-Soudan) et se déclare gouverneur. Les Shilluks s'en souviennent encore...

1873 : Al-Zubayr Rahma Mansur, un puissant commerçant d’esclaves arabe du Nord, s’installe officiellement dans le pays dinka qu’il razzie depuis des années. Mansur appartient à une tribu arabe du nord, celle des Ja’alayin. Trois tribus principales de la vallée du Nil dominent le pays, ce sont celles que l’on appelle sommairement les "Nordistes" : Ja’alayin, Danaqla et Shaiqiyya. Par exemple, Omar el Béchir est un Ja’alayin.

Il ne faut pas confondre ces Arabes du nord avec les Arabes du Darfour (les Baggaras) qui sont des nomades méprisés par les Nordistes qui les jugent comme n'étant que des bouseux arriérés, même si Khartoum les utilise depuis toujours pour massacrer les Africains du Darfour (les Janjawid, sont très souvent des Baggara et des Abbalas)


1899 : Condominium anglo-égyptien. Soumission des peuples du sud par des massacres coloniaux et le travail forcé par les forces anglaises qui s'enfoncent dans le Sud.

1922 : les Anglais décrètent le Sud du pays « closed districts order» (zones fermées) interdits aux marchands arabes du Nord.


1947: Conférence de Juba


1951 : Une commission constitutionnelle de 13 membres est créée au Parlement. Buth Diu est le seul sudiste qui en fait partie. Il défend le fédéralisme face aux Arabes du Nord qui ne veulent pas en entendre parler.


1953 : Concertation officielle entre Nordistes, Anglais et Égyptiens au sujet de l’indépendance du sud. Les Sudistes sont totalement exclus de ces discussions.

Juin 1955 : 300 travailleurs sudistes sont renvoyés d’une usine par les patrons nordistes qui les remplacent par des Arabes. Lorsque les travailleurs manifestent contre leur licenciement, les forces de sécurité ouvrent le feu sur eux et font une vingtaine de morts. C’est l’année des premières révoltes qui vont annoncer la guerre du sud contre le nord.

19 décembre 1955 : Le Soudan discute de son indépendance. Les Arabes du nord veulent mettre toutes les chances de leur côté. Moubarak Zarouq, député nordiste du parti au pouvoir, joue de roublardise et désire obtenir l’appui des Sudistes dans le cadre de la proposition d’indépendance. Aussi, il dépose une motion à l’Assemblée constituante rappelant que le Sud désirait un Soudan fédéral. L’opposition appuie cette requête et les députés sudistes croient percevoir chez les Nordistes une reconnaissance de leur spécificité culturelle. Ils votent donc la motion d’indépendance.

31 décembre 1955 : la motion d’indépendance est votée par les Sudistes, le parti au pouvoir ainsi que son opposition. Le Nord est mieux armé, mieux structuré, plus riche. Il considère donc qu’au nom de l’unité du pays, le Sud se doit de se fondre en lui avec une seule langue (l’arabe) et l’islam comme socle religieux. Des échauffourées éclatent lorsque les soldats nordistes remplacent les Anglais.
 

Drianke

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1er janvier 1956 : Indépendance officielle du Soudan.

Septembre 1956 : une Commission composée de 46 membres – dont 43 Arabes de la vallée du Nil – travaille sur le cas du fédéralisme. Trois mois plus tard, sa conclusion est limpide et attendue : le fédéralisme est irréalisable au Soudan. Débat clos. Le Sud se sentait déjà méprisé par le Nord, avec ce refus, il a l’impression d’être trahi.

1957 : Le processus d’arabisation et d’islamisation du sud est en route. Le 1er avril, le gouvernement reprend en main 350 écoles catholiques et protestantes du Sud. Tout soulèvement est écrasé par l’armée soudanaise.

17 Novembre 1958 : premier coup d’État militaire d’Ibrahim Abboud – un Shaiqiyya issu d’une tribu arabe du Nord – qui appuie encore plus l’islamisation forcée du pays. Il dissout le Parlement, censure la presse, interdit les partis politiques. Le Ministère de l’information du gouvernement publie un ouvrage intitulé « Les vérités essentielles » dans lequel il dénigre totalement le Sud. Il explique à propos de la partie méridionale du pays que « la contribution des langues locales n'a pas d'importance » et que « leur patrimoine est très pauvre par rapport au formidable patrimoine culturel de la langue arabe ». Ceci ne fait que confirmer le mépris que les Arabes du nord affichent vis-à-vis de tout ce qui vient des "Zurga" (terme raciste employé pour désigner les nègres du Sud et du Darfour). En clair, Les Dinkas, Shilluks, Nuers du Sud doivent accepter l’arabisation ou se faire écraser : ils seront donc écrasés.

1960 : Le mépris envers les références africaines continue et Khartoum confirme ses aspirations qui sont clairement d’arabiser et d’islamiser le Sud. Ainsi, le jour du repos, qui était jusqu’ici le dimanche, est désormais remplacé par le vendredi qui est le jour de prière des musulmans. Seul problème : la majorité des Sudistes sont des adeptes des cultes traditionnels ou des chrétiens. L’article 5 de la Constitution fait de l’islam la « religion d’État ».

Création à Kinshasa de la « Sudan African Closed District National Union » une union soutenant la lutte armée au Sud-Soudan et alertant l’opinion publique sur le sort des Sudistes qui sont humiliés et discriminés sur le propre sol.

Septembre 1963 : Création du mouvement nationaliste armé « Anya-nya » qui est dirigé par le charismatique Joseph Lagu. Ce mouvement réclame l’indépendance totale du Sud. Le nom « Anya-nya » vient du nom du venin de la vipère du Gabon dans lequel les chasseurs trempent leur flèche.

Février 1964 : Khartoum expulse les missionnaires chrétiens du Sud. Indignation internationale. Khartoum tente de se justifier en sortant un « Livre noir » dans lequel il explique que les missionnaires empêchaient les Sudistes de se sentir soudanais à part entière et qu’ils incitaient à la haine et au racisme contre les Arabes.

Le gouvernement soudanais se lance dans une application étendue de la terreur où l’on terrorise, harcèle, enlève, torture voire élimine physiquement les Sud-soudanais instruits.


16 mars 1965 : Conférence de la Table Ronde à Khartoum. Le Sud exprime sa colère face aux meurtres, aux éliminations physiques des gens instruits, à la torture et aux humiliations quotidiennes. Le Front du sud demande un référendum afin de savoir si les populations du sud du pays sont pour le fédéralisme, l’autonomie ou l’indépendance totale. Aggrey Jaden, membre du Front du sud, dénonce les prises d’esclaves chez les peuples du sud et défend une position pro-indépendance radicale : pour lui, les Africains du Sud n'ont rien à voir avec les Arabes du nord.

9 juillet 1965 : Altercation entre un Sud-Soudanais et un militaire nord-soudanais. La foule se solidarise avec le local. L’affaire s’emballe et l’armée soudanaise ouvre le feu sur les Sudistes. Durant la nuit, le massacre se poursuit et l’armée fait 3000 morts. Lorsque le journal « Le vigilant » enquête sur cette affaire, Khartoum saisit toutes ses éditions relatant l’affaire. Darius Beshir, propriétaire du journal, et son rédacteur en chef sont jugés par la justice soudanaise pour « accusations mensongères ». Ils sont défendus par Abel Alier qui réussit à les faire acquitter. La cour reconnait la véracité des faits.

11 juillet 1965 : 76 sudistes sont massacrés à Wau par l'armée.

Septembre 1966 : le Premier ministre Sadiq al-Mahdi met à disposition le Darfour comme base-arrière du Frolinat, nouveau mouvement tchadien. Ce mouvement est dirigé par des musulmans du Nord du Tchad (des Toubous, des Zaghawas etc .) qui combattent le pouvoir « chrétien » de François Tombalbaye, tchadien de l’ethnie sara. À partir de cette date, le Darfour sera le carrefour de plusieurs conflits entre plusieurs branches armées tchadiennes. Le Tchad a une frontière commune avec le Soudan et beaucoup de peuples se trouvent des deux cotés de la frontière. C’est le cas des Zaghawas (nomades africains) et des nomades arabes Baggara.
 

Drianke

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Autour des années 1968-1970 : C’est l’éclatement du mouvement sudiste qui reproche notamment l’hégémonie dinka. Les Dinkas créent le « Nile Provisional Government ». Les ethnies de L’Équatoria se détachent de la rébellion sudiste et créent le « Gouvernement d’Anyidi ». Les Azende créent le « Sue River Government» et Joseph Lagu fonde le « Southern Sudan Liberation Movement » en juillet 1970.

25 mai 1969 : coup d’État militaire du général Jafaar Nemeiry avec l’appui des communistes, des baathistes, des nassériens et des nationalistes arabes effrayés par la tournure islamiste prise par le projet de constitution de 1968 qui prévoyait de faire de l’islam la religion d’État et faire de la charia la principale source du droit. Au départ, le nouveau maître de Khartoum change de politique vis-à-vis du Sud, notamment en marquant le pas dans la violence systématique.

Le Soudan se rapproche de l’URSS. Nemeiry étant un nassérien, les Israéliens voient son arrivée au pouvoir d’un très mauvais œil surtout que la guerre des 6 jours est encore toute fraiche. Joseph Lagu, leader des rebbelles sudistes Anya-nya , contacte alors les Israéliens et essaye de profiter de l’occasion pour obtenir le soutien de l’État hébreux. Joseph Lagu a expliqué sa stratégie dans une interview donnée à l’AFP le 7 janvier 2011 :

« J’avais écrit au Premier ministre israélien, je flattais son ego en lui disant : "je suis heureux que vous, le peuple élu de Dieu, ayez battu les Arabes (…) et puis j’ai ajouté : "moi aussi je me bats contre les Arabes, donc si vous nous fournissez des armes, je vais neutraliser les forces soudanaises qui ne pourront donc plus soutenir l’Egypte contre vous". La lettre a fait son effet. »

C’est à ce moment qu’Israël entre en contact avec Lagu puis largue des armes et des médicaments pour son mouvement. Les autres mouvements sudistes ne bénéficient pas de cette aide, ce qui fait que Anya-nya voit débarquer dans ces rangs tous ceux qui veulent en découdre avec le Nord. Par la suite, Israël s’appuiera sur l’Éthiopie et surtout sur le chef d’État major ougandais Idi Amin Dada pour soutenir le mouvement Anya-nya.

L'interprétation du conflit :

Comment il déforme le rôle d’Israël :

Voilà comment Onana explique la guerre du Soudan : les sudistes ont été soutenus à l'indépendance par les USA et Israël. Quelle farce !

Israël n'a soutenu les Anya-nya que par opportunisme ! Mais ce soutien n'a été réalisé que de 1969 à 1972 : date de la signature des accords de paix qui mettent fin à la guerre.

Anya-nya n'a même pas été fondé à l'indépendance mais bien après : Mr Charles Onana peut-il nous dire quel mouvement Israël soutenait en 1956 ? La guerre a débuté en 1955 et Joseph Lagu s'est lancé dans cette guerre en 1963 !

Certains "antisionistes" noirs : dès qu'une lutte entre en conflit avec leur petite obsession d’Israël, ils dévalorisent et méprisent cette lutte pour privilégier leur chasse aux sionistes. Ils sont prêts à mentir, à tricher et à manipuler pour atteindre le seul but qui compte à leurs yeux.

Lire cette interview de Joseph Lagu pour plus de renseignements : http://www.haaretz.com/weekend/week-s ... itterness-behind-1.339712

1971 : François Tombalbaye, le président tchadien, déjoue un coup d’État fomenté par le colonel Kadhafi. Le Guide libyen a monté sa presse contre le président tchadien et celle-ci se répand en insultes et en diffamation contre le Sara. Dès sa prise de pouvoir, Kadhafi rêve de réunifier le Tchad, le Soudan et la Libye dans un super-État Sahélien arabe et islamique. Pour Gérard Prunier, le « racisme de Kadhafi [et] son hostilité au régime de Tombalbaye [étaient] au moins en partie [dus] au fait que celui-ci était un Noir africain chrétien » (Gérard Prunier, « Le Darfour, un génocide ambigu »).

« [Les vues personnelles de Kadhafi] étaient pleines d’un folklore racial habité par la fourberie des Zurga, le terme péjoratif utilisé par les Bédouins arabes pour décrire les Goranes de Libye, du Tchad et du Soudan que leur culture toubou rendait férocement indépendant…Dans l’imaginaire bédouin on ne pouvait pas leur faire confiance et Kadhafi s’employa à les réduire en Lybie même. Des milliers de Toubou furent chassés du Fezzan en 1970 » (J. Millard Burr et R.O Collins cité par Gérard Prunier)

25 janvier 1971 : le général Idi Amin Dada – qui a suivi une formation militaire en Israël – profite d’un déplacement de Milton Obote pour déposer le président. Son coup d’État est effectué avec l’aide des Israéliens. Idi Amin Dada, un musulman qui appartient à une petite ethnie du nord de l’Ouganda, sera "retourné" quelques mois plus tard par les pétro-dinars de Kadhafi à son retour de pèlerinage à la Mecque : voulant profiter de l'aide libyenne, il fermera l'ambassade israélienne, rompra ses relations diplomatiques avec l’État hébreu et soutiendra désormais le combat pro-palestinien. Tout comme le fera Tombalbaye, Bokassa et d'autres...Tout ce jeu d'influence, du monde arabe et du camps Israélo-américain ne relève que de la politique cynique où chacun ne voit que son intérêt en faisant du chantage au plus faible (les Nations africaines).


la suite dans le lien http://www.piankhy.com/modules/news/article.php?storyid=427
 
A

AncienMembre

Non connecté
Sûrement un des endroits les plus malheureux du monde avec Haïti, le Darfour, la Birmanie, le nord du Nigeria et encore tant d'autres malheureusement.
 
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