MONTRÉAL Le gouvernement fédéral ne tolèrera plus que de nouvelles immigrantes cachent leur visage derrière un voile intégral islamique lorsquelles seront assermentées comme citoyennes canadiennes.
Ce précédent entourant le port du niqab et de la burqa entre en vigueur dès lundi à travers le pays, selon des sources au ministère de la Citoyenneté et de lImmigration.
Selon nos informations, le bureau du ministre Jason Kenney a pris cette décision à la suite de plaintes provenant non seulement de la population, mais aussi de certains de ses juges de la citoyenneté.
On dénonçait que le port du voile intégral lors de ces cérémonies constitue un accroc au principe dégalité entre citoyens, hommes et femmes.
De plus, le gouvernement Harper partageait le malaise de ses juges administratifs qui assermentaient des femmes au visage voilé, sans être capables de vérifier leur identité. «Si une candidate refuse de découvrir son visage, on lui refusera sa citoyenneté, a fait valoir une source gouvernementale bien au fait du dossier. On nimpose pas de culture ou de religion. On souhaite simplement que ces personnes se joignent à la société canadienne dune manière qui soit acceptable pour la société canadienne.»
Point sensible au Québec
Ottawa ne conserve pas de données précises sur le nombre de citoyennes canadiennes ayant prêté serment alors quelles portaient le niqab (voile couvrant le visage à lexception des yeux) ou la burqa (vêtement dorigine afghane qui couvre lensemble du corps et doté dun grillage tissé à la hauteur des yeux).
Le ministère nétait pas non plus en mesure délaborer sur des cas semblables au Québec. «Mais il y en a eu. Et pas seulement deux ou trois», ont rappelé nos sources, conscientes quil sagit dun point «sensible» dans la province où le voile intégral a alimenté le débat sur les accommodements raisonnables et la commission Bouchard-Taylor en 2007.
Pas dinterdiction en public
Le gouvernement Harper na toutefois pas lintention de légiférer afin de bannir le port du niqab et de la burqa dans une plus large mesure, notamment dans les bureaux des services publics.
En février 2010, le ministre Kenney sétait dit «contre lidée que lÉtat doive réglementer les vêtements des citoyens canadiens, qui sont des gens libres». Il sest cependant montré favorable à un projet de loi nayant pas eu de suite, lhiver dernier, pour obliger tout électeur à montrer son visage dans les bureaux de scrutin.
M. Kenney doit prononcer une allocution à Montréal, lundi, devant les membres dune communauté culturelle.
Chaque année, une trentaine de juges de la citoyenneté du Canada président plus de 2500 cérémonies, lors desquelles plus de 170 000 immigrants sont assermentés en tant que nouveaux citoyens du pays.
http://fr.canoe.ca/infos/quebeccanada/archives/2011/12/20111211-212102.html