Dax : le procès d'une escroquerie ayant fait plus de 600 victimes en france

Afin d’accueillir les parties civiles qui feront le déplacement, cette affaire, qui met en cause un homme extradé "d’Israël," sera jugée dans la salle de spectacle de l’Atrium durant trois jours.

Audience sans précédent pour le tribunal correctionnel de Dax. À partir de ce lundi matin, les magistrats de la sous-préfecture des Landes vont en effet se pencher sur un dossier d'escroquerie en bande organisée de grande ampleur et dont les ramifications filent vers l'international. Par le jeu des dates d'ouverture des informations judiciaires - et de premières investigations lancées à l'automne 2007 par Laurent Gevrey, alors vice-procureur de la cité thermale -, l'affaire sera jugée à Dax. Quatre prévenus sont cités à la barre afin de s'expliquer sur leur arnaque dont la procédure se trouve consignée dans 20 tomes de feuilles qui s'empilent sur une trentaine de centimètres.

L'enquête avait été lancée suite aux dépôts de plainte de deux commerçants de l'agglomération dacquoise. Mais ce sont aujourd'hui plus de 600 victimes de toute la France qui ont été conviées à assister à ce procès. Combien seront-ils à faire le voyage jusqu'à Dax pour tenter de comprendre comment ils ont pu se faire arnaquer, entre 2006 et 2008, séduits à l'idée de voir bondir la notoriété de leur entreprise grâce à des annuaires professionnels destinés à Internet ?

Une inconnue dont n'a pas tenu compte Benoît Giraud, le président du tribunal de Dax. Anticipant sur le nombre de parties civiles présentes à l'audience, celui-ci s'est lancé dans « l'organisation d'un procès exceptionnel » en choisissant de délocaliser l'audience hors du palais de justice de la cité thermale. Prévus pour durer trois jours, les débats se dérouleront dans la salle de l'Atrium. Tout juste rouverte au public après des travaux de rénovation liés aux dégâts causés par les inondations de fin janvier, la salle de spectacle a été mise à disposition de la justice pour cette semaine.

Des moyens humains supplémentaires ont également été accordés au tribunal dacquois pour les tâches administratives, et deux stagiaires sont venus œuvrer sur le dossier auprès de Benoît Giraud et de Frédérique Porterie, procureur de la République de Dax.

L'ampleur de l'escroquerie, comme du préjudice estimé à « plusieurs millions d'euros », laissait penser que l'affaire nécessitait l'intervention de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Bordeaux. Finalement, c'est le président du tribunal et la représentante du ministère public qui traitent ce dossier, où les nombreuses victimes ont été confrontées au même, peu ou prou, mécanisme d'escroquerie.


  • « Ils sollicitaient par fax ou téléphone des artisans, des petites entreprises ou des associations afin de leur proposer des encarts publicitaires dans des annuaires électroniques », indique Frédérique Porterie. Après avoir signé un fax d'accord aux petites lignes difficilement lisibles, les victimes étaient ensuite relancées pour payer. « Ça allait loin. Des interlocuteurs les menaçaient d'envoyer les huissiers et prenaient mêmes des identités diverses, comme des avocats ou des entreprises de services financiers. »

    • Si la méthode d'escroquerie est simple, le côté exceptionnel de cette affaire se retrouve dans la difficile enquête qui fut menée par une dizaine de gendarmes de la brigade de recherches de Dax et de la section de recherches de Pau durant vingt-quatre mois.

      Les investigations ont été conclues par l'extradition depuis Israël de Jacques Benayoun, un sexagénaire soupçonné d'être à la tête du réseau. Entre des structures mouvantes, des flux financiers aux étapes fluctuantes, etc. c'est toute une filière qu'il a fallu remonter.

      Un lent travail marqué par des premières arrestations en avril 2008, quand deux des quatre prévenus avaient été interpellés en région parisienne et placés en détention provisoire jusqu'au mois d'août suivant.

      La mise sous écoute des fax émetteurs avait quant à elle permis de découvrir que les numéros inscrits sur les télécopies étaient déroutés vers Ashdod, une station balnéaire proche de Tel-Aviv. Contactée par le pôle de l'instruction de Mont-de-Marsan, chargé du dossier à partir d'octobre 2008, la police israélienne avait, en décembre, lancé ses filets sur 30 personnes. L'équivalent de 700 000 euros en espèces, des berlines de luxe et des bijoux de valeur avaient également été saisis lors des perquisitions.

      Tout d'abord incarcéré en "Israël", Jacques Benayoun était reparti en détention provisoire lors de son retour en France et de sa mise en examen le jour de Noël 2009. Aujourd'hui sous contrôle judiciaire, il encourt, comme les trois autres prévenus - dont son fils -, une peine de dix ans d'emprisonnement et jusqu'à 1 million d'euros d'amende.

      Sud Ouest : source
 
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