Allah y chafik, je ne sais pas ce que tu as mais tu agis de la bonne manière face à ton "épreuve"...
Moi je suis atteinte d'une maladie cérébrale incurable et franchement, j'aimerais bien en tirer quoi que ce soit de positif mais je n'y arrive pas, je ne la vois pas comme une épreuve ni comme une punition, juste comme une fatalité, c'est comme ça, ce n'est de la faute de personne, je n'en veux pas à Dieu ni à la vie tout court... mais je n'en tire aucune leçon, genre je vais prendre soin de ma santé, bien me traiter pour en retarder l'évolution ou quoi, nan je m'en fiche en fait, la maladie me fait clairement ***** mais je me dis que personne n'y peut rien et puis c'est tout, je vis avec... je n'ai peut-être pas encore la sagesse de voir en elle une épreuve ou une manière de me prendre en main ou de remettre ma vie en question...
Salam Aleykoum
Ma Mère aussi souffre d'une maladie "grave" (la sclérose en plaques) et on la voit perdre ses capacités petit à petit. Maintenant, n'y a t-il aucune leçon à tirer de ce qui lui arrive ?
Personnellement, je réfléchis beaucoup à la mort, à la maladie et aux malheurs en général et plus j'y réfléchis plus je me rends compte de la petitesse de ce que nous représentons et je relativise désormais tout ce qui peut bien m'arriver (au point que mes proches me traitent de fou, d'inconscient au choix).
J'en arrive à me dire que ce qui arrive à ma Mère est un bienfait, dans le malheur, à plus d'un titre :
Tout d'abord cela nous fait beaucoup réfléchir, cela nous aide à prendre conscience de l'importance de ce à quoi nous ne faisions même pas attention en temps normal, à savoir la santé. De même que pour ma Mère, celle-ci profite de la meilleure des façons des moments de la vie en les appréciant sans prise de tête pour des futilités.
Dans quasiment n'importe quoi elle est capable de trouver de la joie, rien que prendre son petit déjeuner la fenêtre ouverte en écoutant les oiseaux, rien qu'en posant le regard sur un terrain sur lequel pousse de belles fleurs (tant de choses auxquelles on ne prête aucune attention au quotidien et auxquelles elle ne tirait aucune joie auparavant).
C'est, je pense, le schéma classique. C'est lorsque l'on a plus quelque chose que l'on se rend compte de l'importance de cette chose (dans le cas présent, ce serait plutôt "c'est lorsque l'on est en passe de ne plus avoir quelque chose que l'on se rend compte de l'importance de ce que l'on a encore pour le moment, à savoir la vie").
Cette souffrance qu'elle rencontre nous permet à tous de renforcer nos liens, de mieux apprécier notre quotidien et de tenter d'y trouver la joie en toutes occasions, même les plus banales. En même temps, je pense que le ressenti face à notre quotidien dépend fortement de nous-même. En somme, si l'on broie du noir c'est aussi parce que nous ne voyons que le côté négatif de ce qui nous conduit à cet état. Je pense qu'en chaque chose se cache une part de malheur ainsi qu'une part de bonheur, le tout étant de s'efforcer à voir le bonheur qui en découle.
Depuis que j'essaye de ne chercher que le côté positif de tout ce qui se produit dans ma vie (et je finis par le trouver) je ne fais que positiver et je tire du bonheur là où d'autres ne récolteraient que de la tristesse, de l'angoisse et de l'affliction.
C'est ainsi que je suis heureux quand je suis malade (c'est relatif bien sûre, dans les moments de crise de douleur je ne pense qu'à la souffrance), je suis heureux de m'être fait virer de mon travail car cela m'a conduit à mieux, je suis heureux que ma Mère soit malade car cela nous aide tous à mieux vivre et cela constitue une source de rédemption pour elle, je suis heureux quand je perds car cela développe ma volonté de gagner. En fait, je suis heureux quand quelque chose me touche car je pense à la leçon, au bonheur que je trouverai dans cette chose (parfois cela prend du temps mais je trouve toujours).
Exemple, il y a quelques années, je devais me marier mais au final cela a capoté, j'étais trop mal par la suite, plus envie de vivre, plus de goût à rien mais au final je suis heureux que cela n'ait pas marché car je me dis que, premièrement, cela m'a renforcé en me faisant vivre une période d'intenses émotions et m'a donc donné de l'expérience dans ce domaine, deuxièmement, Allah me donnera une opportunité meilleure Inch Allah et je ne renouvellerai pas les mêmes erreurs Inch Allah (j'en ferai peut-être de nouvelles), troisièmement, j'aurai eu un vécu, autrement, qui aurait été différent de celui que j'ai actuellement et qui m'a conduit à adopter cette positive attitude, ainsi Allah a fait ce qu'il y avait de mieux pour moi.
Alors certes, parfois je me dis mais qu'en est-il de ceux qui se font torturer, tuer sans avoir la possibilité d'apprendre de leur épreuve. Au final, ceux-ci ne peuvent tirer aucune leçon de leur souffrance sur le moment présent ni sur le moment futur (car il n'y aura pas de futur, dans cette vie, en ce qui les concerne).
C'est là que je me dis que dans ce cas, ils ne pourront certes pas transformer positivement leur épreuve dans cette vie ici-bas mais celle-ci (cette épreuve qui les a conduit à leur perte) sera assurément (Inch Allah) génératrice de bienfaits pour eux dans l'au-delà, notamment par l'absolution que pourra leur offrir Dieu.
D'ailleurs, pour la maladie, n'est-il pas dit qu'Allah pardonne à ceux qui sont malades
(Allah pardonne les péchés de tout musulman qui est atteint par la maladie ou autre, comme l’arbre perd ses feuilles (en automne) rapporté par Al-Boukhari et Mouslim.)
Or, nous ne nous rendons peut-être pas compte de l'importance du pardon d'Allah, surtout dans la perspective des moments que nous aurons à affronter dans l'au-delà, alors qu'il conditionnera peut-être notre entrée au paradis ou en enfer.
Nous ne pouvons donc certainement pas dire que l'on ne retire rien de positif du fait d'être malade alors qu'au final on retire un immense cadeau, qui est peut-être le plus précieux, qu'Allah peut nous faire.
Se faire pardonner ses péchés, ce sera peut-être notre unique volonté une fois dans l'attente de notre jugement. Si la maladie permet de concrétiser cette volonté, alors les malades sont les plus comblés au monde mais quoi qu'il en soit ils sont comblés.
Certes, il est toujours préférable de se voir pardonner tout en étant bien portant et pourquoi pas riche, avec une belle femme merveilleuse, un bon travail, de bons enfants et toutes les autres faveurs possibles mais cependant :
«Les épreuves ne cessent d'accabler le croyant ou la croyante dans sa personne, ses enfants et ses biens jusqu'à ce qu'il rencontre Allâh sans avoir le moindre péché sur son compte.»
Il est dit dans un autre hadîth
: «Lorsqu'Allâh aime un serviteur, Il l'éprouve pour entendre ses implorations.»
Luqman :
« Ô mon fils ! L'or et l'argent sont testés grâce au feu, et le croyant est testé par les épreuves ! »
Maintenant, à nous de réfléchir et de nous demander ce qui est le plus important à nos yeux. S'il s'agit de la vie dans l'au-delà (
Mais vous préférez plutôt la vie présente. Alors que l'au-delà est meilleur et plus durable: Sourate 86; Versets 16/17), alors nous n'avons pas le choix et sommes obligés de souffrir ici bas. Que les épreuves ne soient pas de la même intensité selon les hommes ne doit pas nous conduire à affirmer que cela est une injustice et que l'on souffre plus tout en ayant autant, en récompense, que quelqu'un qui souffre moins :
[...] Anas rapporta quant à lui que le Prophète (que La Grâce et La Paix d'Allâh soient sur lui) a dit
: «L'immensité de la récompense accompagne la gravité des épreuves. Et lorsqu'Allâh aime un peuple, il l'éprouve. Celui qui en est heureux bénéficiera alors de Son agrément, tandis que celui qui en est énervé n'obtiendra que Son courroux.»
Eh oui, Allah éprouve ceux qu'Il aime et c'est une immense faveur que de se faire aimer par notre Créateur. Nous négligeons peut-être l'immensité de cette grâce mais que sont les tracas (plus ou moins graves) du quotidien face à l'amour d'Allah et son pardon (n'y a t-il rien de positif dans la maladie alors qu'elle nous offre ce qu'il y a de mieux pour nous, même s'il est vrai que nous nous fourvoyons parfois sur ce qui est réellement le mieux pour nous) :
« Il se peut que vous détestiez quelque chose alors que c’est un bien pour vous. Et il se peut que vous aimiez une chose alors qu’elle vous est néfaste. C’est Allah qui sait, alors que vous ne savez pas. » (Sourate Al Baqarah verset 216)