Deliveroo : cette mesure qui pourrait accentuer la précarité des livreurs
Certains livreurs de l'entreprise de livraison de repas à domicile s'opposent à
la généralisation du paiement à la course imposée par la direction.
Ils dénoncent une précarisation de leur contrat de travail.
Se dirige-t-on vers un conflit social chez Deliveroo, comme chez Uber il y a quelques semaines ?
Pourquoi cette mobilisation?
Concrètement, certains livreurs reprochent à la direction de vouloir généraliser le paiement à la course, en remplacement d'une rémunération à l'heure.
«Pour ceux qui ont été embauchés avant septembre 2016, il y avait un forfait à 7,50 euros de l'heure, à cela s'ajoutaient des primes de 2 à 4 euros, et cela augmentait avec l'ancienneté», explique Arthur Hay, secrétaire général du syndicat CGT des coursiers à vélo de la Gironde.
Avant de poursuivre:
«Depuis septembre 2016, les nouveaux contrats signés sont uniquement à la tâche: 5 euros par commande, quelle que soit la distance pour aller au restaurant et chez le client et quel que soit le temps d'attente devant le restaurant».
Ce contrat est de 5,75 euros pour les livreurs parisiens, en raison du coût plus élevé de la vie dans la capitale.
Accepter le paiement à la course... ou être viré
Mais c'est un autre évènement qui a mis le feu aux poudres.
Le 27 juillet, les coursiers qui dépendaient du premier type de contrat ont été contactés par la direction: il leur a été demandé de signer un «avenant» les alignant sur les contrats les plus récents.
«On est obligé d'accepter cet avenant, sinon on est viré!»,
s'insurge Arthur Hay, qui estime que cette situation concerne «probablement un millier de coursiers en France» au total.
Contacté par
Le Figaro, Jérôme Pimot, fondateur du collectif des livreurs autonomes de Paris, dénonce lui un «nivellement par le bas» et une «surprécarisation».
«La direction de Deliveroo précarise le métier en disant que ce n'est qu'un complément de revenus et pas un emploi en soi.
Or ce n'était pas le discours qu'on nous a tenu lorsque nous avons été embauchés.
Pour nous attirer, ils nous ont dit au contraire que nous pourrions vivre en gagnant 2000 euros par mois et que l'ancienneté serait prise en compte», poursuit Arthur Hay.
Selon lui, ceux qui avaient un fixe horaire plus 4 euros par commande «devront désormais réaliser 7,5 commandes par heure pour ne pas perdre d'argent, ce qui est impossible».
Le représentant syndical demande enfin «l'annulation du changement de contrat ou un dédommagement de 50.000 euros pour ceux qui décident de partir, ainsi que le retour des primes et le gel des recrutements».
«Un chiffre d'affaires plus élevé» pour les livreurs, assure la direction
«La tarification à la course est le contrat de 90% de nos coursiers», explique au
Figaro la direction de Deliveroo. Avant de poursuivre: «Nous avons fait cohabiter les deux systèmes mais il nous semblait logique que tout le monde ait le même contrat». Selon Deliveroo, 600 livreurs exerçaient encore sous l'ancienne tarification horaire.
La direction déclare «comprendre qu'il puisse y avoir de l'inquiétude» mais dément une quelconque précarisation des conditions de travail: «On leur propose le contrat le plus intéressant du marché et ça va leur permettre d'avoir un chiffre d'affaires plus intéressant», explique-t-on.
Deliveroo indique notamment qu'aux heures de pointe, un coursier effectue entre 3 et 4 courses, «ce qui fait 16 euros de l'heure en province, bien plus que le SMIC horaire».
Enfin, dans un communiqué, la direction assure «avoir reçu à plusieurs reprises des délégations de livreurs partenaires pour un échange constructif. Ce dialogue a permis aux coursiers présents de poser leurs questions et d'exprimer leur point de vue quant à cette convergence de la tarification».
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mam