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Des nouvelles de salman rushdie : combattre l'extremisme n'est pas combattre l'islam
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[QUOTE="droitreponse, post: 13985596, member: 377946"] Les écrivains les ressentent? La littérature américaine a été souvent influencée par l'immigration, en particulier juive ou italienne. Mais, aux Etats-Unis, une génération d'auteurs apporte maintenant du monde entier des écritures nouvelles, qui régénèrent le roman et le rendent plus cosmopolite. Je pense à Jhumpa Lahiri et sa part d'Inde, à Yiyun Li et ses racines chinoises, à Junot Diaz, d'origine dominicaine. Sans oublier Nam Le, vietnamo-australien, et Khaled Hosseini, né en Afghanistan et élevé ici. Dans vos Mémoires, sur l'époque des Versets sataniques, vous parlez de vous-même comme d'un homme dont la vision du monde a été détruite. Quelle était-elle et qu'est-elle devenue? [B]Une vision du monde est constituée de ce tissu de connexions avec les lieux, les cultures, les amis que nous affectionnons. Ces liens distinguent la raison de la folie, où tout devient un patchwork dénué de sens. Le plus douloureux pour moi a été de voir les gens pour qui et sur qui j'écrivais, les musulmans de Londres par exemple, manifester contre moi. Cela a détruit l'image que j'avais de ma place dans le monde et il m'a fallu longtemps pour retrouver mon équilibre. Ce qui m'est arrivé arrive à tout un chacun aujourd'hui. [/B] La planète est devenue un lieu étrange depuis la fin de la guerre froide, en 1989, et la fragmentation qui l'a suivie, source de guerres dans une Europe jusqu'alors stable et de nouveaux mouvements au coeur de l'islam. De plus, le rythme du changement technologique, du monde de l'information a déstabilisé les individus, et les conduit à se replier vers des lieux de certitudes, comme la religion et ses éternelles vérités. Vous m'interrogez sur ma vision du monde...[B] J'ai vécu les années 1960, une époque où l'on croyait à jamais brisé le pouvoir du religieux, où l'idée même de son éventuel retour au centre de la scène mondiale était ridiculisée. Et j'avoue être toujours sidéré par ce retournement de l'Histoire. [/B] Ce n'est pas le seul. En 1989, j'ai beaucoup souffert d'être condamné à la pénombre et à la clandestinité au moment même où le monde semblait s'éclairer. C'était une année extraordinaire, une charnière de l'Histoire. Malgré le triste sort de Tiananmen, toujours expurgé de la mémoire des Chinois, la chute du communisme ouvrait tous les espoirs de liberté. Et le résultat me trouble : l'empire soviétique a cédé la place à des microfascismes, à l'intolérance islamiste... Vous avez cru au rapprochement entre l'Inde et le Pakistan? Ces deux pays se sont toujours écharpés.[B] Je suis en revanche préoccupé et déçu par la dérive sectaire de l'Inde. J'appartiens, là-bas, à la génération méprisée des partisans de la laïcité, celle d'un Nehru, et l'exploitation politicienne des clivages religieux m'inquiète pour les libertés publiques des citoyens de l'Inde[/B]. En revanche, il se passe des choses intéressantes du point de vue littéraire. Un peu grâce à vous. De nouveaux écrivains indiens arrivent dans votre sillage. Les Enfants de minuit a ouvert la voie. Mais l'étonnant est cette diversité littéraire. On découvre des auteurs érotiques, des écrivains de science-fiction ou de romans de gare et une fiction florissante. La scène littéraire s'est extraordinairement élargie, condition de son éclatante santé. Mais la littérature pakistanaise connaît un mouvement similaire depuis peu, avec de jeunes auteurs trentenaires ou quadragénaires de grand talent, comme Mohammed Hanif, Kamila Shamsie, Nadeem Aslam. Au contraire des écrivains indiens, qui délaissent les questions de société et préfèrent l'intimisme, ceux-ci abordent résolument la sphère publique, car elle est omniprésente, incontournable chez eux, et se confrontent de manière diverse et passionnante aux problèmes de leur pays. Comment commence une floraison littéraire? Je ne sais pas, un coup de chance... Dans les années 1970 et 1980, à Londres, nous appartenions à un groupe que l'on décrivait comme un moment extraordinaire de la littérature anglaise, avec Martin Amis, Ian McEwan, Kazuo Ishiguro, Angela Carter, Jeanette Winterson, Bruce Chatwin et Julian Barnes. Mais nous n'avions pas le sentiment de constituer un mouvement. Nous ne disposions pas d'un manifeste, contrairement aux surréalistes, ni d'un projet commun. L'harmonie ne régnait pas forcément entre nous, mais nous répondions au désir des lecteurs pour une écriture nouvelle, radicale et imaginative, qui rompait avec les conventions de la littérature anglaise de l'après-guerre. Or j'ai le sentiment que nous revenons aujourd'hui à cette littérature naturaliste conventionnelle. Pour ma part, je me sens plus proche du recours à l'imaginaire d'un auteur comme Lazlo Krasznahorkai, lauréat, cette année, du prestigieux prix Man Booker International, que de l'autofiction de Karl Ove Knausgaard, par exemple. Mon prochain roman, qui sort en septembre aux Etats-Unis, déroge à ces normes. Il est extraordinairement surréaliste, il livre New York aux génies. Mais, en quarante ans de vie d'écrivain, j'ai réalisé que la littérature répondait aussi à des modes. Les goûts changent et nous n'y pouvons rien. Autant continuer ce que l'on sait le mieux faire. Vous apportez une imagination, mais aussi une mixité culturelle. C'est votre spécificité? Je suis fier d'apporter du plaisir à des lecteurs occidentaux et orientaux, qui en tireront des lectures légèrement différentes. Je ne me vois plus comme un auteur d'un pays en particulier, mais un écrivain de l'urbanité. Je m'identifie plus à des villes, surtout à New York, Londres et Bombay, où j'ai passé ma vie. A l'idée et à l'idéal de la ville. Les génies s'emparent donc de New York, de Wall Street? Oui, de tout cela. Je vous dis ce que j'ai raconté à mon éditeur en lui proposant ce nouveau livre, dont le titre, Deux Années, huit mois et vingt-huit nuits, évoque un autre décompte des Mille et Une Nuits : après avoir passé tant d'années à écrire mes Mémoires dans Joseph Anton, à décrire scrupuleusement la vérité, j'en ai eu assez et j'ai choisi le côté complètement opposé, radicalement imaginaire, en hommage aux contes merveilleux que j'entendais dans mon enfance. Leur monde est magique, plein de folie, mais il repose sur le quotidien bien réel et crédible de la ville, des rues et des bazars. Dans le réalisme magique, le réalisme importe autant que la magie. Le fantastique n'a d'intérêt que parce qu'il surgit du réel et l'enlace. Comme dans mes lectures de jadis, les fables animalières du Panchatantra, Les Mille et Une Nuits, ou cette oeuvre magnifique du Cachemire, Katha Sarit Sagara (The Ocean of the Streams of Story ou L'Océan des rivières de contes), plein de contes drôles, méchants, sexy, d'où la religion est presque totalement absente. Dans cette comédie humaine, les personnages baignent dans la duplicité, multiplient les faux-semblants et les mauvais coups. Ils couchent avec les femmes des autres et Dieu, dans tout ça, n'est pas vraiment là. Voilà pourquoi on a tenté, comme en Egypte, de bannir Les Mille et Une Nuits à la veille des printemps arabes. Ces contes déplaisent aux puritains, car ils regorgent de vérités sur la nature humaine. Je veux retourner à cette tradition, puiser dans ce patrimoine, pour parler du réel et du présent. Vous auriez pu, fort de votre expérience de mondes si différents, être tenté, comme beaucoup d'autres intellectuels, par le relativisme culturel, le compromis sur les valeurs. Comment l'avez-vous évité? [B]C'est le grand danger de notre temps. Nous sommes entrés dans une ère de mixité, de rencontres et de brassages des cultures. Un multiculturalisme que je célèbre dans mes livres et qui est un fait accompli. La planète se mondialise, et rien ne peut la "démondialiser". Rien ne peut "démulticulturiser" nos arts, notre nourriture, notre quotidien. Mais le relativisme culturel est une expression dégradée, le frère jumeau maléfique du multiculturalisme. [/B] [B]Je récuse l'idée qu'au nom des traditions de son pays d'origine on veuille déroger à des valeurs que je juge universelles, admettre les mutilations génitales des femmes, la discrimination ou la mise à mort des homosexuels dans les pays musulmans.[/B] Il n'en faudrait pas plus, alors, pour cautionner l'exécution d'écrivains qui déplaisent ici ou là, une dérive à laquelle, vous le savez, je ne suis pas favorable. [Rires.] A cet égard, on est plus ferme sur ces principes en France qu'en Angleterre. Peut-être parce qu'il est plus facile de savoir ce que signifie être français. Le brassage des cultures, la transplantation peuvent aussi être douloureux. Vous l'avez décrit en tant qu'auteur, et vécu personnellement. Dans le tintamarre autour des Versets sataniques, on a oublié le point essentiel. Si mes premiers livres traitaient avant tout du monde d'Orient que j'avais quitté, de l'Inde et du Pakistan, Les Versets abordaient la problématique de l'immigrant, de l'identité et de l'assimilation culturelle. La collision entre la vie précédente et l'existence en Occident. A titre personnel, malgré mon milieu privilégié, j'ai connu le sort de l'immigré victime de préjugés racistes, pestiféré pendant mes études dans un pensionnat à Rugby. Au point de détester l'Angleterre et de supplier mon père de me laisser poursuivre mes études supérieures dans l'une des excellentes universités de Bombay plutôt que de suivre ses pas à Cambridge. Mais il m'a convaincu. Heureusement, car mes années de fac furent heureuses. Quel bonheur d'avoir été étudiant pendant les années 1960 ! En plus, les Beatles avaient découvert l'Inde. Mon pays d'origine était soudain très cool. [/QUOTE]
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