Djihad en syrie : inquietantes disparitions de jeunes francais

Brahim*, 17 ans, a disparu depuis un mois de Mantes-la-Jolie (Yvelines). Il a brutalement quitté le domicile familial le 18 décembre et les enquêteurs redoutent qu’il ait gagné la Syrie pour combattre aux côtés d’Al-Qaïda. L’affaire est suivie en toute discrétion par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). Scolarisé au lycée Jean-Rostand de Mantes, l’adolescent a quitté son logement au matin pour se rendre en cours. Il n’est jamais rentré. Inquiets, ses parents se sont rendus deux jours plus tard au commissariat de Mantes-la-Jolie pour signaler sa disparition. Entre-temps, le jeune homme les avait contactés pour leur annoncer son départ vers la Syrie et sa volonté de s’engager contre le régime de Bachar al-Assad. Dans son périple, Brahim a été suivi grâce à son téléphone portable. Le jeune homme a été signalé en Turquie ces derniers jours et aurait, depuis, passé la frontière. Les enquêteurs de la DCRI s’interrogent sur la façon dont ce jeune musulman discret a basculé. « En général, les apprentis jihadistes sont recrutés sur des sites spécialisés ou par Facebook, détaille un agent du renseignement. Ils subissent alors un vrai lavage de cerveau à base de propagande religieuse relayée par plusieurs recruteurs. Pour financer leur voyage, ils peuvent avoir recours à un crédit à la consommation, pourtant interdit par l’islam. » D’autres jeunes adolescents ont fait le choix du départ. Ainsi, Sofiane*, un jeune de Roubaix de 19 ans, a quitté en juillet le pavillon familial pour gagner la résistance syrienne. Deux mois plus tard, en pleine nuit, sa mère a reçu un coup de téléphone lui annonçant le décès de ce garçon aux airs sages, dans la région d’Alep. Certains, dont la radicalisation avait été observée en France, ont disparu des radars des services de renseignement. C’est notamment le cas de deux cousins âgés de 21 et 24 ans, originaires de la région d’Echirolles (Isère) qui ont gagné la Turquie début mai avant de rejoindre leur terre de jihad. Un voyage que le plus jeune avait déjà réalisé quelques semaines auparavant. Après avoir rejoint la résistance syrienne, ils n’ont plus donné de nouvelles.

* Les prénoms ont été changés.
 
djihadiste de 15 ans toulousain parti en syrie detresse du pere

«Il a appelé mardi de Syrie. Il est là-bas en ce moment et la situation est très particulière. Ils ne combattent même plus contre les forces de Bachar Al-Assad mais se battent entre eux, entre djihadistes au sein d’un conflit intrareligieux. Il est avec des combattants d’Al-Qaïda.» Le père du jeune Hakim (prénom d'emprunt) est sans nouvelle depuis plusieurs jours de son fils de 15 ans, parti avec un copain du jour au lendemain combattre en Syrie. Dans la «Dépêche du Midi», il lance un appel aux pouvoirs publics afin d'éviter son sort à d'autres familles.

Le parquet de Toulouse a récemment alerté la section antiterroriste du parquet de Paris sur le cas de deux jeunes de 15 ans partis pour la Turquie avec l'intention de combattre en Syrie. Les deux copains d'un lycée de Toulouse sont partis le 6 janvier pour se battre avec les djihadistes, rapporte la Dépêche du Midi. Selon son père, l'un des deux jeunes a «subi un lavage de cerveau sur internet depuis décembre».

Elève brillant et musulman, il ne parlait pas l'arabe

Rien ne prédestinait son enfant à rejoindre les rangs des combattants selon ce père de famille musulman qui a été totalement surpris par ce départ. Elève modèle et délégué de classe en seconde, son fils «ne parle pas l’arabe et ne l’écrit pas». Il a été embrigadé par un dangereux réseau de recruteurs : «Il existe des réseaux de recrutement et d’endoctrinement structurés qui forment des jeunes et les envoient au front. Il faut en avoir conscience et ne pas se dire que cela n’arrive qu’aux autres.»

Une fois convaincu de sa mission sacrée, l'adolescent a utilisé la carte bancaire familiale pour réserver deux billets d'avions vers la Turquie, la principale porte d'entrée dans le conflit syrien. Il n'a eu besoin que de son passeport pour quitter le territoire car les mineurs n'ont plus besoin depuis janvier 2013 d'une autorisation de sortie du territoire signée par les parents.

Et le père de l'adolescent de lancer un appel à lutter contre ces extrémistes qui auraient recruté, selon le ministère de l'Intérieur, au moins 400 djihadistes français. «Ces jeunes sont des proies faciles car pour eux, comme pour mon fils, ils croient porter la parole de l’islam et défendre le peuple syrien. Ces gens, à la tête de ces réseaux, je les hais, ils salissent l’islam et les musulmans. C’est inacceptable et je ne pardonnerai jamais», dit-il
 
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