Les drogues numériques : arnaque sonore

Les drogues numériques : arnaque sonore

Depuis quelques années, les drogues numériques ont débarqué en France, sous forme de sons à écouter. Sur Internet, les témoignages sont hallucinants mais les experts crient à l'arnaque. Pourtant les sons binauraux peuvent avoir des bienfaits.

Shootés au son. Dans leurs lits, écouteurs vissés aux oreilles, ils se laissent bercer par des pistes sonores censées provoquer euphorie, vertiges, picotements... Ces sons, téléchargeables sur Internet, on les nomme e-drugs ou drogues numériques.


Un phénomène venu des États-Unis encore marginal en France mais qui fait son (tout) petit bout de chemin chez nos ados et jeunes adultes. Sur les forums, ils s'échangent des techniques pour en maximiser les effets supposés. Et se racontent leurs trips. L'un d'eux explique notamment avoir la « sensation de planer », de ne « plus se contrôler pendant dix minutes ».

« Entre l'escroquerie et l'effet placebo »

C'est le principe du battement binaural qui est censé produire des effets sur le cerveau, grâce à deux fréquences différentes diffusées dans chaque oreille. Pourtant, à la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie, on n'y croit pas beaucoup.

« On est à mi-chemin entre l'escroquerie et l'effet placebo, explique son président, Étienne Apaire. Nous n'avons jamais eu de signalement sanitaire ni d'hospitalisation concernant les e-drugs. Pour autant, il faut être attentif à ce besoin qu'ont certains jeunes de rechercher en permanence de nouveaux produits. C'est peut-être l'occasion pour les parents de discuter de la drogue. Un moyen pédagogique d'entamer le dialogue. »

Sur les forums, des messages comme « Ça ne me fait rien », « Je ne ressens rien » ou « Toujours rien : sceptique » pullulent. Ce à quoi certains usagers répondent que « les doses sont des changeurs d'humeur. Donc, il faut bien entendu se mettre en condition "mentale" pour avoir l'humeur que l'on souhaite. C'est une méditation forcée » . Rien que ça !

Vu sur Internet

Si leur effet reste donc à démontrer, les prix de ces « doses » impressionnent et varient de quelques euros à près de 200 dollars. Pour ces tarifs, on trouve des fichiers variés et aux noms évocateurs : Acid, Marijuana, Projection astrale , Orgasme (! ! !)... Chacun durant entre dix et trente minutes.

Pour Étienne Apaire, les jeunes se décident à payer ces extraits sonores car « il y a un effet "vu sur Internet",comme on avait le "vu à la télé" avant. Si c'est sur le net, c'est que c'est bien. Ceux qui vendent ces fichiers ont tout intérêt à en faire la promotion ainsi et se basent sur des faits pseudo-scientifiques. » Mais la Mission interministérielle suit ce mouvement, comme « tout phénomène émergent lié aux drogues. Nous sommes vigilants ». Jusqu'à ce que les drogues numériques s'éteignent d'elles-mêmes ?
 
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