A-t-on le droit de choisir?

Pirouettete

杜妮娅
L'"enfant parfait", quête génétique
LE MONDE | 25.10.08 | 13h53
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Va-t-on très bientôt franchir une nouvelle étape dans la sélection génétique des embryons humains conçus par fécondation in vitro ? Dans son édition datée du 24 octobre, le quotidien The Times le laisse entendre, en révélant qu'une équipe de chercheurs britanniques a mis au point une technique permettant de déterminer de multiples caractéristiques de prédispositions à de nombreuses affections à partir de l'analyse d'une seule cellule embryonnaire. Ce procédé aurait été soumis pour approbation aux autorités britanniques et pourrait être commercialisé dès le début de l'année 2009 à hauteur de 1 500 livres (1 900 euros) l'examen.




Cette perspective vient bouleverser le cadre dans lequel la sélection génétique embryonnaire avait jusqu'à présent été développée et autorisée. Elle relance aussi de manière spectaculaire la controverse éthique sur l'usage qui peut ou non être fait de cette pratique, que certains qualifient d'"eugéniste", et sur la quête de l'"enfant parfait".

Selon The Times, l'équipe du professeur Alan Handyside (Bridge Centre de Londres) serait parvenue à élargir de manière considérable la puissance d'analyse du diagnostic préimplantatoire (DPI). Mise au point à la fin des années 1980 - notamment par M. Handyside -, cette méthode se fonde sur l'analyse de certains éléments du patrimoine génétique d'embryons conçus in vitro.

Dans les familles connues pour être exposées à un risque de transmission d'une maladie d'origine génétique, elle s'est progressivement substituée à la pratique de cette même analyse sur des cellules embryonnaires prélevées par amniocentèse, dont les résultats peuvent conduire à une interruption médicale de grossesse. Les spécialistes prélèvent une seule cellule sur un embryon constitué de huit cellules. Après les analyses de biologie moléculaire ne sont implantés dans l'utérus des futures mères que les embryons qui sont indemnes de l'anomalie génétique recherchée.

En France, le DPI a été mis en oeuvre il y a moins de dix ans au terme d'une longue polémique. En quelques années, le nombre des affections pouvant être identifiées n'a cessé de croître. Selon l'Agence de la biomédecine, les principales sont la mucoviscidose, la chorée d'Huntington, l'hémophilie, certaines formes de myopathies et de handicaps mentaux.

Seuls trois centres spécialisés en procréation médicalement assistée et en biologie de la reproduction sont autorisés à mettre en oeuvre le DPI, qui aboutit en France à quelques dizaines de naissances par an. La loi de bioéthique de 2004 prévoit en outre que cette technique puisse être mise en oeuvre à titre expérimental en vue de la conception d'un enfant indemne de la maladie génétique recherchée et susceptible de soigner de façon décisive son aîné malade grâce aux cellules souches prélevées à partir du sang de cordon ombilical.

Ces derniers temps, une nouvelle question éthique avait commencé à être soulevée : celle de savoir si l'on pouvait ou non élargir cette pratique à la recherche de la prédisposition génétique à certains cancers du côlon, du sein ou de l'ovaire. En 2006, le professeur Stéphane Viville, directeur de l'Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire de Strasbourg, avait estimé qu'un tel élargissement pouvait, dans certains cas, après étude approfondie des dossiers familiaux, être justifié. Son équipe s'est déjà engagée dans cette voie en observant que cet élargissement du champ d'application du DPI était d'ores et déjà autorisé en Belgique, en Espagne et en Grande-Bretagne.

Cette initiative avait alors suscité un certain embarras chez les responsables sanitaires et éthiques. La loi française dispose, en effet, que le DPI ne peut concerner que la recherche des gènes associés à des maladies "d'une particulière gravité" et "incurables au moment du diagnostic". Il s'agit aussi d'affections dont on a la certitude qu'elles toucheront immanquablement les enfants porteurs des anomalies génétiques identifiées, ce qui n'est pas le cas dans la simple prédisposition.

Un consensus avait ensuite été trouvé, une mission officielle estimant qu'aucune modification de la loi de bioéthique n'était nécessaire pour que cette pratique puisse être mise en oeuvre dès lors qu'une série de précautions techniques seraient prises par les équipes spécialisées, et que les couples concernés seraient informés et associés à la décision. Roselyne Bachelot, ministre de la santé, avait toutefois tenu à préciser que la question devrait être abordée sur le fond en 2009, dans le cadre des débats préparatoires à la révision de la loi de bioéthique de 2004.

C'est dans ce contexte que s'inscrit l'annonce des chercheurs britanniques travaillant dans la clinique privée londonienne de Bridge Centre. En ayant recours aux nouvelles techniques de séquençage à très haut débit des génomes et sur la base de l'ensemble des derniers acquis de la génétique, ils estiment être en mesure de proposer des analyses de prédisposition dépassant très largement les seuls cancers familiaux. Ils assurent ainsi pouvoir identifier, dans le cadre du DPI, les caractéristiques génétiques tenues pour être associées à une prédisposition au diabète, à certaines affections cardiovasculaires ou neurodégénératives.

L'autorité britannique chargée de surveiller les activités de procréation médicalement assistée devrait prochainement dire si elle autorise ou non la commercialisation de ce procédé. Cette nouvelle possibilité technique se heurte toutefois à un obstacle pratique : le nombre limité des embryons pouvant, dans un couple, être conçus par fécondation in vitro, soit en moyenne moins d'une dizaine par tentative. "Quand vous commencez à rechercher plus de deux ou trois caractères génétiques, vous n'avez aucune chance d'obtenir l'embryon correspondant", reconnaît Alan Thornhill, le directeur scientifique du Bridge Centre. Dans l'attente de pouvoir produire des ovocytes humains à partir de cellules souches, cette situation limite de fait l'usage qui pourra être fait d'une sélection embryonnaire fondée sur une telle combinatoire génétique.

Jean-Yves Nau
 

Pirouettete

杜妮娅
Pour les adeptes de la version courte:


Une équipe de chercheurs britanniques a mis au point une technique permettant de déterminer de multiples caractéristiques de prédispositions à de nombreuses affections à partir de l'analyse d'une seule cellule embryonnaire. Ce procédé aurait été soumis pour approbation aux autorités britanniques et pourrait être commercialisé dès le début de l'année 2009 à hauteur de 1 500 livres (1 900 euros) l'examen
:D
 

LuneSoleil

Ombres et fumée...
Pour les adeptes de la version courte:


Une équipe de chercheurs britanniques a mis au point une technique permettant de déterminer de multiples caractéristiques de prédispositions à de nombreuses affections à partir de l'analyse d'une seule cellule embryonnaire. Ce procédé aurait été soumis pour approbation aux autorités britanniques et pourrait être commercialisé dès le début de l'année 2009 à hauteur de 1 500 livres (1 900 euros) l'examen
:D

Oh, merci, j'avais déjà commencé à lire le premier mot du premier article en sautant tout de suite après au dernier :D (je plaisante, mais étais à deux doigts de le faire)
 
L'utilisation d'un tel procédé peut conduire à des assassinats purs et simples. S'il y a en effet des familles où un gène défectueux existe et peut être transmis, il ne résulte pas, d'une part que ce gène est transmis à chaque fécondation, d'autre part que transmis, ce gène exprimera son défaut. On peut en effet observer que dans des familles où une personne est atteinte d'une maladie génétique, les autres personnes de la génération ne le sont pas.
 
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