Enfants radicalisés, la détresse des parents

« Ces jeunes sont en quête de sens, explique le psychanalyste Patrick Amoyel, l’un des fondateurs d’Entr’Autres. Il y a chez la plupart d’entre eux un sentiment très diffus de trahison. C’est comme si, à leurs yeux, la vie n’avait pas tenu toutes ses promesses. Ils sont en recherche d’un discours qui fasse totalement sens. Et c’est ce qu’ils trouvent dans une lecture littéraliste et radicale de l’islam. »

Ce qui les rend, par la même occasion, totalement hermétique à tout discours rationnel. Que faire, dès lors ? « Il faut retisser un lien affectif avec eux, sans tenter coûte que coûte de leur apporter la contradiction sur le terrain rationnel. Les choses se jouent ailleurs. »

...

Plus de huit mille personnes radicalisées

On recense actuellement en France 8 250 personnes radicalisées, soit une augmentation de près de 50 % en un an, selon une note de l’Unité de coordination de la lutte antiterroriste du ministère de l’intérieur datée de janvier 2016.


La proportion de convertis atteint 38 % de ce total. Les mineurs presque 20 %, avec 1 632 jeunes concernés.

On y dénombre 867 femmes ou jeunes filles. Parmi elles, 218 femmes ont rejoint la zone irako-syrienne, auxquelles s’ajoutent 51 adolescentes.


Il y a 605 combattants volontaires qui ont quitté la France pour rejoindre la Syrie et 738 candidats au djihad ont manifesté des velléités de départ ; 250 individus, de retour de Syrie, sont actuellement mis en examen, la plupart étant en détention provisoire.

Contrairement à une idée répandue, Internet jouerait un rôle plus limité qu’on ne le pensait au départ. Seuls 5 % des individus concernés se seraient radicalisés en ligne.

(source: http://www.la-croix.com/France/Secu...la-detresse-des-parents-2016-02-17-1200740668)


Ca explique pourquoi la logique ne marche pas avec eux...Quand même, il faut leur offrir une alternative...
 

Pareil

Just like me :D
VIB
Il aurait été bien d'avoir également une idée du milieu social en fonction des profils (sexe, convertis ou non, etc).


En tout cas, une telle proportion de convertis montre que le prétexte de la discrimination raciale n'est pas là, ou de manière moindre que ce qui est trop souvent présenté.
 
Voilà une autre analyse intéressante, qui montre le problem de radicalisation comme un problème complexe qu'il est en fait:

"Les djihadistes ne sont pas tous des déshérités, comme veut le croire une certaine gauche marxisante. Mais les djihadistes ne sont non plus tous des «immigrés» ou des «étrangers», comme le prétend une certaine droite nationaliste. Pour comprendre cette puissance d'aimantation, les causes sociales et les enjeux nationaux doivent être pris en compte, bien sûr, mais si on évacue la force propre du religieux, on passe à côté d'un aspect essentiel.
...
Il y a un djihad «de souche», si j'ose dire, dont témoigne le nombre de convertis parmi les soldats de l'État islamique, à l'image du jeune normand Maxime Hauchard. Il y a quelques semaines, L'Obs évoquait le cas d'une élève de khâgne, issue d'une famille française sans lien aucun avec la tradition musulmane, qui a rejoint Daech après s'être convertie. Il n'est pas du tout impossible qu'un nombre de plus en plus grand de jeunes Français d'origine basculent dans l'islamisme. Le djihadisme est un phénomène planétaire, irréductible à une grille de lecture obsédée par le clivage natifs/immigrés. Tout comme je ne nie pas la dimension sociale du phénomène, je tiens compte des aspects migratoires. Mais le principal enjeu est théologico-politique. Pour combattre l'islamisme, il faut se souvenir de ce que le philosophe Michel Foucault nommait la «spiritualité politique», autrement dit la politique en tant qu'elle peut être embrasée par la religion. Surtout, il faut regarder en face la guerre civile qui ravage de l'intérieur le monde musulman.
...
 
C'est nier l'existence d'un courant critique qui, bien qu'aujourd'hui sur la défensive, et souvent menacé, est ancien. Les intellectuels, les théologiens, les simples croyants qui incarnent ce courant tentent de soustraire leur tradition, l'islam, à tous ceux qui la défigurent et voudraient la verrouiller dans un destin sanglant. En France, ce courant critique est représenté par les regrettés Mohammed Arkoun et Abdelwahab Meddeb, aujourd'hui décédés, mais aussi par des penseurs bien vivants comme Rachid Benzine ou Abdennour Bidar, pour ne citer qu'eux. Depuis le XIXe siècle au moins, du reste, la «modernisation» de l'islam a été une obsession de nombreux intellectuels arabes, turcs, indiens ou iraniens, convaincus que cette réforme était nécessaire pour préserver le rayonnement de l'islam, voire pour lui donner force, malgré la domination de l'Occident. C'est d'ailleurs contre ces entreprises de réforme que se sont dressés les hommes que l'on nomme aujourd'hui «islamistes». Contrairement à ce qu'on croit souvent, ces courants intégristes ne représentent pas un islam originel, ils ne sont pas la butte-témoin d'une époque lointaine où cette religion aurait été encore «pure» de toute influence étrangère: en réalité, l'islamisme est né au XIXe siècle, en réaction aux tentatives de réforme. En cela, les mouvements islamistes sont moins «archaïques» que postmodernes, puisqu'ils représentent une rébellion contre le projet de modernisation de l'islam. La rhétorique que j'appelle «rien-à-voiriste», comme on dit «à-quoi-boniste», a pour effet pervers de prendre à revers tous ces intellectuels qui luttent pour dissocier l'islam de sa perversion islamique. En ânonnant ainsi que le terrorisme djihadiste n'a «rien à voir» avec l'islam, les plus hautes instances de l'État n'ont pas seulement orchestré une dangereuse dénégation, ils ont aussi planté un poignard dans le dos de tous les intellectuels et théologiens musulmans qui refusent de voir leur religion réduite à ses avatars meurtriers."

(source: http://www.lefigaro.fr/vox/religion...-djihadistes-en-les-traitant-de-salopards.php)


Et là, où il dit qu'en ânonnant que le terrorisme djihadiste n'a rien à avoir avec l'Islam, ils ont planté un poignard dans le dos de tous les intellectuels et théologiens musulmans qui refusent de voir leur religion réduite à ses avatars meurtriers, je suis d'accord. Entre islamophobe "c'est l'Islam" et gaushiste et défensive musulman "ça n'a rien à voir avec l'Islam" il faut nuancer d'une manière appropriée.
 
Il y a un djihad «de souche», si j'ose dire, dont témoigne le nombre de convertis parmi les soldats de l'État islamique, à l'image du jeune normand Maxime Hauchard.
ça m'interloque ce truc : ce gars a grandi à quelques kilomètres de là où j'ai grandi. Maintenant, le "petit gars du bocage normand" se montre sur une vidéo de propagande en train de décapiter un gars chez Daesh :confused:

J'avais aussi lu cet article qui a fait un gros débat parmi les commentateurs habituels du Figaro : z'ont pas l'habitude qu'un journaliste du Monde viennent faire une tribune dans leur canard...
 

HassanGedeze

Hassan Gedezel ...
la société telle qu'elle est construite, fondée, et agencée, ne propose t-elle pas un certains nombre ( et un nombre certains) d'anomalies et de non-sens ?
ces non-sens et ces anomalies ne sont telles pas des brèches où s'engouffrent des "assoiffées" et " aspirants de sens" ?
ces brèches ne sont-elles alors exploitées par la société elle-même pour assouvir son dessein et son plan ?

Si un problème survient dans ma vie, je cherche à résoudre le problème ..certes ... mais surtout je me remets en cause de manière saine et juste, je détermine mon erreur... c'est l'attitude saine et juste ... :prudent:

Tant que la société ne proposera pas des sens et du réalisme ... la brèche sera toujours présente. ce n'est pas une course à l'inspections des masses "haineuses" qui importe ... c'est une course vers le sens ...

l'individu est coupable de son crime, il n'y a pas de doutes, mais la société qui nous régit, nous propose t-elle ce qui est au mieux ?
n'a t-elle pas une part de responsabilité ? le gouvernement qui se succèdent pour la gloriole de leur histoire, prennent-ils des décisions qui cadrent et guident le peuple vers sa stabilité et son épanouissement ?

Si l'on s'obstine à vouloir seulement guérir les fruits malades, d'un arbre malade à sa sève, n'est ce pas une énorme stupidité ? à moins que cette maladie sert une fonction précise, dans ce cas l'arbre n'est plus un bénéfice, mais bien un arbre d'iniquité ! :pleurs:
 
@HassanGedeze

Tu as raison de dire que ces radicalisations de jeunes doivent nous interroger. Pour ce qui est de la recherche de sens, je ne suis pas certain qu'il ne s'agisse que de cela. Car si ces jeunes étaient simplement en quête de sens à donner à leur vie, ils auraient également pu rejoindre une (vraie) association caritative, s'investir dans l'apprentissage d'une religion/philosophie ou autre, militer en politique ou dans un syndicat, un collectif...

De plus, le problème n'est pas propre aux sociétés européennes ou occidentales : de nombreux autres pays musulmans voient aussi leurs jeunes partir chez Daesh comme le Maroc, la Tunisie, la Turquie...

Je pense que le problème a de multiples facettes, de multiples causes. Alors :
- la faute de la société ? Oui sûrement, mais certains sont partis en Syrie alors qu'ils étaient bien intégrés, avaient un taf, une famille...
- la faute à l'islam ? Oui sûrement, mais certaines recrues n'avaient jamais ouvert le coran avant...
- la faute à l'islamophobie ? Oui aussi mais certains nouveaux daeshiens sont aussi blancs que moi et n'ont jamais connu racisme ou discrimination...
- la faute à l'école ? Oui sûrement, mais certains qui sont partis étaient aussi diplômés comme cette élève en prépa-SciencePo ou ce gars en école d'ingénieur
- la faute à l'entourage ? Oui, sûrement aussi vu le nombre de ces gamins embrigadés qui ont grandi sans père... mais d'autres avait des parents aimants et cela ne les a pas empêché de partir...

Après, on peut aussi rajouter l'influence des jeux vidéos, du gangsta rap, du rêve d'argent facile, de la prison, du web, des médias...

Je ne sais pas ce qui pousse ces jeunes à partir devenir des assassins chez Daesh. Mais cela fait maintenant plus d'un an que ceux qui vont les rejoindre ne peuvent pas prétendre qu'ils pensaient y faire de l'humanitaire. Ils savent précisément qu'ils vont rejoindre un groupe d'assassins, de violeurs, d'esclavagistes régis par une pseudo théocratie démente. Alors, quel sens peuvent-ils vouloir trouver là-bas à part celui de devenir à leur tour des assassins et des criminels ?
J'ai du mal à croire qu'ils ne le savent pas.
 

HassanGedeze

Hassan Gedezel ...
je ne suis pas convaincu du sens de notre société, de nos sociétés, car elles sont fondées sur des bases douteuses, et sont gérées de manières troubles mais tellement évidentes, cela n'échappe à ceux qui veulent la changer ... ils s'agrippent à des raccourcis : et c'est ce que je disais en fin de texte, ces raccourcis, sont des créations de ces mêmes sociétés, qui servent au final, à leurs intérêts...
 
Au risque de passer pour un cynique/dépressif/désabusé, je pense qu'aucune société n'a vraiment de sens à proposer. Enfin, disons que je ne vois aucun modèle idéal, qui reste d'ailleurs une utopie.

Dans le passé, ce sont souvent ces utopies qui ont mobilisé les hommes et changé (en bien ou en mal mais souvent en guerre et en morts) les pays et les sociétés.

Quand j'avais 20 ans, moi, l'utopie qui me paraissait la plus séduisante était celle d'un des pères de l'anarchisme, Proudhon (ouais, moi aussi j'ai été rebelle !).
Mais il ne parlait pas de tuer tous ceux qui sont pas d'accord avec toi, ni de violer toutes les femmes possibles, ni d'esclavagiser le reste du monde comme le dit et le fait Daesh. Comment peut-on être motivé par cet idéal de vie ??!!?? Cela me dépasse. J'arrive toujours pas à comprendre comment des jeunes crétins peuvent se lever un matin en se disant "ah ouais, tiens, je vais aller chez Daesh parce que ce qu'ils font va donner un sens à ma vie".
Pour moi, ces gars et filles qui vont les rejoindre sont entre les psychopathes, les sociopathes, les salo.pards (comme le dit l'article), les paumés, les crétins, les neuneus, les caïds à petits bras, les midinettes nympho...

Parce que Daesh ne défend aucune noble cause : les Syriens et Irakiens, ils les tuent et les exploitent. Les Palestiniens, il ne me semble pas qu'ils s'en soucient. Les Musulmans, ils les tuent et les prend collectivement en otages en se revendiquant de leurs croyances. Le capitalisme, ils en usent pour leur juteux trafics. Ils ont même rétabli l'esclavage !

ils s'agrippent à des raccourcis : et c'est ce que je disais en fin de texte, ces raccourcis, sont des créations de ces mêmes sociétés, qui servent au final, à leurs intérêts...

J'en arrive à ta conclusion. Je ne sais pas qui a créé Daesh (qui a probablement plein de parents dans les causes directes, financement, logistique...).
Mais je pense que Daesh n'est qu'un groupe suprématiste et sectairo-mafieux et que, même si certains de ses membres croient probablement dans la salade mystico-religieuse de cette secte, la plupart sont juste là pour jouer à être le caïd avec des femmes, des esclaves, du pognon, le quart d'heure de célébrité sur Youtube quand ils seront filmés en train de décapiter des gens et le pouvoir de faire suer plein de monde autour d'eux.

Ce que la propagande de Daesh ne leur dit pas (ou en le glorifiant façon film Hollywoodien), c'est qu'ils auront aussi une jolie ceinture explosive en cadeau.
Quelle bêtise !
 

HassanGedeze

Hassan Gedezel ...
... ces raccourcis ... ce sont des raccourcis, isolés de toutes démarches universelles, naturelles ... nous sommes d'accord ... ce que propose Daesh, est loin d'être un exemple de sagesse ... et c'est le but ... et c'est là qu'il faut être attentif ...

tu parles de désabusé ou de cynisme, et je dirais que cela pourrait être plus ou moins vrai , mais je crois que c'est le sentiment de beaucoup :eek:

car le but de ces sociétés, basées effectivement sur des Utopies, est de détruire toute espace à l'Idéal ...

pour que l'Utopie subsiste (utopie comme usurpation) , il est nécessaire que l'image de l'Idéal soit salie, bannie, et désabusée ...
et depuis bien longtemps, qu'on le sache .

donc tout ce qui se rapproche de l'idéal, est traitée de manière scrupuleuse par l'Utopie, afin de créer des chimères déviantes des intentions saines de vouloir atteindre cet idéal ...

c'est d'ailleurs, le symbole religieux (et sans entrer dans le domaine de croyance) : de l'antéchrist .. puis du Messie
l'antéchrist, anticipe l'arrivée du Messie, il propose donc un modèle, imitant (singer/imiter comme le singe)
: le faux modèle Idéal ... ceux qui attisés par les maux de leurs âmes, foncent et courent vers ce faux Idéal (fils de l'Utopie), tombent dans le piège de l'antéchrist, car, par manque de recul et de humilité, ils ne discernent plus le rôle de l'antéchrist ...
mais celui qui banni, l'idéal, parce que l'Utopie lui ferme la porte à sa projection de l'Idéal, alors il est aussi dans les griffes de cet antéchrist ...
c'est un mécanisme triangulaire. Utopie+Fils de l'Utopie(scrupuleusement salissure de l'Idéal)+ renie de l'Idéal

Le but n'est pas de se fixer sur daesh ... c'est politique ... Cela a été créé pour des raisons précises ...

Le but est d'ouvrir ce triangle et de discerner l'avancée de l'Histoire Authentique .

discernement et clairvoyance, voilà les qualités qu'il faut amener pour rejoindre ceux qui vivent l’authentique dans l'Idéal, et, s'opposent à cette utopie, avec Sagesse et Guidée ...

Allez un peu de légèreté : Alain Souchon : foul sentimentale ! :pleurs:
 
je suis d'accord avec tout ce que vous avez dit. On peut dire que la société d'ajourd'hui offre un terrain fertile pour ce genre des anomalies. Cependant, le facteur actif est sans doute, comme superzambo a dit - le djihadisme et le fondamentalisme propagé par certains. Puis, il reste à comprendre pourquoi de plusieurs personnes du même milieu exposés aux mêmes courants de pensées, seulement quelques uns finissent en tombant dans le piège de l'extrémisme propagé par Daech...
 

Ismail82

Peace & love !
les faibles tombent sous la coupelle de manipulateurs haineux .
je suis d'accord avec tout ce que vous avez dit. On peut dire que la société d'ajourd'hui offre un terrain fertile pour ce genre des anomalies. Cependant, le facteur actif est sans doute, comme superzambo a dit - le djihadisme et le fondamentalisme propagé par certains. Puis, il reste à comprendre pourquoi de plusieurs personnes du même milieu exposés aux mêmes courants de pensées, seulement quelques uns finissent en tombant dans le piège de l'extrémisme propagé par Daech...
 

Ismail82

Peace & love !
que se soit dans les familles françaises de souches ou issus de l'immigration, faut pas se leurrer, l'éducation basée sur la haine ou le mépris de l'autre laisse des traces et une empreinte qui sur les personnes faibles peut conduire à l' endoctrinement et on voit ou ça nous même .
 
Dernière édition:
ce que je dis souvent est que c'est très intérsessant de voir que les islamophobes, ou les partisans de l'extrême droite, et fondamentalistes et radicaux musulmans ont une meme vision soit de l'Islam soit de la politique mondiale...la haine nourisse leurs visions
 
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