Enquête. ce que veut vraiment l’etat islamique

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http://www.courrierinternational.com/article/enquete-ce-que-veut-vraiment-letat-islamique dans The Atlantic offre un éclairage sans précédent sur les objectifs et les fondements idéologiques de Daech. Soutenant la thèse selon laquelle l’organisation se définit essentiellement par sa lecture littérale du Coran, elle a suscité de nombreuses réactions. En voici, en exclusivité, l’essentiel.

Qu’est-ce que l’Etat islamique [EI, Daech en arabe] ? D’où vient cette organisation et quelles sont ses intentions ? La simplicité de ces questions peut être trompeuse, et rares sont les dirigeants occidentaux qui connaissent les réponses. En décembre 2014, The New York Times a publié des remarques confidentielles du général Michael K. Nagata, commandant des opérations spéciales pour les Etats-Unis au Moyen-Orient, qui admettait être encore très loin de comprendre l’attrait exercé par l’Etat islamique. “Nous ne comprenons pas cette idéologie.”

L’organisation s’est emparée de Mossoul, en Irak, en juin 2014 et règne déjà sur une zone plus vaste que le Royaume-Uni. A sa tête depuis mai 2010, Abou Bakr Al-Baghdadi est monté le 5 juillet 2014 à la chaire de la Grande Mosquée Al-Nour, à Mossoul, en se présentant comme le premier calife depuis des générations. Il s’en est suivi un afflux mondial de djihadistes, d’une rapidité et dans des proportions sans précédent.

Nos lacunes sur l’EI sont d’une certaine façon compréhensibles : l’organisation a fondé un royaume isolé et peu de gens en sont revenus. Abou Bakr Al-Baghdadi ne s’est exprimé qu’une seule fois devant une caméra. Mais son discours ainsi que d’innombrables vidéos et brochures de propagande de l’EI sont accessibles sur Internet et les sympathisants du califat se sont donné beaucoup de mal pour faire connaître leur projet.

Non, l’Etat islamique n’est pas “très islamique”
pour deux raisons. Tout d’abord, nous avons tendance à appliquer la logique d’Al-Qaida à une organisation qui l’a clairement éclipsé. Les sympathisants de l’EI avec qui j’ai discuté font toujours référence à Oussama Ben Laden sous le titre honorifique de “cheikh Oussama”, mais le djihadisme a évolué depuis l’âge d’or d’Al-Qaida (de 1998 à 2003) et nombreux sont les djihadistes qui méprisent les priorités et les dirigeants actuels de l’organisation.


Oussama Ben Laden considérait le terrorisme comme un prologue au califat, qu’il ne pensait pas connaître de son vivant. Son organisation était informelle, constituée d’un réseau diffus de cellules autonomes. L’EI, au contraire, a besoin d’un territoire pour asseoir sa légitimité, ainsi que d’une structure hiérarchisée pour y régner.

En second lieu, nous avons été induits en erreur à cause d’une campagne bien intentionnée mais de mauvaise foi visant à nier la nature religieuse médiévale de l’EI. Peter Bergen, qui a produit la première interview avec Ben Laden en 1997, a intitulé son premier ouvrage Guerre sainte, multinationale [éd. Gallimard, 2002], notamment pour affirmer que le leader d’Al-Qaida était un produit du monde laïc moderne.

Ben Laden a organisé la terreur sous la forme d’une entreprise comptant des franchises. Il exigeait des concessions politiques précises, comme le retrait des troupes américaines d’Arabie Saoudite. Le dernier jour de sa vie, Mohamed Atta [l’un des responsables des attentats du 11 septembre 2001] a fait des courses à Walmart et dîné à Pizza Hut.

Mahomet à la lettre

Il est tentant de reprendre cette observation – les djihadistes sont issus du monde laïc moderne, avec des préoccupations politiques de leur temps, mais déguisés avec des habits religieux – pour l’appliquer à l’EI. Pourtant, beaucoup de ses actions paraissent insensées si on ne les envisage pas à la lumière d’une détermination sincère à faire revenir la civilisation à un régime juridique du VIIe siècle et à faire advenir, à terme, l’apocalypse.

La vérité est que l’EI est islamique. Très islamique. Certes, le mouvement a attiré des psychopathes et des gens en quête d’aventures, souvent issus des populations défavorisées du Moyen-Orient et d’Europe. Mais la religion que prêchent les plus fervents partisans de l’EI est issue d’interprétations cohérentes et même instruites de l’islam.

Presque chaque grande décision ou loi proclamée par l’EI obéit à ce qu’il appelle la “méthodologie prophétique”, qui implique de suivre la prophétie et l’exemple de Mahomet à la lettre. Les musulmans peuvent rejeter l’EI, comme le fait l’écrasante majorité d’entre eux. Néanmoins, prétendre que ce n’est pas une organisation religieuse millénariste dont la théologie doit être comprise pour être combattue a déjà conduit les Etats-Unis à sous-estimer l’organisation et à soutenir des plans mal pensés pour la contrer.

Nous devons apprendre à mieux connaître la généalogie intellectuelle de l’EI si nous voulons réagir non pas de façon à le rendre plus fort, mais plutôt de façon à faire qu’il s’immole lui-même dans un excès de zèle.

I. Dévotion

En novembre 2014, l’EI a diffusé une vidéo de promotion retraçant ses origines jusqu’à Ben Laden. Le film mentionnait Abou Moussab Al-Zarqaoui, le violent dirigeant d’Al-Qaida en Irak de 2003 jusqu’à sa mort, en 2006, faisant de lui un mentor plus direct. Il citait également deux autres chefs de guérillas ayant précédé Abou Bakr Al-Baghdadi, le calife. Aucune mention en revanche du successeur de Ben Laden et dirigeant actuel d’Al-Qaida, le chirurgien ophtalmologiste égyptien Ayman Al-Zawahiri.

Al-Zawahiri n’a pas fait allégeance à Abou Bakr Al-Baghdadi et il est de plus en plus haï par ses confrères djihadistes. Son isolement est renforcé par son manque de charisme. Mais la rupture entre Al-Qaida et l’EI est amorcée depuis longtemps.

Une autre figure importante est aujourd’hui en disgrâce : Abu Muhammad Al-Maqdisi, un religieux jordanien de 55 ans qui est l’un des grands architectes intellectuels d’Al-Qaida. Sur presque toutes les questions de doctrine, Al-Maqdisi et l’EI sont d’accord. Ils sont étroitement liés à l’aile djihadiste d’une branche du sunnisme appelée le salafisme, d’après l’expression arabe al salaf al salih, “les pieux devanciers”. Ces “devanciers” sont le Prophète lui-même et ses premiers disciples, que les salafistes honorent et imitent.

Al-Maqdisi a été le mentor d’Al-Zarqaoui, qui est allé en Irak avec ses conseils en tête. Avec le temps, l’élève a toutefois surpassé son maître, qui a fini par le critiquer. Leur contentieux concernait le penchant d’Al-Zarqaoui pour les spectacles sanglants – et, d’un point de vue doctrinaire, sa haine des musulmans non salafistes, qui allait jusqu’à les excommunier et les exécuter.

Dans l’islam, le takfîr, ou excommunication, est une pratique dangereuse d’un point de vue théologique. Si l’accusateur a tort, alors il est lui-même apostat car il s’est rendu coupable d’une fausse accusation – un acte puni de mort. Et pourtant, Abou Moussab Al-Zarqaoui a imprudemment allongé la liste des comportements pouvant rendre les musulmans infidèles.
 
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Abu Muhammad Al-Maqdisi a écrit à son ancien élève qu’il devait se montrer prudent et ne pas “émettre de larges proclamations de takfîr” ou “déclarer des personnes coupables d’apostasie en raison de leurs péchés”. La distinction entre apostat et pécheur est un des désaccords fondamentaux entre Al-Qaida et l’EI.

Nier la sainteté du Coran ou les prophéties de Mahomet relève clairement de l’apostasie. Mais Abou Moussab Al-Zarqaoui et l’organisation qu’il a créée estiment que de nombreux actes peuvent justifier d’exclure un musulman de l’islam, comme vendre de l’alcool et des drogues, porter des vêtements occidentaux, se raser la barbe ou encore voter lors d’une élection.

Etre chiite est aussi un motif d’exclusion, car l’EI estime que le chiisme est une innovation, or innover par rapport au Coran revient à nier sa perfection initiale. Ainsi quelque 200 millions de chiites sont menacés de mort. Il en va de même pour les chefs d’Etat de tous les pays musulmans, qui ont élevé le droit des hommes au dessus de la charia en se présentant à des élections ou en appliquant des lois qui ne viennent pas de Dieu.

Conformément à sa doctrine sur l’excommunication, l’EI s’engage à purifier le monde en exterminant de larges groupes de personnes. Les publications sur les réseaux sociaux laissent penser que les exécutions individuelles se déroulent plus ou moins en continu et que des exécutions de masse sont organisées à quelques semaines d’intervalle. Les “apostats” musulmans sont les victimes les plus nombreuses. Il semble en revanche que les chrétiens qui ne résistent pas au nouveau pouvoir échappent à l’exécution automatique. Abou Bakr Al-Baghdadi les laisse vivre tant qu’ils paient un impôt spécial, appelé jizya, et qu’ils se soumettent.

Retour à un islam “ancien”

Des siècles se sont écoulés depuis la fin des guerres de religion en Europe. Depuis, les hommes ont cessé de mourir en masse pour d’obscurs différends théologiques. C’est peut-être pour cette raison que les Occidentaux ont accueilli la théologie et les pratiques de l’EI avec tant d’incrédulité et un tel déni.

De nombreuses organisations musulmanes traditionnelles sont même allées jusqu’à affirmer que l’EI était “contraire à l’islam”. Toutefois, les musulmans qui emploient cette expression sont souvent “embarrassés et politiquement corrects, avec une vision naïve de leur religion” qui néglige “ce qu’elle a impliqué, historiquement et juridiquement”, suggère Bernard Haykel, chercheur de Princeton d’origine libanaise et expert de premier plan sur la théologie de l’EI.

Tous les universitaires à qui j’ai posé des questions sur l’idéologie de l’EI m’ont renvoyé vers Bernard Haykel. Selon ce dernier, les rangs de l’EI sont profondément imprégnés d’ardeur religieuse. Les citations du Coran sont omniprésentes. Pour lui, l’argument selon lequel l’EI a déformé les textes de l’islam est grotesque et on ne peut le soutenir que par ignorance volontaire. “Les gens veulent absoudre l’islam, explique-t-il, d’où le mantra affirmant que ‘l’islam est une religion pacifique’. Comme s’il existait un ‘islam’ ! Ce qui compte, c’est ce que font les musulmans et comment ils interprètent leurs textes. Les membres de l’EI ont la même légitimité que n’importe qui d’autre.”
Tous les musulmans reconnaissent que les premières conquêtes de Mahomet ont été chaotiques et que les lois de la guerre transmises par le Coran et les récits sur le règne du Prophète étaient adaptées à une époque troublée et violente. Bernard Haykel estime que les combattants de l’EI représentent un authentique retour à un islam ancien et qu’ils reproduisent fidèlement ses pratiques guerrières. Cela englobe un certain nombre de pratiques que les musulmans modernes préfèrent ne pas reconnaître comme faisant partie intégrante de leurs textes sacrés.

“L’esclavage, la crucifixion et les décapitations ne sont pas des éléments que des [djihadistes] fous sélectionneraient dans la tradition médiévale”, affirme Bernard Haykel. Les combattants de l’EI sont “en plein dans la tradition médiévale et ils la transposent dans son intégralité à l’époque contemporaine”.

Le Coran précise que la crucifixion est l’une des seules sanctions permises contre les ennemis de l’islam. La taxe imposée aux chrétiens est clairement légitimée par la sourate At-Tawbah, neuvième chapitre du Coran, qui intime aux musulmans de combattre les chrétiens et les juifs “jusqu’à ce qu’ils versent la capitation [la taxe] de leurs propres mains, après s’être humiliés”.

Lorsque l’EI a commencé à réduire des gens en esclavage, même certains de ses sympathisants ont renâclé. Néanmoins, le califat a continué à pratiquer l’asservissement et la crucifixion. “Nous conquerrons votre Rome, briserons vos croix et asservirons vos femmes, a promis Mohamed Al-Adnani, porte-parole de l’EI, dans l’un des messages qu’il a adressés à l’Occident. Si nous n’y parvenons pas, nos enfants et nos petits-enfants y parviendront. Et ils vendront vos fils sur le marché aux esclaves.”

II. Territoire

En novembre 2014, je me suis rendu en Australie pour rencontrer Musa Cerantonio, un trentenaire identifié comme l’une des deux plus importantes “nouvelles autorités spirituelles” guidant les étrangers pour qu’ils rejoignent l’EI. Pendant trois ans, il a été télévangéliste sur Iqraa TV, au Caire, mais il est parti quand la chaîne a contesté ses appels fréquents à la création d’un califat. Maintenant, il prêche sur Facebook et Twitter.

Musa Cerantonio, un homme grand et avenant à l’air studieux, raconte qu’il blêmit à la vue des vidéos de décapitations. Il déteste voir la violence, même si les sympathisants de l’EI sont contraints de la soutenir. Il a une barbe broussailleuse qui rappelle certains fans du Seigneur des anneaux, et son obsession pour l’idéologie apocalyptique de l’islam m’était familière.

En juin 2014, Musa Cerantonio et son épouse ont tenté d’émigrer – il n’a pas précisé où (“Il est illégal de partir en Syrie”, précise-t-il méfiant) – mais ils ont été arrêtés en route, aux Philippines, et expulsés vers l’Australie. En Australie, chercher à rejoindre l’EIou se rendre sur son territoire est une infraction ; le gouvernement a donc confisqué le passeport de Musa Cerantonio. Jusqu’à présent, toutefois, il est libre. C’est un idéologue sans affiliation officielle, mais dont la parole fait autorité auprès des autres djihadistes pour ce qui touche à la doctrine de l’EI.

Nous nous sommes donné rendez-vous pour déjeuner à Footscray, une banlieue multiculturelle très peuplée de Melbourne. Musa Cerantonio a grandi là, dans une famille italo-irlandaise.
 

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Il me raconte sa joie lorsque Abou Bakr Al-Baghdadi a été déclaré calife, le 29 juin 2014, ainsi que l’attraction que l’Irak et la Syrie ont commencé à exercer sur lui et ses amis. “J’étais dans un hôtel [aux Philippines] et j’ai vu la déclaration à la télévision. J’étais ébahi et je me disais ‘Qu’est-ce que je fais coincé dans cette foutue chambre ?’”

Le dernier califat historique est l’Empire ottoman, qui a connu son âge d’or au XVIe siècle, avant de subir un long déclin jusqu’à sa disparition en 1924. Mais Musa Cerantonio, comme de nombreux sympathisants de l’EI, met en doute la légitimité de ce califat, car il n’appliquait pas intégralement la loi islamique, qui requiert lapidation, esclavage et amputations, et parce que ses califes ne descendaient pas de la tribu du Prophète, les Quraychites.

Abou Bakr Al-Baghdadi a longuement insisté sur l’importance du califat dans le sermon qu’il a prononcé à Mossoul. Il a expliqué que faire renaître l’institution du califat – qui n’a existé que de nom pendant environ mille ans – était une obligation commune. Lui et ses fidèles s’étaient “empressés de déclarer le califat et de nommer un imam” à sa tête, a-t-il déclaré. “C’est le devoir des musulmans, un devoir qui a été négligé pendant des siècles… Les musulmans commettent un péché en l’oubliant et ils doivent constamment chercher à l’établir.”

Comme Oussama Ben Laden avant lui, Abou Bakr Al-Baghdadi s’exprime avec emphase, utilisant de nombreuses allusions coraniques et en affichant une grande maîtrise de la rhétorique classique. Mais contrairement à Ben Laden et aux faux califes de l’Empire ottoman, il est Quraychite.

Le califat, m’a expliqué Musa Cerantonio, n’est pas uniquement une entité politique mais également un véhicule du salut. La propagande de l’EI relaie régulièrement les serments de bay’a (allégeance) des autres organisations djihadistes. Musa Cerantonio m’a cité un proverbe attribué au Prophète selon lequel mourir sans avoir fait vœu d’allégeance revient à mourir jahil (ignorant) et donc à “mourir hors de la foi”.
 

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Pour être calife, il faut remplir les conditions précisées par le droit sunnite : être un homme musulman adulte descendant de Quraych, manifester une probité morale, une intégrité physique et mentale, et faire preuve de ’amr, c’est-à-dire d’autorité. Ce dernier critère, selon Musa Cerantonio, est le plus difficile à remplir, et il exige que le calife ait un territoire sur lequel faire régner la loi islamique.

Après le sermon d’Abou Bakr Al-Baghdadi, les djihadistes ont commencé à affluer quotidiennement en Syrie, plus motivés que jamais. Jürgen Todenhöfer, auteur allemand et ancienne figure politique qui s’est rendu dans les territoires contrôlés par l’EI en décembre 2014, a déclaré avoir vu affluer, en deux jours seulement, 100 combattants au poste de recrutement installé sur la frontière turque.

A Londres, une semaine qui a précédé mon déjeuner avec Musa Cerantonio, j’ai rencontré trois anciens membres d’un groupe islamiste interdit appelé Al-Muhajiroun (Les émigrés) : Anjem Choudary, Abu Baraa et Abdul Muhid. Tous trois souhaitaient émigrer pour rejoindre l’EI, mais les autorités ont confisqué leurs passeports. Comme Musa Cerantonio, ils considéraient le califat comme le seul gouvernement légitime. Dans nos entretiens, leur principal objectif était de m’expliquer ce que représente l’EI et en quoi sa politique reflète la loi de Dieu.

Anjem Choudary, 48 ans, est l’ancien chef du groupe. Il apparaît souvent dans les émissions d’information sur le câble car il est l’une des seules personnes que les producteurs peuvent inviter en étant assurés qu’il défendra l’EI avec véhémence – jusqu’à ce qu’on coupe son micro. Au Royaume-Uni, il a une réputation de détestable fanfaron, mais lui et ses disciples croient sincèrement en l’EI et ils diffusent sa doctrine. Anjem Choudary et consorts sont très présents sur les fils Twitter des habitants des territoires contrôlés par l’EI et Abu Baraa gère une chaîne YouTube pour répondre aux questions sur la charia.
 

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Depuis septembre 2014, les autorités mènent une enquête sur ces trois hommes, qui sont soupçonnés d’apologie du terrorisme. En raison de cette enquête, ils ont dû me rencontrer un par un : toute communication entre eux aurait enfreint les termes de leur liberté conditionnelle. Anjem Choudary m’a donné rendez-vous dans une confiserie de la banlieue d’Ilford, à l’est de Londres.


Logement gratuit pour tous

Avant le califat, “environ 85 % de la charia n’était pas appliquée, m’explique-t-il. Ces lois étaient en suspens jusqu’à ce que nous ayons un khilafa [un califat], et c’est maintenant le cas”. Sans califat, par exemple, il n’y a pas d’obligation d’amputer les mains des voleurs pris en flagrant délit. Avec l’établissement d’un califat, cette loi ainsi que toute une jurisprudence reprennent soudain vie. En théorie, tous les musulmans sont obligés d’émigrer vers le territoire où le calife applique ces lois.

Anjem Choudary affirme que la charia est mal comprise en raison de son application incomplète par des régimes comme l’Arabie Saoudite, qui décapite les meurtriers et ampute les mains des voleurs.

“Le problème, explique-t-il, c’est que des pays comme l’Arabie Saoudite appliquent uniquement le code pénal et ne mettent pas en œuvre la justice socio-économique de la charia. Et ils ne font qu’engendrer de la haine pour la loi islamique.”

Cet ensemble de mesures, selon lui, inclut la gratuité pour tous du logement, de la nourriture et des vêtements, même si tout le monde a bien sûr le droit de travailler pour s’enrichir.

Abdul Muhid, 32 ans, a prolongé cette réflexion. Il portait une élégante tenue moudjahidine lorsque je l’ai retrouvé dans un restaurant local : barbe broussailleuse, chapeau afghan et portefeuille porté dans ce qui ressemblait à un étui de revolver à l’épaule. Il avait à cœur d’aborder la question des aides sociales. L’EI applique peut-être des sanctions médiévales contre les crimes moraux, mais son programme d’aides sociales est, du moins à certains égards, suffisamment progressiste pour plaire à des commentateurs de gauche. Les soins de santé, affirme-t-il, sont gratuits. Fournir des aides sociales n’était pas selon lui un choix politique, mais une obligation en vertu de la loi de Dieu.

III. L’apocalypse

Tous les musulmans reconnaissent que Dieu est le seul à savoir de quoi sera fait l’avenir. Ils s’accordent aussi à dire qu’il nous en a offert un aperçu dans le Coran et les récits du Prophète. L’EI s’écarte cependant de presque tous les autres mouvements djihadistes actuels car il pense être le personnage central des textes sacrés.

Oussama Ben Laden mentionnait rarement l’apocalypse et, quand c’était le cas, il semblait partir du principe qu’il serait mort depuis longtemps quand le glorieux châtiment divin se produirait enfin. “Ben Laden et Al-Zawahiri sont issus de familles sunnites appartenant à l’élite, qui méprisent ces spéculations et les voient comme une préoccupation des masses”, affirme Will McCants, qui travaille pour la Brookings Institution et écrit un livre sur la pensée apocalyptique de l’EI.

Pendant les dernières années de l’occupation américaine en Irak, les fondateurs directs de l’EI voyaient, au contraire, de nombreux signes de la fin des temps. Ils s’attendaient à l’arrivée sous un an du Mahdi, la figure messianique destinée à conduire les musulmans vers la victoire avant la fin du monde.

Pour certains croyants – ceux qui rêvent de batailles épiques entre le bien et le mal – les visions de massacres apocalyptiques répondent à un profond besoin psychologique. Parmi les sympathisants de l’EI que j’ai rencontrés, c’est Musa Cerantonio, l’Australien, qui a exprimé le plus grand intérêt pour l’apocalypse. Certains aspects de cette prédiction lui sont propres et n’ont pas encore le statut de doctrine. D’autres éléments viennent de sources sunnites traditionnelles et apparaissent partout dans la propagande de l’EI. Il s’agit notamment de la croyance qu’il n’y aura que 12 califes légitimes (Abou Bakr Al-Baghdadi étant le huitième), que les armées de Rome se rassembleront pour affronter les armées de l’islam dans le nord de la Syrie et que la grande bataille finale de l’islam contre un anti-messie se déroulera à Jérusalem après une dernière période de conquête islamique.
 

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Dabiq

L’EI accorde une importance cruciale à la ville syrienne de Dabiq, près d’Alep. Il a nommé son magazine de propagande d’après elle et il a organisé de folles célébrations après avoir conquis (non sans mal) les plaines de Dabiq, qui sont inutiles d’un point de vue stratégique. C’est ici, aurait déclaré le Prophète, que les armées de Rome installeront leur camp. Les armées de l’islam les y affronteront et Dabiq sera pour Rome l’équivalent de Waterloo.

Les propagandistes de l’EI se pâment à cette idée et sous-entendent constamment que cet événement se produira sous peu. Le magazine de l’EI cite Abou Moussab Al-Zarqaoui, qui aurait déclaré : “L’étincelle a été allumée ici, en Irak, et sa chaleur continuera de s’intensifier jusqu’à brûler les armées des croisés à Dabiq.” Maintenant qu’il s’est emparé de Dabiq, l’EI y attend l’arrivée d’une armée ennemie, dont la défaite déclenchera le compte à rebours précédant l’apocalypse. “Nous enterrons le premier croisé américain à Dabiq et nous attendons avec impatience l’arrivée du reste de vos armées”, a proclamé un bourreau masqué dans une vidéo de novembre 2014 montrant la tête tranchée de Peter Kassig, travailleur humanitaire qui était retenu en otage depuis 2013.

Après la bataille de Dabiq, explique Musa Cerantonio, le califat s’agrandira et ses armées pilleront Istanbul. Certains pensent qu’il se lancera ensuite à la conquête de la Terre entière, mais Musa Cerantonio estime qu’il ne dépassera jamais le Bosphore. Dajjal, un anti-messie de la littérature musulmane apocalyptique, arrivera de la région du Khorasan, à l’est de l’Iran, et tuera un grand nombre des combattants du califat jusqu’à ce qu’il n’en reste que 5 000, piégés à Jérusalem. Alors que Dajjal se préparera à les éliminer, Jésus – le deuxième Prophète le plus vénéré dans l’islam – reviendra sur Terre, transpercera Dajjal d’une lance et conduira les musulmans jusqu’à la victoire.

Selon cette théorie, même les revers essuyés par l’EI n’ont pas d’importance. Dieu a de toute façon ordonné d’avance la quasi destruction de son peuple.

IV. La lutte

A Londres, Anjem Choudary et ses étudiants m’ont décrit en détail la façon dont l’EIdoit mener sa politique étrangère maintenant qu’il est a fondé un califat. Il a déjà entrepris le “djihad offensif”, conformément à la charia, soit l’expansion par la force dans des pays qui ne sont pas gouvernés par des musulmans. “Jusqu’à présent, nous ne faisions que nous défendre”, déclare Anjem Choudary. Sans califat, le djihad offensif est un concept inapplicable. En revanche, faire la guerre pour agrandir le califat est un devoir crucial du calife.

Abu Baraa, confrère d’Anjem Choudary, m’a expliqué que la loi islamique n’autorisait des traités de paix temporaires que durant une décennie. De la même manière, accepter des frontières est anathème, comme l’a déclaré le Prophète et comme le répètent les vidéos de propagande de l’EI. Si le calife consent à une paix à plus long terme ou à une frontière permanente, il sera dans l’erreur. Les traités de paix temporaires sont renouvelables, mais ils ne peuvent s’appliquer à tous les ennemis en même temps : le calife doit mener le djihad au moins une fois par an.
 

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Il faut insister sur le fait que l’EI pourrait être paralysé par son radicalisme. Le système international moderne, né de la paix de Westphalie, en 1648, repose sur la disposition de chaque Etat à reconnaître des frontières, même à contrecœur. D’autres organisations islamistes, comme les Frères musulmans et le Hamas, ont succombé aux flatteries de la démocratie et à la perspective d’une invitation au sein de la communauté des nations. Pour l’EI, ce n’est pas envisageable : ce serait une apostasie.

Les Etats-Unis et leurs alliés ont réagi contre l’EI tardivement et avec stupéfaction. Les ambitions de l’organisation et les grandes lignes de sa stratégie étaient manifestes dans ses déclarations et sur les réseaux sociaux dès 2011, quand l’EI n’était qu’un mouvement parmi les nombreux groupes terroristes présents en Syrie et en Irak. En 2011, Abou Bakr Al-Baghdadi s’était déjà qualifié de “commandeur des croyants”, un titre habituellement réservé aux califes.

Si nous avions identifié les intentions de l’EI plus tôt et compris que le vide politique en Syrie et en Irak lui donnerait tout l’espace nécessaire pour les mettre en œuvre, nous aurions au minimum poussé l’Irak à renforcer sa frontière avec la Syrie et à négocier des accords avec sa population sunnite. Et pourtant, début 2014, Barack Obama a déclaré au New Yorker qu’il voyait l’EI comme un partenaire plus faible d’Al-Qaida. “Si une équipe de basketteurs junior enfile des maillots de la NBA, ça ne fait pas d’eux Kobe Bryant”, a-t-il ironisé.

Les dessous de l’exécution de Peter Kassig

Notre incapacité à comprendre la rupture entre l’EI et Al-Qaida, ainsi que les différences cruciales qui les séparent, a entraîné de dangereuses décisions. A l’automne 2014, le gouvernement américain a accepté un plan désespéré pour sauver l’otage Peter Kassig. Ce plan requérait l’interaction de figures fondatrices de l’EI et d’Al-Qaida.

L’objectif était qu’Abu Muhammad Al-Maqdisi, mentor d’Al-Zarqaoui et haute figure d’Al-Qaida, contacte Turki Al-Binali, principal idéologue de l’EI et ancien étudiant d’Al-Maqdisi. Les deux hommes s’étaient brouillés car ce dernier avait critiqué l’EI. L’érudit jordanien avait déjà appelé l’EI à se montrer clément envers le Britannique Alan Henning. En décembre 2014, The Guardian a révélé que le gouvernement américain, en utilisant un intermédiaire, avait demandé à Al-Maqdisi d’intervenir auprès de l’EI en faveur de l’otage Peter Kassig.

Al-Maqdisi vivait librement en Jordanie, mais il lui était interdit de communiquer avec des terroristes à l’étranger et il était étroitement surveillé. Quand la Jordanie a autorisé les Etats-Unis à organiser une rencontre avec Turki Al-Binali, le Jordanien a acheté un téléphone avec de l’argent américain et il a pu correspondre à son aise avec son ancien étudiant pendant quelques jours avant que le gouvernement jordanien ne mette un terme à la conversation et ne se serve de ce prétexte pour l’incarcérer. Quelques jours plus tard, la tête tranchée de Peter Kassig est apparue dans une vidéo filmée à Dabiq.

Intentions génocidaires

La mort du travailleur humanitaire était une tragédie, mais le succès du plan des Etats-Unis aurait été une catastrophe. La réconciliation d’Abu Muhammad Al-Maqdisi avec Turki Al-Binali aurait réduit le fossé entre les deux plus importantes organisations djihadistes au monde. Il est possible que la Maison-Blanche ait seulement voulu faire parler Turki Al-Binali pour obtenir des renseignements ou pour l’assassiner. De multiples tentatives visant à obtenir une réponse du FBI à ce sujet sont restées infructueuses. Quoi qu’il en soit, vouloir rabibocher les deux principaux ennemis terroristes des Etats-Unis révèle un manque de discernement lamentable.

Punis de notre indifférence initiale, nous attaquons maintenant l’EI sur le champ de bataille en soutenant Kurdes et Irakiens, ainsi qu’au moyen de frappes aériennes régulières. Certains observateurs ont appelé à une intensification de la riposte, parmi lesquels plusieurs porte-parole de la droite interventionniste qui se sont exprimés en faveur du déploiement de dizaines de milliers de soldats américains.

Ces appels ne doivent pas être rejetés précipitamment : une organisation qui ne cache pas ses intentions génocidaires se trouve à deux pas de ses victimes potentielles et commet quotidiennement des atrocités sur le territoire qui est déjà sous son contrôle. En outre, si l’EI perd son emprise sur les territoires syrien et irakien, il cessera d’être un califat. Celui-ci ne pourra plus être au cœur de sa propagande, ce qui fera disparaître le supposé devoir religieux d’émigrer pour le servir.Et pourtant, les risques d’une escalade de la violence sont considérables. Une invasion représenterait une grande victoire pour la propagande des djihadistes du monde entier, qui pensent tous que les Etats-Unis veulent s’embarquer dans une croisade des temps modernes pour tuer les musulmans. A quoi s’ajoute notre maladresse lors de nos précédentes tentatives d’occupation. La montée de l’EI, après tout, n’a été possible que parce que notre occupation [de l’Irak] a ouvert un espace pour Zarqaoui et ses successeurs.

Etant donné tout ce que nous savons sur l’EI, continuer de le saigner peu à peu au moyen de frappes aériennes et de batailles par alliés interposés semble la moins mauvaise solution. Le coût humanitaire de l’EI est élevé, mais la menace qu’il représente pour les Etats-Unis est limitée. Le noyau d’Al-Qaida fait figure d’exception parmi les organisations djihadistes en raison de son intérêt pour “l’ennemi lointain” (l’Occident). Les principales préoccupations de la majorité des organisations djihadistes concernent des questions plus proches de chez eux. C’est particulièrement vrai pour l’EI. Abou Bakr Al-Baghdadi a demandé à ses agents saoudiens de “régler la question des rafida [chiites] d’abord, puis des Al-Sulul [sympathisants sunnites de la monarchie saoudienne], avant de s’attaquer aux croisés et à leurs bases”.

Les combattants étrangers (ainsi que leurs femmes et leurs enfants) se rendent dans le califat avec un aller simple : ils veulent vivre selon la véritable charia et nombre d’entre eux cherchent à devenir des martyrs.

Le charme du califat

Quelques “loups solitaires” soutenant l’EI ont attaqué des cibles occidentales et d’autres attentats se produiront. Toutefois, la plupart des agresseurs se sont avérés des amateurs frustrés, incapables d’émigrer vers le califat. Même si l’EI se réjouit de ces attentats, notamment dans sa propagande, il n’a planifié ni financé aucun d’entre eux. (L’attaque contre Charlie Hebdo à Paris était principalement une opération d’Al-Qaida.)


S’il est contenu, il est probable que l’EI cause lui-même sa chute. Il n’est allié à aucun autre pays et son idéologie garantit que cela ne changera pas. Les terres qu’il contrôle, certes vastes, sont pour l’essentiel inhabitées et arides. A mesure qu’il stagnera ou que son territoire rétrécira lentement, sa prétention d’être le moteur de la volonté de Dieu et l’agent de l’apocalypse perdra de sa valeur. A mesure qu’augmenteront les informations sur la misère qui y règne, les autres mouvements islamistes radicaux seront discrédités : personne n’a jamais cherché à ce point à appliquer strictement la charia en faisant appel à la violence. Voilà à quoi cela ressemble. LA SUITE. http://www.courrierinternational.com/article/enquete-ce-que-veut-vraiment-letat-islamique
 
Sans califat, le djihad offensif est un concept inapplicable. En revanche, faire la guerre pour agrandir le califat est un devoir crucial du calife

C'est donc bien une fuite en avant : continuer à tuer, à violer et à asservir sans fin...

une organisation qui ne cache pas ses intentions génocidaires se trouve à deux pas de ses victimes potentielles et commet quotidiennement des atrocités sur le territoire qui est déjà sous son contrôle. En outre, si l’EI perd son emprise sur les territoires syrien et irakien, il cessera d’être un califat. Celui-ci ne pourra plus être au cœur de sa propagande, ce qui fera disparaître le supposé devoir religieux d’émigrer pour le servir.Et pourtant, les risques d’une escalade de la violence sont considérables. Une invasion représenterait une grande victoire pour la propagande des djihadistes du monde entier, qui pensent tous que les Etats-Unis veulent s’embarquer dans une croisade des temps modernes pour tuer les musulmans. A quoi s’ajoute notre maladresse lors de nos précédentes tentatives d’occupation. La montée de l’EI, après tout, n’a été possible que parce que notre occupation [de l’Irak] a ouvert un espace pour Zarqaoui et ses successeurs.

Je suis entièrement d'accord.
 
Analyse lamentable. L'EI d'après l'auteur appliquerait l'intégralité de l'islam dans sa forme originelle. Le salafisme issue du Wahhabisme est une secte largement dénoncée par l'immense majorité des musulmans et de leurs savants légitimes et authentiques.
Le wahhabisme fut condamné et dénoncé dès son apparition et ses dérives ultra-violentes , et ses membres et idéologues ont été déclarés apostats , sectaires. Le devoir pour tout musulman a été de combattre leurs dérives et le devoir de chacun est de dénoncer leur idéologie meurtrière ainsi que leur imposture.
L'auteur fait allègrement l’amalgame entre principes de l'islam authentique et les principes du wahhabisme-salafisme. Ces mouvement sectaires comme Al Qaida ont été crées et soutenus par les services américains de la CIA , les services pakistanais et saoudiens pour combattre les russes en Afghanistan. Les flux des jihadistes étaient formés et armés par leurs soins. On retrouve cette même logique et les mêmes acteurs de nos jours dans le conflit Syrien et en Irakien.

Quel cynisme et quelle hypocrisie de la part de ces auteurs qui jouent les naïfs et essayent de dédouaner les américains et leurs alliés dans la naissance de ce monstre qu'est l’État Islamique qui n'est qu'un groupement de criminels et de mercenaires utilisés et instrumentalisés à des fins de géopolitique .

Mais qui croient-ils duper avec leurs écrits?


Il faut insister sur le fait que l’EI pourrait être paralysé par son radicalisme. Le système international moderne, né de la paix de Westphalie, en 1648, repose sur la disposition de chaque Etat à reconnaître des frontières, même à contrecœur. D’autres organisations islamistes, comme les Frères musulmans et le Hamas, ont succombé aux flatteries de la démocratie et à la perspective d’une invitation au sein de la communauté des nations. Pour l’EI, ce n’est pas envisageable : ce serait une apostasie.

Les Etats-Unis et leurs alliés ont réagi contre l’EI tardivement et avec stupéfaction. Les ambitions de l’organisation et les grandes lignes de sa stratégie étaient manifestes dans ses déclarations et sur les réseaux sociaux dès 2011, quand l’EI n’était qu’un mouvement parmi les nombreux groupes terroristes présents en Syrie et en Irak. En 2011, Abou Bakr Al-Baghdadi s’était déjà qualifié de “commandeur des croyants”, un titre habituellement réservé aux califes.

Si nous avions identifié les intentions de l’EI plus tôt et compris que le vide politique en Syrie et en Irak lui donnerait tout l’espace nécessaire pour les mettre en œuvre, nous aurions au minimum poussé l’Irak à renforcer sa frontière avec la Syrie et à négocier des accords avec sa population sunnite. Et pourtant, début 2014, Barack Obama a déclaré au New Yorker qu’il voyait l’EI comme un partenaire plus faible d’Al-Qaida. “Si une équipe de basketteurs junior enfile des maillots de la NBA, ça ne fait pas d’eux Kobe Bryant”, a-t-il ironisé.

Les dessous de l’exécution de Peter Kassig

Notre incapacité à comprendre la rupture entre l’EI et Al-Qaida, ainsi que les différences cruciales qui les séparent, a entraîné de dangereuses décisions. A l’automne 2014, le gouvernement américain a accepté un plan désespéré pour sauver l’otage Peter Kassig. Ce plan requérait l’interaction de figures fondatrices de l’EI et d’Al-Qaida.

L’objectif était qu’Abu Muhammad Al-Maqdisi, mentor d’Al-Zarqaoui et haute figure d’Al-Qaida, contacte Turki Al-Binali, principal idéologue de l’EI et ancien étudiant d’Al-Maqdisi. Les deux hommes s’étaient brouillés car ce dernier avait critiqué l’EI. L’érudit jordanien avait déjà appelé l’EI à se montrer clément envers le Britannique Alan Henning. En décembre 2014, The Guardian a révélé que le gouvernement américain, en utilisant un intermédiaire, avait demandé à Al-Maqdisi d’intervenir auprès de l’EI en faveur de l’otage Peter Kassig.

Al-Maqdisi vivait librement en Jordanie, mais il lui était interdit de communiquer avec des terroristes à l’étranger et il était étroitement surveillé. Quand la Jordanie a autorisé les Etats-Unis à organiser une rencontre avec Turki Al-Binali, le Jordanien a acheté un téléphone avec de l’argent américain et il a pu correspondre à son aise avec son ancien étudiant pendant quelques jours avant que le gouvernement jordanien ne mette un terme à la conversation et ne se serve de ce prétexte pour l’incarcérer. Quelques jours plus tard, la tête tranchée de Peter Kassig est apparue dans une vidéo filmée à Dabiq.

Intentions génocidaires

La mort du travailleur humanitaire était une tragédie, mais le succès du plan des Etats-Unis aurait été une catastrophe. La réconciliation d’Abu Muhammad Al-Maqdisi avec Turki Al-Binali aurait réduit le fossé entre les deux plus importantes organisations djihadistes au monde. Il est possible que la Maison-Blanche ait seulement voulu faire parler Turki Al-Binali pour obtenir des renseignements ou pour l’assassiner. De multiples tentatives visant à obtenir une réponse du FBI à ce sujet sont restées infructueuses. Quoi qu’il en soit, vouloir rabibocher les deux principaux ennemis terroristes des Etats-Unis révèle un manque de discernement lamentable.

Punis de notre indifférence initiale, nous attaquons maintenant l’EI sur le champ de bataille en soutenant Kurdes et Irakiens, ainsi qu’au moyen de frappes aériennes régulières. Certains observateurs ont appelé à une intensification de la riposte, parmi lesquels plusieurs porte-parole de la droite interventionniste qui se sont exprimés en faveur du déploiement de dizaines de milliers de soldats américains.

Ces appels ne doivent pas être rejetés précipitamment : une organisation qui ne cache pas ses intentions génocidaires se trouve à deux pas de ses victimes potentielles et commet quotidiennement des atrocités sur le territoire qui est déjà sous son contrôle. En outre, si l’EI perd son emprise sur les territoires syrien et irakien, il cessera d’être un califat. Celui-ci ne pourra plus être au cœur de sa propagande, ce qui fera disparaître le supposé devoir religieux d’émigrer pour le servir.Et pourtant, les risques d’une escalade de la violence sont considérables. Une invasion représenterait une grande victoire pour la propagande des djihadistes du monde entier, qui pensent tous que les Etats-Unis veulent s’embarquer dans une croisade des temps modernes pour tuer les musulmans. A quoi s’ajoute notre maladresse lors de nos précédentes tentatives d’occupation. La montée de l’EI, après tout, n’a été possible que parce que notre occupation [de l’Irak] a ouvert un espace pour Zarqaoui et ses successeurs.

Etant donné tout ce que nous savons sur l’EI, continuer de le saigner peu à peu au moyen de frappes aériennes et de batailles par alliés interposés semble la moins mauvaise solution. Le coût humanitaire de l’EI est élevé, mais la menace qu’il représente pour les Etats-Unis est limitée. Le noyau d’Al-Qaida fait figure d’exception parmi les organisations djihadistes en raison de son intérêt pour “l’ennemi lointain” (l’Occident). Les principales préoccupations de la majorité des organisations djihadistes concernent des questions plus proches de chez eux. C’est particulièrement vrai pour l’EI. Abou Bakr Al-Baghdadi a demandé à ses agents saoudiens de “régler la question des rafida [chiites] d’abord, puis des Al-Sulul [sympathisants sunnites de la monarchie saoudienne], avant de s’attaquer aux croisés et à leurs bases”.

Les combattants étrangers (ainsi que leurs femmes et leurs enfants) se rendent dans le califat avec un aller simple : ils veulent vivre selon la véritable charia et nombre d’entre eux cherchent à devenir des martyrs.

Le charme du califat

Quelques “loups solitaires” soutenant l’EI ont attaqué des cibles occidentales et d’autres attentats se produiront. Toutefois, la plupart des agresseurs se sont avérés des amateurs frustrés, incapables d’émigrer vers le califat. Même si l’EI se réjouit de ces attentats, notamment dans sa propagande, il n’a planifié ni financé aucun d’entre eux. (L’attaque contre Charlie Hebdo à Paris était principalement une opération d’Al-Qaida.)


S’il est contenu, il est probable que l’EI cause lui-même sa chute. Il n’est allié à aucun autre pays et son idéologie garantit que cela ne changera pas. Les terres qu’il contrôle, certes vastes, sont pour l’essentiel inhabitées et arides. A mesure qu’il stagnera ou que son territoire rétrécira lentement, sa prétention d’être le moteur de la volonté de Dieu et l’agent de l’apocalypse perdra de sa valeur. A mesure qu’augmenteront les informations sur la misère qui y règne, les autres mouvements islamistes radicaux seront discrédités : personne n’a jamais cherché à ce point à appliquer strictement la charia en faisant appel à la violence. Voilà à quoi cela ressemble. LA SUITE. http://www.courrierinternational.com/article/enquete-ce-que-veut-vraiment-letat-islamique
 

Fitra

Allah, Souria, Houria wa bass
La vérité est que l’EI est islamique. Très islamique. Certes, le mouvement a attiré des psychopathes et des gens en quête d’aventures, souvent issus des populations défavorisées du Moyen-Orient et d’Europe. Mais la religion que prêchent les plus fervents partisans de l’EI est issue d’interprétations cohérentes et même instruites de l’islam.

Je me suis arrêtée là. Article immonde.
Je ne prête plus aucune attention à tout ce que peuvent dire ces soi-disant experts qui condamnent et réduisent 14 siècles en deux lignes de jugement lapidaire.
Ces gens sont les soutiens des terroristes, il leur expliquent qu'ils ont islamiquement raison. Eh bien qu'ils aillent se faire voir. La solution viendra des musulmans, pas de ces propagandistes de la haine. Qu'ils arrêtent deux secondes la guerre et les pillages et ils verront que ça ira beaucoup mieux. Et après ça ose condamner NOTRE Tradition. L'indécence se rajoute à l'abjection.
 

Fitra

Allah, Souria, Houria wa bass
Analyse lamentable. L'EI d'après l'auteur appliquerait l'intégralité de l'islam dans sa forme originelle. Le salafisme issue du Wahhabisme est une secte largement dénoncée par l'immense majorité des musulmans et de leurs savants légitimes et authentiques.
Le wahhabisme fut condamné et dénoncé dès son apparition et ses dérives ultra-violentes , et ses membres et idéologues ont été déclarés apostats , sectaires. Le devoir pour tout musulman a été de combattre leurs dérives et le devoir de chacun est de dénoncer leur idéologie meurtrière ainsi que leur imposture.
L'auteur fait allègrement l’amalgame entre principes de l'islam authentique et les principes du wahhabisme-salafisme. Ces mouvement sectaires comme Al Qaida ont été crées et soutenus par les services américains de la CIA , les services pakistanais et saoudiens pour combattre les russes en Afghanistan. Les flux des jihadistes étaient formés et armés par leurs soins. On retrouve cette même logique et les mêmes acteurs de nos jours dans le conflit Syrien et en Irakien.

Quel cynisme et quelle hypocrisie de la part de ces auteurs qui jouent les naïfs et essayent de dédouaner les américains et leurs alliés dans la naissance de ce monstre qu'est l’État Islamique qui n'est qu'un groupement de criminels et de mercenaires utilisés et instrumentalisés à des fins de géopolitique .

Mais qui croient-ils duper avec leurs écrits?

Ces pseudo-experts ont les mêmes objectifs que daesh, ils veulent susciter la haine des musulmans ,tous deux pour des objectifs différents. Les uns pour fermer les yeux sur tous les massacres (écologiques, humains, culturels, économiques) dont ils sont à l'origine, les autres pour rallier les musulmans à leur putrides desseins soi-disant religieux.
 

Curios

VIB
Bladinaute averti
Je me suis arrêtée là. Article immonde.
Je ne prête plus aucune attention à tout ce que peuvent dire ces soi-disant experts qui condamnent et réduisent 14 siècles en deux lignes de jugement lapidaire.
Ces gens sont les soutiens des terroristes, il leur expliquent qu'ils ont islamiquement raison. Eh bien qu'ils aillent se faire voir. La solution viendra des musulmans, pas de ces propagandistes de la haine. Qu'ils arrêtent deux secondes la guerre et les pillages et ils verront que ça ira beaucoup mieux. Et après ça ose condamner NOTRE Tradition. L'indécence se rajoute à l'abjection.
ça m'a aussi fais tiquer,alors je me suis posé cette question,j'ai un coran chez moi et c'est vrai qu'à certains moments quand tu le lis,si tu n'avais pas entre parenthèse les interprétations a en déduire,c'est des fois violent,comme je discutais avec une bladinautes qui me disais qu'en fait dans le Coran quand c'est écrit "frappez les" il faut le comprendre par éloignez vous d'elle (marqué entre parenthèse) alors que dans le même verset il est dit clairement "éloignez vous d'elle" alors pourquoi une fois c'est marqué clairement et après il faut interpréter "frappez les" par "s'en éloigner",c'est quand même pas très logique que frappez les et interprété par éloignez vous en,c'est pour ça que j'avais une fois posé la question,personne ne m'a répondu,est ce que dans les corans dans les pays musulmans il y a aussi ces explications entre parenthèse ou c'est une chose qui ne concerne que les corans vendus en Occident,afin de le lisser,de l'adapter plus ou moins à ces lecteurs,de le pacifier ?? Ni vois rien d'islamophobe ou de questions pièges.
 
http://www.courrierinternational.com/article/enquete-ce-que-veut-vraiment-letat-islamique dans The Atlantic offre un éclairage sans précédent sur les objectifs et les fondements idéologiques de Daech. Soutenant la thèse selon laquelle l’organisation se définit essentiellement par sa lecture littérale du Coran, elle a suscité de nombreuses réactions. En voici, en exclusivité, l’essentiel.

Qu’est-ce que l’Etat islamique [EI, Daech en arabe] ? D’où vient cette organisation et quelles sont ses intentions ? La simplicité de ces questions peut être trompeuse, et rares sont les dirigeants occidentaux qui connaissent les réponses. En décembre 2014, The New York Times a publié des remarques confidentielles du général Michael K. Nagata, commandant des opérations spéciales pour les Etats-Unis au Moyen-Orient, qui admettait être encore très loin de comprendre l’attrait exercé par l’Etat islamique. “Nous ne comprenons pas cette idéologie.”

L’organisation s’est emparée de Mossoul, en Irak, en juin 2014 et règne déjà sur une zone plus vaste que le Royaume-Uni. A sa tête depuis mai 2010, Abou Bakr Al-Baghdadi est monté le 5 juillet 2014 à la chaire de la Grande Mosquée Al-Nour, à Mossoul, en se présentant comme le premier calife depuis des générations. Il s’en est suivi un afflux mondial de djihadistes, d’une rapidité et dans des proportions sans précédent.

Nos lacunes sur l’EI sont d’une certaine façon compréhensibles : l’organisation a fondé un royaume isolé et peu de gens en sont revenus. Abou Bakr Al-Baghdadi ne s’est exprimé qu’une seule fois devant une caméra. Mais son discours ainsi que d’innombrables vidéos et brochures de propagande de l’EI sont accessibles sur Internet et les sympathisants du califat se sont donné beaucoup de mal pour faire connaître leur projet.

Non, l’Etat islamique n’est pas “très islamique”
pour deux raisons. Tout d’abord, nous avons tendance à appliquer la logique d’Al-Qaida à une organisation qui l’a clairement éclipsé. Les sympathisants de l’EI avec qui j’ai discuté font toujours référence à Oussama Ben Laden sous le titre honorifique de “cheikh Oussama”, mais le djihadisme a évolué depuis l’âge d’or d’Al-Qaida (de 1998 à 2003) et nombreux sont les djihadistes qui méprisent les priorités et les dirigeants actuels de l’organisation.


Oussama Ben Laden considérait le terrorisme comme un prologue au califat, qu’il ne pensait pas connaître de son vivant. Son organisation était informelle, constituée d’un réseau diffus de cellules autonomes. L’EI, au contraire, a besoin d’un territoire pour asseoir sa légitimité, ainsi que d’une structure hiérarchisée pour y régner.

En second lieu, nous avons été induits en erreur à cause d’une campagne bien intentionnée mais de mauvaise foi visant à nier la nature religieuse médiévale de l’EI. Peter Bergen, qui a produit la première interview avec Ben Laden en 1997, a intitulé son premier ouvrage Guerre sainte, multinationale [éd. Gallimard, 2002], notamment pour affirmer que le leader d’Al-Qaida était un produit du monde laïc moderne.

Ben Laden a organisé la terreur sous la forme d’une entreprise comptant des franchises. Il exigeait des concessions politiques précises, comme le retrait des troupes américaines d’Arabie Saoudite. Le dernier jour de sa vie, Mohamed Atta [l’un des responsables des attentats du 11 septembre 2001] a fait des courses à Walmart et dîné à Pizza Hut.

Mahomet à la lettre

Il est tentant de reprendre cette observation – les djihadistes sont issus du monde laïc moderne, avec des préoccupations politiques de leur temps, mais déguisés avec des habits religieux – pour l’appliquer à l’EI. Pourtant, beaucoup de ses actions paraissent insensées si on ne les envisage pas à la lumière d’une détermination sincère à faire revenir la civilisation à un régime juridique du VIIe siècle et à faire advenir, à terme, l’apocalypse.

La vérité est que l’EI est islamique. Très islamique. Certes, le mouvement a attiré des psychopathes et des gens en quête d’aventures, souvent issus des populations défavorisées du Moyen-Orient et d’Europe. Mais la religion que prêchent les plus fervents partisans de l’EI est issue d’interprétations cohérentes et même instruites de l’islam.

Presque chaque grande décision ou loi proclamée par l’EI obéit à ce qu’il appelle la “méthodologie prophétique”, qui implique de suivre la prophétie et l’exemple de Mahomet à la lettre. Les musulmans peuvent rejeter l’EI, comme le fait l’écrasante majorité d’entre eux. Néanmoins, prétendre que ce n’est pas une organisation religieuse millénariste dont la théologie doit être comprise pour être combattue a déjà conduit les Etats-Unis à sous-estimer l’organisation et à soutenir des plans mal pensés pour la contrer.

Nous devons apprendre à mieux connaître la généalogie intellectuelle de l’EI si nous voulons réagir non pas de façon à le rendre plus fort, mais plutôt de façon à faire qu’il s’immole lui-même dans un excès de zèle.

I. Dévotion

En novembre 2014, l’EI a diffusé une vidéo de promotion retraçant ses origines jusqu’à Ben Laden. Le film mentionnait Abou Moussab Al-Zarqaoui, le violent dirigeant d’Al-Qaida en Irak de 2003 jusqu’à sa mort, en 2006, faisant de lui un mentor plus direct. Il citait également deux autres chefs de guérillas ayant précédé Abou Bakr Al-Baghdadi, le calife. Aucune mention en revanche du successeur de Ben Laden et dirigeant actuel d’Al-Qaida, le chirurgien ophtalmologiste égyptien Ayman Al-Zawahiri.

Al-Zawahiri n’a pas fait allégeance à Abou Bakr Al-Baghdadi et il est de plus en plus haï par ses confrères djihadistes. Son isolement est renforcé par son manque de charisme. Mais la rupture entre Al-Qaida et l’EI est amorcée depuis longtemps.

Une autre figure importante est aujourd’hui en disgrâce : Abu Muhammad Al-Maqdisi, un religieux jordanien de 55 ans qui est l’un des grands architectes intellectuels d’Al-Qaida. Sur presque toutes les questions de doctrine, Al-Maqdisi et l’EI sont d’accord. Ils sont étroitement liés à l’aile djihadiste d’une branche du sunnisme appelée le salafisme, d’après l’expression arabe al salaf al salih, “les pieux devanciers”. Ces “devanciers” sont le Prophète lui-même et ses premiers disciples, que les salafistes honorent et imitent.

Al-Maqdisi a été le mentor d’Al-Zarqaoui, qui est allé en Irak avec ses conseils en tête. Avec le temps, l’élève a toutefois surpassé son maître, qui a fini par le critiquer. Leur contentieux concernait le penchant d’Al-Zarqaoui pour les spectacles sanglants – et, d’un point de vue doctrinaire, sa haine des musulmans non salafistes, qui allait jusqu’à les excommunier et les exécuter.

Dans l’islam, le takfîr, ou excommunication, est une pratique dangereuse d’un point de vue théologique. Si l’accusateur a tort, alors il est lui-même apostat car il s’est rendu coupable d’une fausse accusation – un acte puni de mort. Et pourtant, Abou Moussab Al-Zarqaoui a imprudemment allongé la liste des comportements pouvant rendre les musulmans infidèles.
 

Fitra

Allah, Souria, Houria wa bass
ça m'a aussi fais tiquer,alors je me suis posé cette question,j'ai un coran chez moi et c'est vrai qu'à certains moments quand tu le lis,si tu n'avais pas entre parenthèse les interprétations a en déduire,c'est des fois violent,comme je discutais avec une bladinautes qui me disais qu'en fait dans le Coran quand c'est écrit "frappez les" il faut le comprendre par éloignez vous d'elle (marqué entre parenthèse) alors que dans le même verset il est dit clairement "éloignez vous d'elle" alors pourquoi une fois c'est marqué clairement et après il faut interpréter "frappez les" par "s'en éloigner",c'est quand même pas très logique que frappez les et interprété par éloignez vous en,c'est pour ça que j'avais une fois posé la question,personne ne m'a répondu,est ce que dans les corans dans les pays musulmans il y a aussi ces explications entre parenthèse ou c'est une chose qui ne concerne que les corans vendus en Occident,afin de le lisser,de l'adapter plus ou moins à ces lecteurs,de le pacifier ?? Ni vois rien d'islamophobe ou de questions pièges.

Ce qu'il faut comprendre, c'est que le Coran est un ORAL à la base, et pas un écrit, et en plus produit dans un tout autre contexte. Donc :

- Quand tu lis par exemple "les polythéistes", on ne parle que des polythéistes qui attaquaient le Prophète saws. C'est comme aujourd'hui quand on dit "les russes ont attaqué les ukrainiens" ou "il faut empêcher les saoudiens de nuire", est-ce qu'on parle de tous les russes, de tous les saoudiens ? Jamais de la vie. Mais on comprend grâce au contexte tout de suite qu'il s'agit que de russes particulier ou de saoudiens particulier. Dans le Coran, c'est la même chose.
- Pour "frappez-les", c'est pareil, quand tu lis le verset, tu dois t'imaginer un homme qui lève sa main pour frapper sa femme, et là le verset lui dit en quelque sorte : "attends attends, d'abord commence par discuter, ensuite si ça ne marche pas, séparez-vous quelques temps, et quand t'aurais fait tout ça, tu pourras la frapper ". C'est comme si c'était de l'ironie, comme si tu disais "lol, commence par discuter et ensuite tu penseras à frapper". Quelqu'un qui a sa main levée, tu lui dis, discute d'abord et puis sépare-toi (ce qui prend un bon moment), c'est clairement pour lui dire de pas frapper, c'est de la rhétorique coranique.
Ensuite c'est vrai que le terme traduit par "frappé" veut aussi dire "séparé (plus longuement)" apparemment, mais à l'époque le verset s'adressait à des hommes qui battaient leurs femmes donc la pédagogie coranique a utilisé le terme frappé.
La confirmation est que jamais jamais le Prophète n'a frappé ses femmes et jamais les savants ne l'ont autorisé, c'était tellement clair pour eux que voila. Il y'a même un verset sur le Prophète Ayoub qui confirme cette interprétation.

Ensuite tu parles de la Bible mais détrompe-toi, dans la Bible (l'ancien testament) il y'a des passages entiers d'une violence rare et gratuite, brûlez femmes et enfants, prenez les jeunes filles, leur sang retombera sur eux, tu ne laisseras rien respirer, tout sera détruit, etc. etc. Des choses qu'il n'y'a jamais dans le Coran et le Coran dès que tu lis les passages au-dessus ou en-dessous tu vois qu'il s'agit à chaque fois de se défendre et rien d'autre et le Coran ne dit jamais de brûler ou autre chose, et le Coran même envers les ennemis qui ont essayé de te tuer ne dis pas de les tuer mais dis soit vous les assommez, soit vous les faites prisonniers et les libérez ou pas selon les cas et si vous n'avez pas le choix alors vous les tuez mais essayez d'abord d'assommer ou de faire prisonnier si c'est possible.
Dans le Coran il y'a aussi un passage qui parle du Prophète saws qui sur un coup de colère avait dit qu'il mutilerait des ennemis qui avaient mutilé des membres de sa famille et le Coran lui dit de ne pas céder à la colère, de ne pas dépasser les bornes, de rester proportionné.
 

Curios

VIB
Bladinaute averti
Je me suis arrêtée là. Article immonde.
Je ne prête plus aucune attention à tout ce que peuvent dire ces soi-disant experts qui condamnent et réduisent 14 siècles en deux lignes de jugement lapidaire.
Ces gens sont les soutiens des terroristes, il leur expliquent qu'ils ont islamiquement raison. Eh bien qu'ils aillent se faire voir. La solution viendra des musulmans, pas de ces propagandistes de la haine. Qu'ils arrêtent deux secondes la guerre et les pillages et ils verront que ça ira beaucoup mieux. Et après ça ose condamner NOTRE Tradition. L'indécence se rajoute à l'abjection.
tu aurais du continuer la lecture et t'aurais compris qu'en fait quand ils disent que l'EI est islamique,Ca ne veut pas dire que c'est ça l'islam,mais pour eux,ils prennent le coran dàns sa forme "originel" sans les explications De savants etc et les interprétations qui en découlent,ils appliquent sans raisonnement ce qui est marqué,donc en gros le texte "cru" c'est par la qu'ils entendent "islamique" du moins c'est comme ça que je l'ai compris.
 

Curios

VIB
Bladinaute averti
Ce qu'il faut comprendre, c'est que le Coran est un ORAL à la base, et pas un écrit, et en plus produit dans un tout autre contexte. Donc :

- Quand tu lis par exemple "les polythéistes", on ne parle que des polythéistes qui attaquaient le Prophète saws. C'est comme aujourd'hui quand on dit "les russes ont attaqué les ukrainiens" ou "il faut empêcher les saoudiens de nuire", est-ce qu'on parle de tous les russes, de tous les saoudiens ? Jamais de la vie. Mais on comprend grâce au contexte tout de suite qu'il s'agit que de russes particulier ou de saoudiens particulier. Dans le Coran, c'est la même chose.
- Pour "frappez-les", c'est pareil, quand tu lis le verset, tu dois t'imaginer un homme qui lève sa main pour frapper sa femme, et là le verset lui dit en quelque sorte : "attends attends, d'abord commence par discuter, ensuite si ça ne marche pas, séparez-vous quelques temps, et quand t'aurais fait tout ça, tu pourras la frapper ". C'est comme si c'était de l'ironie, comme si tu disais "lol, commence par discuter et ensuite tu penseras à frapper". Quelqu'un qui a sa main levée, tu lui dis, discute d'abord et puis sépare-toi (ce qui prend un bon moment), c'est clairement pour lui dire de pas frapper, c'est de la rhétorique coranique.
Ensuite c'est vrai que le terme traduit par "frappé" veut aussi dire "séparé (plus longuement)" apparemment, mais à l'époque le verset s'adressait à des hommes qui battaient leurs femmes donc la pédagogie coranique a utilisé le terme frappé.
La confirmation est que jamais jamais le Prophète n'a frappé ses femmes et jamais les savants ne l'ont autorisé, c'était tellement clair pour eux que voila. Il y'a même un verset sur le Prophète Ayoub qui confirme cette interprétation.

Ensuite tu parles de la Bible mais détrompe-toi, dans la Bible (l'ancien testament) il y'a des passages entiers d'une violence rare et gratuite, brûlez femmes et enfants, prenez les jeunes filles, leur sang retombera sur eux, tu ne laisseras rien respirer, tout sera détruit, etc. etc. Des choses qu'il n'y'a jamais dans le Coran et le Coran dès que tu lis les passages au-dessus ou en-dessous tu vois qu'il s'agit à chaque fois de se défendre et rien d'autre et le Coran ne dit jamais de brûler ou autre chose, et le Coran même envers les ennemis qui ont essayé de te tuer ne dis pas de les tuer mais dis soit vous les assommez, soit vous les faites prisonniers et les libérez ou pas selon les cas et si vous n'avez pas le choix alors vous les tuez mais essayez d'abord d'assommer ou de faire prisonnier si c'est possible.
Dans le Coran il y'a aussi un passage qui parle du Prophète saws qui sur un coup de colère avait dit qu'il mutilerait des ennemis qui avaient mutilé des membres de sa famille et le Coran lui dit de ne pas céder à la colère, de ne pas dépasser les bornes, de rester proportionné.
Merci pour le temps que tu as pris pour répondre à ma question,donc en fait que ce soit pour la bible ou le coran,selon l'entourage familial et la "mouvance" qu'on a décidé de suivre,souvent celle des parents car on pense que c'est la bonne,plusieurs interprétations sont possibles,et chacun croit que la sienne est la bonne vu que depuis sa tendre enfance il a été baigné dedans,ce qui crée ces crispations peut être,bon,c'est compliqué lol
 

Fitra

Allah, Souria, Houria wa bass
tu aurais du continuer la lecture et t'aurais compris qu'en fait quand ils disent que l'EI est islamique,Ca ne veut pas dire que c'est ça l'islam,mais pour eux,ils prennent le coran dàns sa forme "originel" sans les explications De savants etc et les interprétations qui en découlent,ils appliquent sans raisonnement ce qui est marqué,donc en gros le texte "cru" c'est par la qu'ils entendent "islamique" du moins c'est comme ça que je l'ai compris.

Ils disent que l'EI c'est le retour à un "islam ancien", que c'est "Mahomet à la lettre" eh bien pas du tout. Le Prophète n'a jamais fait preuve de cette violence gratuite. Le talion a été utilisé contre des gens qui avaient eux-même pratiqué des horreurs. Certaines pratiques "dures" de l'époque ont été utilisées mais jamais systématiquement (au contraire, ce fut exceptionnel, et à l'époque il n'y'avait pas de prisons rappelons-le) et jamais contre des innocents.
 

Curios

VIB
Bladinaute averti
Ils disent que l'EI c'est le retour à un "islam ancien", que c'est "Mahomet à la lettre" eh bien pas du tout. Le Prophète n'a jamais fait preuve de cette violence gratuite. Le talion a été utilisé contre des gens qui avaient eux-même pratiqué des horreurs. Certaines pratiques "dures" de l'époque ont été utilisées mais jamais systématiquement (au contraire, ce fut exceptionnel, et à l'époque il n'y'avait pas de prisons rappelons-le) et jamais contre des innocents.
tout à fait d'accord,mais tu sais quand t'as que 2 de QI et aucun bon sens et logique et que tu lis dans la même phrase "mécréant" et "tuer" et que tu cherche pas plus loin,ça devient vite "il faut tuer les mécréants" c'est comme ça qu'ils interprètent le coran je pense.
 
tout à fait d'accord,mais tu sais quand t'as que 2 de QI et aucun bon sens et logique et que tu lis dans la même phrase "mécréant" et "tuer" et que tu cherche pas plus loin,ça devient vite "il faut tuer les mécréants" c'est comme ça qu'ils interprètent le coran je pense.
Je ne suis pas convaincu du tout par cet article...
Hier sur un autre topic je citais un historien canadien, Samir Saul, dont l'analyse me parait plus juste...On devrait obliger les bladinautes à lire ces articles sous peine de bannissement :D

Quelques extraits:

"Il faut comprendre le djihadisme. Ce n'est pas un mouvement religieux, ce n'est pas une explosion de fanatisme. C'est un levier de certains États qui veulent intervenir dans les affaires intérieures d'autres États. Comme ils n'arrivent pas à le faire eux-mêmes, par leurs propres troupes, ils utilisent alors des supplétifs. Avec la méthode traditionnelle, un pays envahissait un autre pays, l'occupait et en prenait le contrôle. Cela ne marche plus. Les États-Unis ont démontré qu'ils ne peuvent pas le faire. Malgré leurs trillions de dollars, ils ne sont pas arrivés à contrôler l'Afghanistan et l'Irak. Israël a démontré son incapacité à contrôler le Liban.
(...)

Il faut se rappeler la source du djihadisme. Son origine, c'est Al Qaeda, qui est née dans le contexte de la guerre d'Afghanistan contre l'URSS, et qui a été créé par trois entités: la CIA, l'Arabie saoudite et les services de renseignements militaires pakistanais. Le djihadisme n'est pas un mouvement religieux, il n'émane pas d'une nouvelle doctrine émise par un théologien ou un penseur, c'est une affaire de politique internationale. C'est l'usage de troupes que l'on ne possède pas contre un adversaire. Pour le rallier, on fait appel à la foi, mais en fait c'est une affaire politique qui dépend des États qui le soutiennent. Or, une des particularités du djihadisme est qu'il a tendance à échapper aux États qui le soutiennent. "
Suite ici:
http://quebec.huffingtonpost.ca/monde68/etat-islamique-comprendre-samir-paul_b_5998808.html

http://quebec.huffingtonpost.ca/monde68/etat-islamique-lutte-samir-paul_b_5998890.html

On peut lire aussi là:
https://journalpolemique.wordpress....illis-par-gabriel-arruda-et-guillaume-freire/
 

Curios

VIB
Bladinaute averti
Je ne suis pas convaincu du tout par cet article...
Hier sur un autre topic je citais un historien canadien, Samir Saul, dont l'analyse me parait plus juste...On devrait obliger les bladinautes à lire ces articles sous peine de bannissement :D

Quelques extraits:

"Il faut comprendre le djihadisme. Ce n'est pas un mouvement religieux, ce n'est pas une explosion de fanatisme. C'est un levier de certains États qui veulent intervenir dans les affaires intérieures d'autres États. Comme ils n'arrivent pas à le faire eux-mêmes, par leurs propres troupes, ils utilisent alors des supplétifs. Avec la méthode traditionnelle, un pays envahissait un autre pays, l'occupait et en prenait le contrôle. Cela ne marche plus. Les États-Unis ont démontré qu'ils ne peuvent pas le faire. Malgré leurs trillions de dollars, ils ne sont pas arrivés à contrôler l'Afghanistan et l'Irak. Israël a démontré son incapacité à contrôler le Liban.
(...)

Il faut se rappeler la source du djihadisme. Son origine, c'est Al Qaeda, qui est née dans le contexte de la guerre d'Afghanistan contre l'URSS, et qui a été créé par trois entités: la CIA, l'Arabie saoudite et les services de renseignements militaires pakistanais. Le djihadisme n'est pas un mouvement religieux, il n'émane pas d'une nouvelle doctrine émise par un théologien ou un penseur, c'est une affaire de politique internationale. C'est l'usage de troupes que l'on ne possède pas contre un adversaire. Pour le rallier, on fait appel à la foi, mais en fait c'est une affaire politique qui dépend des États qui le soutiennent. Or, une des particularités du djihadisme est qu'il a tendance à échapper aux États qui le soutiennent. "
Suite ici:
http://quebec.huffingtonpost.ca/monde68/etat-islamique-comprendre-samir-paul_b_5998808.html

http://quebec.huffingtonpost.ca/monde68/etat-islamique-lutte-samir-paul_b_5998890.html

On peut lire aussi là:
https://journalpolemique.wordpress....illis-par-gabriel-arruda-et-guillaume-freire/
je pense qu'avant ça existait deja,mais le terme de djihad n'était pas employé,c'est venu avec l'ayatollah khomeini qui a encore plus divisé chiite et sunnites reconnu d'ailleurs comme guide religieux suprême,cet homme a commis d'énorme dégâts entre musulmans dont les répercussions font encore écho aujourd'hui.
 
l'ayatollah khomeini (...) cet homme a commis d'énorme dégâts entre musulmans dont les répercussions font encore écho aujourd'hui.
Mouais...
Pas convaincu encore...
Il est sûr qu'il était quelque part un précurseur: celui qui, dans un monde qui était bipolaire (USA vs URSS), dit non aux 2 blocs et réinvite la religion en politique (mais l'islam politique ne date pas de Khomeini).
De là à dire qu'il a fait d'énormes dégâts comme si le merdier actuel venait de lui...C'est un pas que je ne franchirai pas...
 

Curios

VIB
Bladinaute averti
Mouais...
Pas convaincu encore...
Il est sûr qu'il était quelque part un précurseur: celui qui, dans un monde qui était bipolaire (USA vs URSS), dit non aux 2 blocs et réinvite la religion en politique (mais l'islam politique ne date pas de Khomeini).
De là à dire qu'il a fait d'énormes dégâts comme si le merdier actuel venait de lui...C'est un pas que je ne franchirai pas...
les mauvaises racines il les a posé en tout cas,la division aussi,et depuis Ca n'a de cesse entre chiites et sunnites.
 
http://www.courrierinternational.com/article/enquete-ce-que-veut-vraiment-letat-islamique dans The Atlantic offre un éclairage sans précédent sur les objectifs et les fondements idéologiques de Daech. Soutenant la thèse selon laquelle l’organisation se définit essentiellement par sa lecture littérale du Coran, elle a suscité de nombreuses réactions. En voici, en exclusivité, l’essentiel.

Qu’est-ce que l’Etat islamique [EI, Daech en arabe] ? D’où vient cette organisation et quelles sont ses intentions ? La simplicité de ces questions peut être trompeuse, et rares sont les dirigeants occidentaux qui connaissent les réponses. En décembre 2014, The New York Times a publié des remarques confidentielles du général Michael K. Nagata, commandant des opérations spéciales pour les Etats-Unis au Moyen-Orient, qui admettait être encore très loin de comprendre l’attrait exercé par l’Etat islamique. “Nous ne comprenons pas cette idéologie.”

L’organisation s’est emparée de Mossoul, en Irak, en juin 2014 et règne déjà sur une zone plus vaste que le Royaume-Uni. A sa tête depuis mai 2010, Abou Bakr Al-Baghdadi est monté le 5 juillet 2014 à la chaire de la Grande Mosquée Al-Nour, à Mossoul, en se présentant comme le premier calife depuis des générations. Il s’en est suivi un afflux mondial de djihadistes, d’une rapidité et dans des proportions sans précédent.

Nos lacunes sur l’EI sont d’une certaine façon compréhensibles : l’organisation a fondé un royaume isolé et peu de gens en sont revenus. Abou Bakr Al-Baghdadi ne s’est exprimé qu’une seule fois devant une caméra. Mais son discours ainsi que d’innombrables vidéos et brochures de propagande de l’EI sont accessibles sur Internet et les sympathisants du califat se sont donné beaucoup de mal pour faire connaître leur projet.

Non, l’Etat islamique n’est pas “très islamique”
pour deux raisons. Tout d’abord, nous avons tendance à appliquer la logique d’Al-Qaida à une organisation qui l’a clairement éclipsé. Les sympathisants de l’EI avec qui j’ai discuté font toujours référence à Oussama Ben Laden sous le titre honorifique de “cheikh Oussama”, mais le djihadisme a évolué depuis l’âge d’or d’Al-Qaida (de 1998 à 2003) et nombreux sont les djihadistes qui méprisent les priorités et les dirigeants actuels de l’organisation.


Oussama Ben Laden considérait le terrorisme comme un prologue au califat, qu’il ne pensait pas connaître de son vivant. Son organisation était informelle, constituée d’un réseau diffus de cellules autonomes. L’EI, au contraire, a besoin d’un territoire pour asseoir sa légitimité, ainsi que d’une structure hiérarchisée pour y régner.

En second lieu, nous avons été induits en erreur à cause d’une campagne bien intentionnée mais de mauvaise foi visant à nier la nature religieuse médiévale de l’EI. Peter Bergen, qui a produit la première interview avec Ben Laden en 1997, a intitulé son premier ouvrage Guerre sainte, multinationale [éd. Gallimard, 2002], notamment pour affirmer que le leader d’Al-Qaida était un produit du monde laïc moderne.

Ben Laden a organisé la terreur sous la forme d’une entreprise comptant des franchises. Il exigeait des concessions politiques précises, comme le retrait des troupes américaines d’Arabie Saoudite. Le dernier jour de sa vie, Mohamed Atta [l’un des responsables des attentats du 11 septembre 2001] a fait des courses à Walmart et dîné à Pizza Hut.

Mahomet à la lettre

Il est tentant de reprendre cette observation – les djihadistes sont issus du monde laïc moderne, avec des préoccupations politiques de leur temps, mais déguisés avec des habits religieux – pour l’appliquer à l’EI. Pourtant, beaucoup de ses actions paraissent insensées si on ne les envisage pas à la lumière d’une détermination sincère à faire revenir la civilisation à un régime juridique du VIIe siècle et à faire advenir, à terme, l’apocalypse.

La vérité est que l’EI est islamique. Très islamique. Certes, le mouvement a attiré des psychopathes et des gens en quête d’aventures, souvent issus des populations défavorisées du Moyen-Orient et d’Europe. Mais la religion que prêchent les plus fervents partisans de l’EI est issue d’interprétations cohérentes et même instruites de l’islam.

Presque chaque grande décision ou loi proclamée par l’EI obéit à ce qu’il appelle la “méthodologie prophétique”, qui implique de suivre la prophétie et l’exemple de Mahomet à la lettre. Les musulmans peuvent rejeter l’EI, comme le fait l’écrasante majorité d’entre eux. Néanmoins, prétendre que ce n’est pas une organisation religieuse millénariste dont la théologie doit être comprise pour être combattue a déjà conduit les Etats-Unis à sous-estimer l’organisation et à soutenir des plans mal pensés pour la contrer.

Nous devons apprendre à mieux connaître la généalogie intellectuelle de l’EI si nous voulons réagir non pas de façon à le rendre plus fort, mais plutôt de façon à faire qu’il s’immole lui-même dans un excès de zèle.

I. Dévotion

En novembre 2014, l’EI a diffusé une vidéo de promotion retraçant ses origines jusqu’à Ben Laden. Le film mentionnait Abou Moussab Al-Zarqaoui, le violent dirigeant d’Al-Qaida en Irak de 2003 jusqu’à sa mort, en 2006, faisant de lui un mentor plus direct. Il citait également deux autres chefs de guérillas ayant précédé Abou Bakr Al-Baghdadi, le calife. Aucune mention en revanche du successeur de Ben Laden et dirigeant actuel d’Al-Qaida, le chirurgien ophtalmologiste égyptien Ayman Al-Zawahiri.

Al-Zawahiri n’a pas fait allégeance à Abou Bakr Al-Baghdadi et il est de plus en plus haï par ses confrères djihadistes. Son isolement est renforcé par son manque de charisme. Mais la rupture entre Al-Qaida et l’EI est amorcée depuis longtemps.

Une autre figure importante est aujourd’hui en disgrâce : Abu Muhammad Al-Maqdisi, un religieux jordanien de 55 ans qui est l’un des grands architectes intellectuels d’Al-Qaida. Sur presque toutes les questions de doctrine, Al-Maqdisi et l’EI sont d’accord. Ils sont étroitement liés à l’aile djihadiste d’une branche du sunnisme appelée le salafisme, d’après l’expression arabe al salaf al salih, “les pieux devanciers”. Ces “devanciers” sont le Prophète lui-même et ses premiers disciples, que les salafistes honorent et imitent.

Al-Maqdisi a été le mentor d’Al-Zarqaoui, qui est allé en Irak avec ses conseils en tête. Avec le temps, l’élève a toutefois surpassé son maître, qui a fini par le critiquer. Leur contentieux concernait le penchant d’Al-Zarqaoui pour les spectacles sanglants – et, d’un point de vue doctrinaire, sa haine des musulmans non salafistes, qui allait jusqu’à les excommunier et les exécuter.

Dans l’islam, le takfîr, ou excommunication, est une pratique dangereuse d’un point de vue théologique. Si l’accusateur a tort, alors il est lui-même apostat car il s’est rendu coupable d’une fausse accusation – un acte puni de mort. Et pourtant, Abou Moussab Al-Zarqaoui a imprudemment allongé la liste des comportements pouvant rendre les musulmans infidèles.


voila ce que ca m'inspire ce genre d'article ideologique

 

Curios

VIB
Bladinaute averti
Si tu lis les articles que j'ai cités, tu verras qu'il ne s'agit pas d'un conflit confessionnel...
moi je pense que c'est une lutte de pouvoir confessionnel a la base qui a créé ce clivage et ce clanisme,et qu'il faut hélas une main de fer pour diriger ces pays et tenir les extrémistes et au besoin leur donner du mou quand ç arrange sa cause, qui font aussi des attentats dàns des pays musulmans qui ne devraient pas être ennemi et qui ne tirent sur aucun levier,juste une lutte de pensée,une lutte de clan religieux qui veut imposer son dogme,après avec la mondialisation,le conflit c'est "mondialisé",quand la France livre des armes à la Nostra étant reconnu comme un groupe rebelle par les syriens eux même,et qu'après ils s'allient avec al quaida et qu'ils ne soit reconnu comme groupe extremiste,ben les armes ont peut plus leur reprendre et on dit la France arme les extrémistes,raccourci simpliste,quand la France bombarde des positions d'extrémistes,ont dit qu'elle fait la guerre et tue des innocents,les bombardements francais représentent 1 à 2 pour cent des bombardements que subit la Syrie,donc des boucs émissaires sont vite trouvé,un des problèmes c'est d'avoir fait de la religion un pouvoir,une politique.Sans les occidentaux,les musulmans se feraient quand même la guerre et il y aurait aussi des attentats,après c'est sur que d'autres pays veulent en profiter,mais'l'essence même du problème est interne et non externe d'après moi.De plus la politique française étant plutôt pro sunnite,ca n'arrange rien,et comme ont peux pas frapper les US,ben c'est la France qui prend aussi pour eux.
 
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