On connaissait la « fashionista » fan de mode, la « foodista », qui collectionne les gadgets et les livres de recettes comme d'autres collectionnent les nains de jardin, la « recessionista » , soucieuse de son budget et même de la planète...
Bref, l'idiome en « ista » est un bon filon. N'empêche. Samedi matin, alors que je feuilletais ELLE au p'tit déj, j'ai bien failli recracher mon café - je tombe sur cette invitation hallucinante: « Soins, épilations, secrets pros. On vous dit tout pour devenir une vraie foufounista ! ».
Heu, foufounista comme … foufoune ? Question totalement superflue j'en conviens, d'autant qu'une toison soigneusement épilée venait illustrer fort à propos ladite expression.
Le sujet est vendeu. Les témoignages masculins recueillis par le journal sont quasi unanimes (moins une voix) pour dire que leur libido est inversement proportionnelle à la taille de la touffe pileuse de leur partenaire. « Seule une pilosité très maîtrisée peut rimer avec sexualité » explique Jean-Charles, 36 ans.
Jean-Charles va-t-il jusqu'à donner des conseils aux femmes qu'il rencontre: « trois conseils pour bien cultiver son jardin secret »: égaliser le buisson, lustrer la fibre et éliminer les mauvaises herbes ». Sans oublier, un peu de parfum à vaporiser sur sa petite culotte histoire de chasser les mauvaises odeurs ou encore du pigment pour colorer son gazon.
Lissons, aseptisons, uniformisons ! Après les jambes, les aisselles, les sourcils, c'est donc au tour de notre pubis de se mettre au service des « control freaks ».
Cire chaude, cire froide, cire traditionnelle, cire jetable, caramel, laser, lumière pulsée, rasoirs, crèmes dépilatoires: en France, l'épilation est un marché qui se porte de mieux en mieux. Se faire tailler un petit coeur à la place d'un buisson ardent pour fêter la Saint-Valentin, tatouer un papillon ou coller des strasses sur un pubis lisse, est devenu banal, en tout cas pour les jeunes.
En France, la traque du poil intime est relativement récente. Mais dans de nombreuses régions du monde, l'épilation est culturelle et ancestrale. Dans les pays arabes, où le poil est depuis toujours symbole d'impureté (dans l'Egypte ancienne, les reines et leurs servantes s'épilaient déjà des aisselles au pubis). Au Japon, où montrer des poils pubiens est prohibé, ou à Rio, où pour pouvoir porter un « fio dental » (« fil dentaire », le surnom local du string), sur les plages de Copacabana et d'Ipanema, il faut d'abord laisser sa pudeur accrochée au vestiaire des salons de depilaçao que l'on trouve à chaque coin de rue, et grogner de douleur à chaque bandelette de cire retirée par des esthéticiennes au sourire impassible.
Des traditions qui concernent aussi bien les femmes que les hommes, l'épilation des testicules et de l'anus y étant largement répandue. D'ailleurs, les hommes occidentaux commencent aussi à avoir la pression. En témoignent ces publicités américaines, l'une pour Gillette , l'autre pour Nivéa, qui laissent supposer qu'un homme totalement imberbe est un homme sexuellement plus performant. Un avis sur la question ?
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