Dans un ouvrage paru en 2012, la sociologue et chercheuse Zahra Ali donnait la parole à des intellectuelles et des militantes musulmanes engagées dans la défense des droits des femmes à l’intérieur du cadre religieux. Deux ans plus tard, et en dépit notamment de l’action d’un grand nombre de femmes dans les mouvements de revendications qui ont suivi les printemps arabes, l’image d’un islam par nature incompatible avec les libertés féminines persiste. Ces féministes musulmanes, présentant leur relecture de l’islam, en appellent pourtant à un «féminisme sans frontières» enfin débarrassé de ses scories néocoloniales.
«Féminisme» et «islamique» : si l’association de ces deux termes dérange encore et continue de susciter invariablement en Occident une interrogation incrédule, c’est parce que l’égalité des sexes est le fruit d’une élaboration historique. S’est-on jamais posé la question de la pertinence d’un féminisme chrétien, par exemple? Un tel courant a pourtant bel et bien été fondé dès la fin du XIXe siècle, en particulier en France, en Belgique et au Canada. Il a permis notamment l’élaboration d’une théologie féministe qui a interrogé -– et interroge encore — le canon des Écritures, la paternité divine, l’identité du Christ, l’action de l’Esprit-Saint, le culte de Marie, et surtout les institutions patriarcales de l’Église, au grand dam du magistère de l’Église catholique.
Mais la condition de «la femme musulmane» — toujours au singulier, comme si la dimension sociologique d’un grand nombre de pays très différents par leurs langues et leurs cultures ne jouait pas — est l’emblème et l’argument favori des islamophobes occidentaux contemporains comme de leurs prédécesseurs coloniaux. Elle témoignerait ainsi de l’obscurantisme fondamental du «monde musulman».
...http://www.asma-lamrabet.com/articles/ces-feministes-qui-reinterpretent-l-islam/
«Féminisme» et «islamique» : si l’association de ces deux termes dérange encore et continue de susciter invariablement en Occident une interrogation incrédule, c’est parce que l’égalité des sexes est le fruit d’une élaboration historique. S’est-on jamais posé la question de la pertinence d’un féminisme chrétien, par exemple? Un tel courant a pourtant bel et bien été fondé dès la fin du XIXe siècle, en particulier en France, en Belgique et au Canada. Il a permis notamment l’élaboration d’une théologie féministe qui a interrogé -– et interroge encore — le canon des Écritures, la paternité divine, l’identité du Christ, l’action de l’Esprit-Saint, le culte de Marie, et surtout les institutions patriarcales de l’Église, au grand dam du magistère de l’Église catholique.
Mais la condition de «la femme musulmane» — toujours au singulier, comme si la dimension sociologique d’un grand nombre de pays très différents par leurs langues et leurs cultures ne jouait pas — est l’emblème et l’argument favori des islamophobes occidentaux contemporains comme de leurs prédécesseurs coloniaux. Elle témoignerait ainsi de l’obscurantisme fondamental du «monde musulman».
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