Ou est le prosélytisme pour la prostitution dans ce film ?
ce que lit concerne plutôt une dénonciation des conditions de vie de ces femmes.
Je peut comprendre que l'on conteste le propos du film concernant la société marocaine, mais comment parler d'un proselytisme de la protitution ?
https://fr.wikipedia.org/wiki/Much_Loved
À l'époque actuelle, Noha, Randa, Soukaina et Hlima vivent d’amours tarifés à Marrakech. Objets de désirs inavoués dans la société marocaine, elles décrivent à l'aide des mots du langage de la prostitution leur vie de tous les jours, tantôt joyeuses et complices mais aussi tristes et rejetées par une société qui les utilise et les avilit.
http://www.courrierinternational.co...oved-le-film-polemique-raconte-par-son-equipe
Mais Much Loved, du cinéaste franco-marocain Nabil Ayouch, ne sera pas projeté dans les salles au Maroc, où il a été interdit car les autorités l’ont considéré comme un “
outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine, et une atteinte flagrante à l’image du Maroc”. Le film a également été décrié sur les réseaux sociaux, suscitant une importante polémique dans le pays.
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Il n’y a pas de rôle positif dans le film, de personnage porteur d’espoir. Le tableau est-il si noir ?
L.A. : Ah si ! Il y a le personnage de Saïd (le chauffeur merveilleusement joué par Abdellah Didane qui les accompagne dans tous leurs déplacements et veille un peu sur elles).
N.A. : Pour moi, le tableau n’est pas noir, il est réaliste ! Il y a beaucoup de rôles positifs. Les filles vivent certes des choses extrêmement douloureuses, mais ce n’est pas pour autant que ça n’en fait pas des personnages pleins de vie. Leur humanité transparaît dans des moments pleins de drôlerie et de sensibilité. Ces filles sont capables d’amitié, capables de s’aimer entre elles. Ça, c’est extrêmement positif.
En ce qui concerne l’espoir, c’est une autre question. Le film a été conçu comme si ces filles étaient sur une route où, effectivement, elles ne peuvent aller ni à gauche ni à droite. Il y a une espèce de tunnel. Mais au bout de ce tunnel, à la fin de ce tumulte, il y a cette fin sur la plage. Une fin ouverte, porteuse d’espoir.
Ces femmes qui ont conquis leur indépendance, leur petit espace – elles sont quand même maîtresses de leur entreprise – n’ont pas de souteneurs, de maquereaux comme il y en a ici en Occident, donc elles s’autogèrent. Ces femmes ont décidé de partir [de Marrakech] et là, sur la plage, elles se retrouvent face à un choix, quand Soukaina demande à Noha : “Cette soirée du 28, est-ce qu’on est obligées d’y aller ?”, et que Noha ne répond pas. On finit sur cet horizon. Pour moi, c’est source d’espoir, ça veut dire : “Qu’est-ce qu’on veut pour notre vie ?” Mais il n’y a pas de réponse. La fin reste ouverte. Je trouve ça assez beau.
http://www.telerama.fr/cinema/films/much-loved,500765.php
LA CRITIQUE LORS DE LA SORTIE EN SALLE DU 16/09/2015
Elles sont quatre princesses à vendre, dans les nuits de Marrakech. Noha, Randa, Soukaina, Hlima : de belles tornades brunes, tourbillons de strass, de jurons et d'énergie farouche. Quatre ******* inséparables, seules contre tous, en butte aux honnêtes gens, aux bigots, à la famille qui prend l'argent « sale » des passes en se pinçant le nez. Sans compter les flics corrompus, et bien sûr les clients, tartuffes, prédateurs et frustrés imprévisibles...
Une vie de paria, heurtée, marginale : c'est l'universelle « complainte des filles de joie », comme disait Brassens. Sauf que cette chronique électrisante s'enracine au coeur du monde arabe, dans une société qui réprime la pulsion, condamne le désir. Les prostituées, ces fiancées clandestines qui
« se marient vingt fois par jour », doivent, ici plus qu'ailleurs, éponger les manques et payer le prix fort du mépris et de l'hypocrisie.
Ce clivage,
Much loved le montre sans le démontrer jamais. Il suffit d'un plan de rue derrière une vitre de voiture, ou d'un regard qui se détourne, pour évoquer un irrémédiable isolement. Il suffit de voir exploser la rage d'un riche Saoudien, confronté, malgré lui, à son homosexualité, pour révéler des gouffres de déni. Le réalisateur marocain Nabil Ayouch scrute son pays, ses violences et ses inégalités, comme il l'a toujours fait, de
Mektoub aux
Chevaux de Dieu : avec une acuité quasi documentaire. Il nous immerge dans le quotidien tragi-cocasse de ses héroïnes, interprétées par un inoubliable et volcanique quatuor de comédiennes. On leur colle au corps, à table, au bar ou au lit, dans une promiscuité crue, frontale. Les insultes, le sexe, les humiliations, les virées folles et les moments de fatigue ou de tendresse : on partage tout, y compris leur formidable solidarité. Ni victimes, ni ******* : une drôle de fratrie d'amazones.
Présenté en mai dernier à Cannes, à la Quinzaine des réalisateurs, le film a aussitôt embrasé le Maroc, avant même de pouvoir y être diffusé. Il a valu au cinéaste la plus violente polémique de sa carrière, et une censure pour
« outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine ». Nabil Ayouch comme son actrice principale ont même reçu des menaces de mort. Leur crime ? Avoir osé donner chair à un tabou. — Cécile Mury