La Franc-Maçonnerie joue-t-elle un rôle dans les révolutions des peuples ?

Le Maure

Taza avant Gaza
Selon un franc-maçon arabe, les idéaux laïcs de cette confrérie auraient poussé les élites arabo-musulmans vers les portes de la démocratie.

Par M.Hatem, franc-maçon arabo-libanais.

Peu présente dans presque tout les pays arabes ou elle est interdite (sauf au Liban, Jordanie, Maroc), alors qu’elle était omniprésente avant les années 1950 et que ses membres sont derrière le Mouvement de la Nahda au début du 20ème siècle, elle a su comme tout ceux qui sont à l’origine des révolutions actuelles faire passer ses messages sur Internet et sur les réseaux sociaux à travers le site du Grand Orient Arabe Œcuménique consacré à « L’Orient Maçonnique » et qui est administré par son Grand Maître, Jean-Marc Aractingi.

Cette Obédience a depuis longtemps alerté les régimes arabes sur le fait que pour lutter contre l’instrumentalisation de l’Islam, les gouvernements musulmans devront séculariser le code de la famille et le statut personnel (qui interdit à un non musulman d’épouser une musulmane), l’enseignement public et une grande partie de la jurisprudence liée par la Constitution à la charia, lecture traditionaliste depuis le IXe siècle de l’application à une société qui n’existe plus de principes juridiques sacralisés et désuets. Aussi les régimes autoritaires de la plupart des États musulmans imposent à leurs citoyens la momification de la pensée, l’immobilisme des institutions, l’aliénation des droits de l’homme et de la femme, la répression des libertés religieuses (croire ou ne pas croire) et individuelles (accès non censuré aux mass media internationaux et à l’Internet entre autres).

Alors que l’on souligne constamment le danger islamique qui menace l’Europe et le monde libre, pratiquement rien n’est dit des francs-maçons, qui, malgré un danger permanent dans leur propre pays, essaient de lutter contre l’intégrisme exacerbé de certains de leurs compatriotes. Eux sont à même de démonter le mécanisme de ce faux retour aux sources, prétendant idéaliser le régime musulman des premiers temps de l’islam et le réintroduire dans nos sociétés modernes comme palliatif de tous les problèmes socio-économiques actuels

En fait, la séparation du politique et du religieux s’est effectuée dès les premiers temps de la propagation de l’islam. Ainsi les califes omeyyades déléguaient à des clercs spécialisés la gestion des affaires religieuses; les califes abbassides s’en remirent à des sultans d’origine turque ayant pris la tête de mercenaires immigrés pour ce qui émanait du politique en se faisant reléguer dans le domaine religieux; les sultans ottomans feront de même en créant un corps d’oulémas seuls compétents dans la jurisprudence, les affaires de statut personnel et bien sûr la gestion du religieux.

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Cette manière de gouverner se rapproche d’une conception laïque à l’européenne. La laïcité n’est pas le monopole de la civilisation occidentalo-chrétienne car, dit Georges Corm, « les principes essentiels de l’Islam ont un contenu libérateur et constituent l’essence de la laïcité; cette laïcité implique la notion de neutralisation de l’État dans les affaites religieuses mais non la marginalisation de la religion dans la vie sociale. C’est le principe de laïcité qui protège les minorités » (in: Le Proche-Orient Éclaté , Folio Gallimard 1999). Rappelons qu’en Irak et en Syrie, le Parti Baath fondé vers 1930 par trois intellectuels syriens, un alaouite, un sunnite, un chrétien orthodoxe, proclamait : « La religion pour Dieu et la patrie pour tous ».

Les contestataires actuels des régimes au Moyen-Orient et au Maghreb sont des intellectuels arabes et francs-maçons. Ils ont des projets de société portant sur l’émancipation féminine, la liberté religieuse et bien sûr sur la démocratie. Ils citent le publiciste égyptien des années 1920, Salama Moussa, qui disait : « Après avoir chassé les colonisateurs, soumis les exploiteurs, serons nous capables de vaincre le Moyen-âge dans notre vie ? », son disciple actuel Mahmoud Al Alem s’écrie à son tour : « Nous pensons toujours avec une terminologie archaïque qui correspond à la vie du désert. »

Mais les francs-maçons arabes ne peuvent s’exprimer dans leur pays ni les universitaires. Ainsi du Professeur Nasser Abouzeyd, de l’Université du Caire qui publia « Critique du discours religieux » dont le contenu était dispensé dans ses cours avec un très grand succès; ses collègues jaloux le traduisirent en justice et sous le prétexte qu’il était devenu apostat. Ils en obtinrent du tribunal qu’il soit obligé de divorcer de son épouse, restée musulmane et le gouvernement égyptien le recommanda aux structures universitaires étrangères pour qu’il enseigne en Espagne puis aux Pays-Bas avec son épouse hispanisante. Cette hypocrisie générale et le recul des autorités politiques devant les exigences des islamistes poussent les universitaires les plus compétents à l’exil. Le Professeur Abouzeyd avait déclaré que la lecture actuelle du Coran « est une lecture politique, donc instrumentalisée et viciée par les pouvoirs en place » et qu’ »il était nécessaire d’introduire dans l’exégèse coranique une dimension historique, lexicale, épistémologique, comme cela s’est fait pour la Bible à la fin du XIXe siècle. » CQFD.

Menant un combat similaire, le Professeur Mohamed Chérif Ferjani (Université de Lyon II), dans son ouvrage « Islamisme Laïcité et Droits de l’Homme » (L’Harmattan, 1992), réfute les conceptions d’un Islam particulièrement antinomique avec la liberté, l’égalité et la laïcité et montre que les obstacles à l’adoption de ces principes dans les sociétés arabo-musulmanes sont de même nature que ceux qu’on rencontre dans d’autres aires culturelles.

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moroccan1nyc

┌∩┐(◕_◕)┌&#874
il faut être stupide pour prétendre que cette organisation accro à la masturbation intellectuelle soit si influençable !
 

Le Maure

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Déjà, dans le domaine scolaire, certains États arabes essaient de réformer les manuels d’instruction religieuse qui sont en général très conventionnels et fermés au dialogue interreligieux, ainsi le nouveau manuel tunisien de la classe de première (l’enseignement religieux est une matière d’examen dans tous les baccalauréats des pays arabes) souligne la nécessité d’institutions étatiques laïques pour un bon fonctionnement de la société arabe. Ce manuel indique aussi que l’homme naît libre et que la liberté inclut la liberté politique, la liberté de pensée, voire même la liberté religieuse.


Au Liban, on a été plus loin encore: Des diplômés libanais de l’Université libre de Bruxelles, connue pour sa défense de la laïcité ont créé « l’Association pour un Liban laïque » et ouvert à Beyrouth une « Maison laïque ». Différentes rencontres y sont organisées, activités culturelles et conférences tendent vers un but: promouvoir un État laïque alors que 18 communautés confessionnelles sont reconnues et représentées au Parlement par des députés appartenant obligatoirement à l’une de ces communautés. Et ça a marché ! Le premier résultat obtenu a été la suppression de la mention obligatoire de l’appartenance religieuse sur les registres d’état-civil et les cartes d’identité. Un colloque belgo-libanais s’est déroulé en août dernier sur les thèmes suivants: l’Université libanaise entre pluralité et laïcité ou Le mouvement laïc au Liban, la presse s’en est fait l’écho. Il est vrai qu’au Liban des élèves de toutes confessions fréquentent les lycées de la Mission Laïque Française de Beyrouth, de Tripoli ou de Nabatiyeh (en milieu chiite d’expatriés en Afrique de l’Ouest).

Les femmes commencent également à se mobiliser avec beaucoup de courage, ainsi une psychiatre syrienne vivant aux États-unis, Wafaa Sultan s’était rendue célèbre dans une émission consacrée à la responsabilité de l’islam intégriste dans le choc des civilisations produite par la chaîne populaire du Qatar, Al-Jazeera, le 21février 2006. Elle avait été confrontée à un ouléma égyptien qu’elle ne ménagea pas du tout en ces termes : « le choc mondial n’est pas un choc de civilisations ou de religions, c’est un choc entre une mentalité qui appartient aux temps médiévaux et une autre qui appartient au 21e siècle. C’est un choc entre la liberté et l’oppression, entre la démocratie et la dictature, entre ceux qui traitent les femmes comme des bêtes et ceux qui les traitent comme des êtres humains ». Et elle répliquait à son adversaire qui l’avait traitée d’ « hérétique » : « Je ne suis pas une chrétienne, une musulmane ou une juive. Je suis un être humain laïc, je ne suis pas tenue de croire au surnaturel, mais je respecte le droit des autres à y croire » .Ce débat télévisé suivi par plus de dix millions de téléspectateurs dans le monde entier, et qui est repassé en boucle, a valut à Wafaa de recevoir des menaces de mort. Mais depuis, elle a persisté et elle a créé un mouvement d’opinion qui n’hésite plus à s’exprimer sur la place publique, d’où la radicalisation d’émules d’Al Qaïda qui ne voient que dans le combat violant, la possibilité de freiner l’évolution naturelle d’une société qui renouvelle ses valeurs et exige plus de libertés.

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Les Grandes Oreilles
 

Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da partida
VIB
La Franc-Maçonnerie ne joue aucun rôle dans les révolutions en cours... mais elle aime que l'on pense qu'elle en joue un. Ça la fait se sentir importante.
 

olddybldi

Muslim for ever
Cette secte malfaisante veut se placer pour récolter les fruits que fait pousser le sang des désespérés :fou:

Ce ne sont pas les élites qui se sont faites massacrer sur la place Tahrir et en Tunisie. C'est le peuple qui a faim de pain et de liberté.

Les dirigeants qui ont compris et qui ont envoyé des signaux forts à leur peuples (On vous a entendus comme au Maroc notamment) sont moins menacés que ceux qui font la sourde oreille.
 
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