Un Français détenu au Maroc bientôt expulsé vers l'Algérie

Un Français, détenu au Maroc pour trafic de stupéfiants, va bientôt être extradé vers l'Algérie où il risque d'être torturé, s'alarment mercredi deux ONG, l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT) et l'Organisation marocaine des droits humains (OMDH). Le Français, Djamel Ktiti, est emprisonné au Maroc depuis août 2009, après que la police l'a interpellé sur la base d'un mandat d'arrêt international émis par l'Algérie pour trafic de stupéfiants.

« Au moins l’un des autres prévenus poursuivis dans cette affaire a été soumis à plusieurs formes de tortures et de mauvais traitements pendant sa garde à vue en Algérie. C’est pourquoi en avril 2010, l’ACAT-France a saisi le Comité contre la torture des Nations unies pour empêcher l’extradition », expliquent les ONG dans un communiqué cité par l’agence AFP. « Le 26 mai 2011, le Comité contre la torture a rendu une décision dans laquelle il demande au Maroc d’annuler l’extradition, en raison du risque de torture pesant sur M. Ktiti ». Mais, début septembre 2011, le Maroc a annoncé « au Comité son intention de passer outre sa décision en procédant à l’extradition », déplorent les associations.

Pour l'ACAT, en extradant le prévenu, « le Maroc affirmerait clairement son mépris pour ses engagements internationaux en matière de droits de l’homme ». De son côté, l'OMDH demande aux autorité marocaines « quelles protègent les victimes de torture, actuelles ou potentielles, ce qui réconfortera les défenseurs des droits de l’homme sur le fait que la ratification de la Convention contre la torture (par le Maroc) n'est pas que de la poudre aux yeux ».

En Algérie, de nombreuses personnes arrêtées par la police ont affirmé avoir été frappé et torturé lors des interrogatoires et pendant la garde à vue. Fin juillet dernier, le président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), Mustapha Bouchachi a fait état de la persistance de la pratique de la torture en Algérie. « La torture est toujours pratiquée. On ne sait pas si elle est le fait d’un commissaire, d’un officier des services, mais elle n’est pas limitée à une région ; elle s’est propagée ».

Un groupe de cadres ont avoué, il y a quelques semaines, avoir été torturés par les services de sécurité, avait raconté Me Bouchachi lors d’une conférence de presse. Selon lui, il n’y a pas de volonté, chez les procureurs, d’ouvrir une enquête sur la torture.

Tsa
 
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