«France-Algérie : deux piliers d’un pont économique entre l’Europe et l’Afrique»

- Quel changement en matière de coopération économique peut espérer l’Algérie avec l’arrivée de Hollande au pouvoir en France ?
Avec l’alternance en France et le cinquantenaire en Algérie, on rentre dans un nouveau cycle de développement de relations stratégiques et économiques entre la France (porte de l’Europe) et l’Algérie (porte de l’Afrique-Moyen-Orient) et pilier incontournable du Maghreb.
L’époque ancienne de développement économique entre l’Algérie et la France a été jusqu’à présent largement sous-exploitée. Pourtant, il existe des facteurs susceptibles de favoriser ce développement dont les principaux traits sont d’abord la complémentarité entre les deux pays. La France a besoin de l’Algérie et vice versa et cela est valable dans plusieurs domaines, notamment l’énergie, l’agriculture ou encore les TIC. Il y a d’ailleurs des milliers de PME qui souhaitent travailler ensemble de part et d’autre de la Méditerranée. Ensuite, il y a de véritable progrès dans la coopération universitaire entre les écoles et les universités des deux pays.
En Algérie, il y a une véritable prise de conscience qui voudrait que l’entreprise se rapproche de l’université, alors qu’en France, c’est déjà le cas depuis longtemps. La coopération universitaire est un facteur important de développement économique grâce notamment à la R&D et au transfert de technologie et de savoir-faire. Enfin, le troisième facteur réside dans le potentiel de cadres existant de part et d’autre. Il y en a 2 millions en Algérie et à peu près entre 300 000 et 400 000 cadres et entrepreneurs algériens ou d’origine algérienne en France et en Europe. Nous pensons que le partenariat entre des cadres algériens de l’intérieur et ceux de l’extérieur est un facteur important de développement économique durable et efficace, car ils pourraient participer à l’accompagnement d’entreprises algériennes dans leur développement en local ou bien l’accompagnement de multinationales qui voudraient participer à de véritables projets industriels en Algérie ou par le biais de sociétés mixtes. Il y a par ailleurs plus de 2000 cadres supérieurs en Europe d’origine algérienne qui voudraient accompagner des entreprises publiques ou privées algériennes dans leur processus d’internationalisation. C’est un puissant levier pour accélérer une internationalisation efficiente de l’économie algérienne. Grâce à ses atouts, notamment les territoires des Hauts-Plateaux et du Sahara et son capital humain, l’Algérie pourra à terme exporter toutes sortes de produits et services dans toute la région euro-méditerranéenne... Prenons un seul exemple, l’Algérie grâce à ses ressources naturelles (potentiel de terres cultivables, l’eau et le soleil) pourra à terme fournir toute l’Europe en produits bios sur un marché de plus de 300 millions de consommateurs ! La nouvelle gouvernance en France a pris conscience de tous ces enjeux.
- Comment pourrait se concrétiser cette prise de conscience ?En pratique, on sait déjà que François Hollande entretient une excellente relation avec l’Algérie qu’il connaît bien. Il a pris des engagements dans le sens d’un renforcement des liens économiques puisqu’il a déclaré qu’il donnera un nouveau souffle aux relations entre les deux pays. De plus, dans son équipe, il compte beaucoup de responsables d’origine algérienne, ce qui constitue un bon signal.
 
- La France fait face à une forte concurrence sur le marché algérien et semble y perdre du terrain. Que devra faire la nouvelle équipe dirigeante pour se repositionner ?
En Algérie, le potentiel de développement est tellement élevé qu’il y’a de la place pour tout le monde. Le plus important pour l’Algérie c’est qu’il y a une prise de conscience sur la nécessité de développer une nouvelle économie hors hydrocarbure tout en comptant sur les ressources financières issues du secteur des hydrocarbures. A partir de là, elle est en droit de développer des relations économiques avec tous les pays qu’elle souhaite, la Chine, les Etats-Unis, l’Amérique latine, l’Asie, etc., en font partie. Mais avec la France, on est sur une autre dimension de par l’histoire et la quadruple proximité (géographique, culturelle, linguistique et humaine).
Cela permettra à l’Algérie de développer ses relations économiques avec toute l’Europe via la France. De plus, elle bénéficie du soutien de plus de 3 millions de Franco-Algériens qui pourraient participer à ce rapprochement. Par ailleurs, les relations entre la France et l’Algérie sont basées sur un intérêt mutuel. La France constitue pour l’Algérie une porte d’entrée sur le marché européen, alors que pour la France, l’Algérie est véritablement une plateforme pour atteindre les marchés de l’Afrique et du Moyen-Orient, ce qui représente un atout considérable. En somme, la France et l’Algérie sont les deux piliers d’un pont économique entre l’Europe et l’Afrique.
 
Haut