En se réappropriant les textes religieux, les musulmanes ont arraché leurs droits et prouvé que le Coran est «féministe». En France, elles ont réussi à faire reculer le racisme. Explications.
- L’idée que le féminisme soit occidental pousserait à son rejet total. Spécialement dans les pays arabes et maghrébins ?
Si c’est le cas, cela montre donc à quel point les pourfendeurs du féminisme disposent d’arguments fragiles ! A mon niveau, pendant longtemps je ne me suis jamais considérée comme féministe. En tant que Franco-Algérienne, j’ai toujours assimilé le féminisme à la figure de la blanche-bourgeoise tournée avant tout vers les questions de libération sexuelle dans le sillage de mai 1968.
En France, le féminisme a été accaparé par les femmes de milieux plutôt aisés et excluant les femmes de banlieue dans la mesure où ce mouvement n’acceptait que les femmes qu’elles «assimilent» à une certaine vision du féminisme. Puis, mon point de vue a évolué. Quand j’ai compris que le féminisme n’appartenait à personne et surtout qu’en tant que Française et musulmane, je n’avais pas à demander l’assentiment des féministes historiques pour me revendiquer comme tel.
- Le féminisme islamique en France est-il le même que dans les pays anglo-saxons ? Où en est chacun de son évolution ?
Le féminisme en France est presque une nouveauté. Je dirais que nous en sommes aux balbutiements. Nous sommes d’accord pour dire que le féminisme dans les pays anglo-saxons ou français repose sur les mêmes bases, celle d’influer sur la misogynie qui se joue à l’intérieur des communautés musulmanes en France.
Comme le souligne Hanane Karimi, chercheure et figure émergente du féminisme musulman en France : «L’enjeu est de dépasser la lecture patriarcale des textes diffusés à travers la jurisprudence, mais aussi de lutter contre les discriminations à l’intérieur de ces groupes d’appartenance.» Mais comme souvent, il existe une exception française. Si au Royaume-Uni les féministes musulmanes ne sont pas freinées dans leur évolution et leur pratique religieuse, en France la situation est bien différente.
Elles mènent une double lutte, celle de faire accepter le féminisme chez les musulmans eux-mêmes, et celle d’imposer leur légitimité auprès des non-musulmans. Dans ce contexte d’islamophobie institutionnelle, il y a un effet de mise à l’écart de ces femmes musulmanes.
- Le féminisme islamique est traversé par plusieurs courants : libéral, radical ou réformiste traditionnel. Lequel est majoritaire en France ?
D’après les discussions que j’ai pu avoir avec des personnes de terrain, il est encore trop tôt pour affirmer que les courants sont clairement identifiés. Pour autant, ce qui se dégage depuis deux ou trois ans, le réformisme traditionnel est un peu le fer de lance du féminisme musulman en France.
http://www.elwatan.com/culture/en-f...nt-une-double-lutte-19-06-2015-297684_113.php
- L’idée que le féminisme soit occidental pousserait à son rejet total. Spécialement dans les pays arabes et maghrébins ?
Si c’est le cas, cela montre donc à quel point les pourfendeurs du féminisme disposent d’arguments fragiles ! A mon niveau, pendant longtemps je ne me suis jamais considérée comme féministe. En tant que Franco-Algérienne, j’ai toujours assimilé le féminisme à la figure de la blanche-bourgeoise tournée avant tout vers les questions de libération sexuelle dans le sillage de mai 1968.
En France, le féminisme a été accaparé par les femmes de milieux plutôt aisés et excluant les femmes de banlieue dans la mesure où ce mouvement n’acceptait que les femmes qu’elles «assimilent» à une certaine vision du féminisme. Puis, mon point de vue a évolué. Quand j’ai compris que le féminisme n’appartenait à personne et surtout qu’en tant que Française et musulmane, je n’avais pas à demander l’assentiment des féministes historiques pour me revendiquer comme tel.
- Le féminisme islamique en France est-il le même que dans les pays anglo-saxons ? Où en est chacun de son évolution ?
Le féminisme en France est presque une nouveauté. Je dirais que nous en sommes aux balbutiements. Nous sommes d’accord pour dire que le féminisme dans les pays anglo-saxons ou français repose sur les mêmes bases, celle d’influer sur la misogynie qui se joue à l’intérieur des communautés musulmanes en France.
Comme le souligne Hanane Karimi, chercheure et figure émergente du féminisme musulman en France : «L’enjeu est de dépasser la lecture patriarcale des textes diffusés à travers la jurisprudence, mais aussi de lutter contre les discriminations à l’intérieur de ces groupes d’appartenance.» Mais comme souvent, il existe une exception française. Si au Royaume-Uni les féministes musulmanes ne sont pas freinées dans leur évolution et leur pratique religieuse, en France la situation est bien différente.
Elles mènent une double lutte, celle de faire accepter le féminisme chez les musulmans eux-mêmes, et celle d’imposer leur légitimité auprès des non-musulmans. Dans ce contexte d’islamophobie institutionnelle, il y a un effet de mise à l’écart de ces femmes musulmanes.
- Le féminisme islamique est traversé par plusieurs courants : libéral, radical ou réformiste traditionnel. Lequel est majoritaire en France ?
D’après les discussions que j’ai pu avoir avec des personnes de terrain, il est encore trop tôt pour affirmer que les courants sont clairement identifiés. Pour autant, ce qui se dégage depuis deux ou trois ans, le réformisme traditionnel est un peu le fer de lance du féminisme musulman en France.
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