France: la justice impose l'interdiction du film "love" aux moins de 18 ans

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
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Le visa d'exploitation du film a été suspendu par arrêté du Tribunal administratif de Paris, qui accède ainsi à la demande de l'association Promouvoir.

Love et la censure, acte II. Après s'y être pris à deux fois fin juin – réexamen avec nouvelle vision du film demandée par la Ministre – pour accorder au film de Gaspar Noé une interdiction aux moins de 16 ans, la commission de contrôle ne peut désormais plus grand chose contre une décision de justice... Suite à une audience du 30 juillet, le Tribunal Administratif de Paris a en effet donné une réponse positive à l'association Promouvoir – association aux sympathies d'extrême-droite, toujours à l'avant-garde de l'ordre moral – qui l'avait saisi pour faire interdire Love aux mineurs. L'article 2 de l'arrêté du tribunal, que nous avons pu nous procurer, suspend le visa d'exploitation du film de Gaspar Noé « en tant qu'il n'interdit pas la représentation du film aux mineurs de 18 ans. »

Le juge des référés a constaté « que ce récit de la vie amoureuse mais aussi sexuelle du couple donne lieu à de nombreuses scènes de sexe non simulées. » Suit une description précise du film – c'est chouette d'être juge – où « les attributs génitaux du protagonistes masculin sont clairement visibles... à l'état flaccide mais aussi en érection,... tel est en particulier le cas à l'occasion d'un gros plan d'une dizaine de secondes centré sur un sexe masculin en érection qui finit par éjaculer face à la caméra, donnant ainsi au spectateur équipé de lunettes "3D" l'impression qu'il est atteint par le sperme... » On ne souille pas la robe de la justice.

Le ministère de la Culture s'était pourtant joint au producteur du film – et à la Ligue des Droits de l'homme – pour expliquer sa position : « L’évolution des mœurs de la société impose à la Ministre d’arbitrer entre liberté d’expression et mesure de police restrictive, dans un sens par principe favorable à la liberté. » L'avis de la commission de contrôle précisait que « l’intention narrative de l’auteur qui dépeint une histoire d’amour intense et la force du lien créé entre les deux principaux personnages, autant que l’humanité de leur relation, ne fait pas de doute pour le spectateur ». La justice a finalement désavoué la Ministre.

« Le terrain de liberté devient internet, a réagi – au cours d'un échange de sms – le distributeur et corpoducteur de Love, Vincent Maraval. C'est dommage, car ce terrain-là brasse le pire en même temps que le meilleur. Le problème n'est pas la décision du juge, mais qu'un ayatollah qui ne représente personne, Patrice André [de l'association Promouvoir] prenne en otage un système de classification. La commission de contrôle n'a plus lieu d'être puisque cet intégriste la bafoue régulièrement, la Ministre ne sert à rien, le CSA fait la même chose en durcissant les classification de manière arbitraire et sans explications. Et nous, au milieu de cette improvisation, on doit se demander si nous pouvoins continuer à distribuer les films que nous voulons en France. Ce problème n'existe nulle part ailleurs, à part en Russie... Et puis, dans les autres pays, on peut sortir en VOD en même temps, donc ça évite d'offrir le film aux pirates, comme c'est en train d'arriver pour Love. »

L'interdiction aux moins de 18 ans, outre son caractère symbolique, a des effets économiques certains sur la vie d'un film : refus de programmation de certaines salles, contraintes de diffusion télé qui diminuent sa valeur, etc. « Si encore on avait été interdit tout de suite, lâche Vincent Maraval, de vive voix, cette fois, on aurait su à quoi s'en tenir, et on aurait imaginé une plus petite sortie. » Le producteur-distributeur-marchand de films achève la conversation par une citation de Godard : « Quand la loi est injuste, la justice passe avant la loi. »

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