France : Nouveau directeur de la gendarmerie nationale

Le départ du Général Gilles, directeur général de la gendarmerie nationale : Un faux débarquement et une vraie manipulation.

Le départ du Général Gilles de son poste de directeur général de la Gendarmerie est interprété par beaucoup comme un désaveu du pouvoir.

L’affaire est un peu plus complexe.

En fait, on entérine un mouvement, dont on parlait beaucoup depuis plusieurs semaines, voire quelques mois dans les cercles bien informés de la haute hiérarchie de la gendarmerie.

Le général Gilles, homme intelligent et affable, avait le sentiment d’avoir rempli son rôle et d’avoir permis l’intégration de la gendarmerie au ministère de l’intérieur. Il supportait de plus en plus mal l’étroitesse de sa marge de manœuvre et la pression du politique. Par ailleurs, pour des raisons d’ordre personnel, il aspirait à quitter son poste.

L’affaire Matelly et celle du poème ont été l’occasion de lui donner satisfaction tout en faisant croire qu’il paye ainsi la fronde et la contestation des gendarmes du terrain.

Il s’agit donc d’un faux débarquement et d’une vraie manipulation puisqu’on espère calmer la base en lui faisant croire qu’elle est à l’origine du départ de son chef.

Le successeur du général Gilles, le général Jacques Mignaux n’a pas le même tempérament que son prédécesseur. Ancien du cabinet de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, il va tenter de faire taire les mécontents et de mettre au pas les contestataires. En le nommant, le président de la République exprime sa volonté d’une reprise en mains et d’une accentuation de la répression des idées dissidentes et de leurs auteurs. Avec ce changement d’attelage, le chef de l’État poursuit sa logique du raidissement.

Jacques Mignaux qui a la tête bien faite et des convictions bien arrêtées, mais qui sait aussi jusqu’où peut mener une trop forte pression professionnelle ou familiale sur des gendarmes, va avoir fort à faire pour maintenir le cap d’une gendarmerie sans droit d’expression collective et aux horaires de travail sans limites dans un contexte de déflation des effectifs.

Il risque de se heurter rapidement aux contradictions du système mis en place par celui qui vient de le nommer.

(Renaud Marie de Brassac)
Article publié le 7 avril 2010
 
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