François durpaire, historien « le virus du racisme pénètre nos institutions »

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
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L'historien, spécialiste des États-Unis et des mouvements noirs, analyse l'affaire « Théo » qui suscite une forte mobilisation et des manifestations en France hexagonale.

Ce qui s'est passé à Aulnay-Sous-Bois (Ndlr, l'agression du jeune Théo par des policiers), pourrait bien ressembler à ce que qui se voit souvent aux-Etats-Unis. Y a-t-il comparaison possible ?

Il y a un point qui permet la comparaison : c'est l'extrême violence des faits. Et, de part et d'autre, ces faits ne sont pas exceptionnels. Car à Aulnay ou ailleurs, des violences policières se produisent à des rythmes variés. D'ailleurs, comme on l'a vu souvent, les associations de quartiers, SOS Racisme et bien d'autres, dénoncent souvent ces faits. Il y a donc un phénomène qui est répétitif. Sur ce constat, il y a un parallèle à faire entre la France et les Etats-Unis. Après, il y a deux grandes différences à opérer. La première porte sur les interpellations en tenant compte du fait que la nature des rapports à l'arme à feu en France, n'est pas la même chose qu'aux Etats-Unis. Les conséquences de cela, c'est qu'en France on parle de faits exceptionnellement graves, tandis qu'aux Etats-Unis, il s'agit souvent de décès. Et donc l'usage de l'arme à feu n'est pas le même de part et d'autre. Chez nous, par exemple, on ne peut aller plus loin dans la notion de légitime défense, au risque de reproduire une situation à l'américaine.

La deuxième grande différence est la solution aux problèmes. En effet, dans le cas des États-Unis, il s'agit de la police municipale et fédérale. Contrairement à la France où la police dépend directement de l'exécutif. Le policier est un fonctionnaire d'Etat et il est plus facile de régler les problèmes au niveau étatique et non local.

Les mobilisations en cours à Aulnay et ailleurs en France, traduisent-elle une montée de ce que l'on qualifie de « colère noire » ?

Il y a une colère des quartiers qui remonte aux émeutes urbaines de 2005. Depuis, la question n'a pas été réglée, au contraire il y a une distance très marquée entre les populations de ces quartiers et la police. La preuve, le recul de la philosophie de proximité mise en place avant l'arrivée de Sarkozy en 2007. On se rencontre que l'intérêt de ce type de police c'est la prévention, l'établissement du lien avec l'ensemble des populations. Alors en abandonnant la police de proximité on a importé des Etats-Unis, la notion de tolérance zéro.
Certes, dans ces quartiers, on remplace plus facilement une fenêtre cassée mais on n'améliore pas la relation entre policiers et habitants. Aussi, la question qui est posée depuis longtemps dans ces quartiers, c'est le contrôle au faciès. La question devait être réglée, car elle faisait partie des engagements de François Hollande. Résultat de tout cela : c'est la colère très forte dans ces quartiers.


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