François hollande estime inutiles les statistiques ethniques

Reuters

Deux phrases du chef de l’Etat suffiront-elles à refermer vingt ans de débat ? Jeudi 5 février, lors de la 5e conférence de presse de son mandat, François Hollande a rejeté l’idée de « statistiques ethniques », jugeant que ce débat « n’apporterait rien ». « La France aime bien les débats qui ne servent à rien », a-t-il ajouté. Nous pouvons regarder ce qui se passe par rapport à des lieux de vie. Pas besoin de faire statistiques ethniques. Regardez où vivent un certain nombre de nos compatriotes et vous verrez les problèmes de chômage, de scolarité, de réussite, voire même la capacité à créer une entreprise. »

Ce sujet revient pourtant en boomerang dans le débat politique après l’emploi du terme « apartheid » par le premier ministre, Manuel Valls, le 20 janvier. S’il existe une discrimination de fait, le débat sur la nature des outils statistiques à la disposition des politiques redevient légitime ; et si l’on veut lutter contre, plus encore. « Cela veut dire en préalable une chose : accepter l’idée des statistiques ethniques », rappelait le 28 janvier le député (UMP, Marne) Benoist Apparu. « Si vous voulez faire une politique de peuplement, vous êtes obligés d’avoir une base scientifique (…). Le débat mérite d’être ouvert, d’être posé. »

C’est aussi ce qu’estime la sénatrice Esther Benbassa (EELV, Val-de-Marne), coauteur avec Jean-René Lecerf (UMP, Nord), d’un rapport d’information qui plaide pour l’autorisation de statistiques ethniques en France. « L’attitude du chef de l’Etat se comprend facilement. En refermant ce dossier, il évite de faire accepter aux élites de ce pays l’idée qu’elles doivent partager les postes. L’utilisation des statistiques ethniques n’a pas tout résolu aux Etats-Unis, je le concède. Mais cela a quand même permis de dégager une élite noire !, insiste la sénatrice. Chez nous, on en est loin ! Arrêtons de nous voiler la face, et donnons-nous les outils les plus efficaces pour pouvoir lutter contre de façon ciblée. »

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