Frédéric Lordon analyse la crise

Analyse qui n'a pas pris une ride.

Il a pinaillé récemment Thomas Piketty dans le Monde Diplomatique qui serait, à son avis, resté à l'épiderme du sujet dans son livre à succès sur le capital.

Il n'a pas l'habitude d'accepter souvent les invitations de passer à la télé, mais il y a dérogé pour débattre avec Piketty sur ce sujet à l'émission de Taddei.


(...)On sait très bien, et en particularité depuis les travaux d’Albert Hirschman, par exemple, que la naturalisation des faits sociaux est le tour de rhétorique le plus caractéristique des pensées conservatrices et même réactionnaires. Et on voit très bien pourquoi. Donner à croire que les ordres sociaux sont des ordres naturels, c’est laisser entendre qu’ils sont immuables comme tels, et donc c’est opposer une fin de non-recevoir quasi épistémologique à toute revendication de transformation sociale. C’est un peu comme si les gens voulaient descendre dans la rue au motif que ils considèrent que l’accélération de la pesanteur est trop importante, et le 9,82 ms2 c’est trop, qu’on se sent un peu lourd, et l’on voudrait être un peu moins. Eh bah, rentrez chez vous, ceci n’est pas possible. C’est ça le message qui est systématiquement véhiculé par toute cette rhétorique de la naturalité du capitalisme, de l’économie etc. Une rhétorique qu’alimente spécialement tout le discours de la théorie économique dominante qui prétend qu’on peut dégager des lois de l’économie, ou des lois du capitalisme. (Frédéric Lordon) (...)
 
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