Grèce : où s'arrêtera l'extrême-droite d'Aube dorée ?
Par Pierre Magnan | le 11/02/2013 à 15H53
Les images sont inquiétantes. Elles montrent une foule de quelque 5000 personnes marchant dans Athènes, flambeaux et drapeaux grecs à la main. Devant eux, à la tribune, un homme en chemise noire les harangue. Partout, les oriflammes du parti claquent au vent. Elles sont rouges avec une sorte de croix noire. Des couleurs de sinistre mémoire.
Cette foule est composée de militants et de sympathisants du mouvement d'extrême-droite l'Aube dorée, parti politique grec entré au Parlement à la faveur de la crise économique qui impose à la Grèce une austérité sans précédent.
Le parti n'hésite pas à arborer une imagerie rappelant le mouvement nazi (chemises noires, drapeau rouge avec un méandre noir, rappelant le graphisme de la svastika). Des choix qui s'inscrivent dans l'histoire de l'extrême droite grecque et l'histoire du chef de ce parti, Nikolaos Michaloliakos.
Manifestation d'Aube dorée début février 2013 à Athènes
Toujours au niveau des références historiques, militants de l'Aube dorée et pro-nazis ont participé aux obsèques, fin janvier 2013, de l'un des derniers responsables du pouvoir militaire des années 67-74. Des slogans datant de la dictature des colonels, comme "Grèce, Grecs, Chrétiens", et d'autres plus récents contre la classe politique, comme "Voyous, traîtres, politiques", accompagnaient la cérémonie.
Dans la crise actuelle, Aube dorée qui a déjà 18 élus (sur 300) à l'Assemblée nationale grecque, pourrait voir son poids augmenter, à en croire les derniers sondages. Aube dorée pourrait devenir le 3e parti du pays qui est touché par la crise, le recul du pouvoir d'achat, les scandales à répétition et un chômage record (26%).
Anti-austérité et anti-immigrés
Le discours anti-austérité, qui a fait le succès du parti aux élections, se double de diatribes anti-immigrés et anti-américaines. L'Aube dorée a fait de l'immigration (la Grèce est le lieu de passage d'un mouvement migratoire qui traverse le pays vers le reste de l'Europe) un de ses chevaux de bataille dans un pays où le chômage ne cesse de grimper.
Ce parti est accusé d'être l'auteur de nombreuses attaques contre des étrangers isolés, des commerces tenus par des non-Grecs, de violences contre des opposants... Dernier exemple en date de ces méthodes : une opération d'intimidation contre un dispensaire athénien de la section grecque de Médecins du Monde, en pointe dans les soins aux migrants.
Aube dorée multiplie les attaques
«Début septembre, des groupes d'hommes en noir ont organisé des opérations de contrôle sur des marchés à Rafina, près d'Athènes. Ils ont demandé leurs papiers aux immigrants avant de saccager leurs stands. "Ils vendaient leurs marchandises au noir. Nous avons donc appelé la police plusieurs fois, mais elle n'est pas venue. Nous étions là pour défendre les autres vendeurs grecs", déclare Marlène Katinopoulou, une attachée parlementaire du parti», racontait Le Monde.
Le parti d'extrême droite s'en prend aussi à ses adversaires politiques. Ainsi, «Dimitris Stratoulis, 54 ans, syndicaliste et cadre du Syriza, a dénoncé à la police avoir été battu devant le stade olympique, où il est allé suivre avec son fils un match de football de l'AEK. Au sortir du match, il a été frappé à coups de pied au corps et d'un coup de poing à la tête
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mam