Grosses coupures et petit bakchich

thitrite

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Y A-T-IL UNE RÉELLE VOLONTÉ D’ENDIGUER LA DÉLINQUANCE ÉCONOMIQUE?

On attendait la réapparition d’un thème récurrent dans tous les discours politiques, à plus forte raison en période électorale. Il s’agit de la moralisation de la chose publique. C’est la Cour des comptes et transparency Maroc qui ont finalement rappelé cette belle thématique à notre bon souvenir.
Transparency a choisi cette période électorale pour faire savoir ses regrets quant à l’absence d’enquête officielle sur la corruption au cours des législatures précédentes. Partant de ce vide douteux, cette institution internationale n’a pas hésité à émettre quelques doutes sur la volonté des pouvoirs publics de lutter réellement contre la corruption.

À titre de rattrapage, Driss Jettou, président d’une instance constitutionnelle, vient en effet de demander aux représentants du peuple et à ses gouvernants de déclarer, pièces justificatives à l’appui, leurs biens acquis pendant l’exercice de leur mandat électif ou de leurs fonctions ministérielles.

M. Jettou a donné la primauté aux députés et membres du gouvernement, dans une lettre au chef de l’Exécutif et au président de la Chambre des représentants, pour l’exemple. Ils ne sont évidemment pas les seuls concernés. Les présidents des grandes et moyennes communes ainsi que les directeurs des entreprises publiques, d’un certain poids économique, le sont également.

Une révision draconienne à la baisse a réduit leur nombre, en terme de personne physique, de 180 mille à 8 mille. M. Jettou a préféré ratisser moins large pour faire plus efficace. Il est vrai que l’ancienne formule exigeait des agents de la fonction publique, à partir de l’échelle 10, ayant une parcelle, même infime, de prise de décision, de faire une déclaration du patrimoine. Par son étendue, cette mesure frisait le ridicule, sans être d’une quelconque efficacité. Elle servait surtout à noyer le poisson, en faisant semblant, sans que personne ne soit dupe.
 

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Mais en plaçant la barre à un niveau administrativement et judiciairement praticable, Driss Jettou et ses juges donnent l’impression qu’ils ont déjà une idée sur les secteurs et les fonctions susceptibles d’être suspectés.

Encore mieux, ils devraient avoir en tête quelques filières de placement de capitaux, ici même et ailleurs, qui sentent la malversation à plein nez. Sans en appeler à une procession de charrettes bondées de sorcières veineuses et sans vouloir une réédition du fameux “assainissement” de triste mémoire, en 1996, on est en droit de se demander s’il y a une réelle volonté d’endiguer la délinquance économique sous toutes ses formes; en priorité celle qui gère l’argent public.

De plus, ce resserrement de la sphère d’investigation, “à peine” 8 mille contribuables, donne à croire que la traque des corrompus sera concentrée uniquement sur les moyennes et grosses pointures. Le petit bakchich corrupteur n’est pas dans le viseur.

Il a tellement été intégré dans la vie de tous les jours qu’il est devenu un trait de culture, voire un réflexe imparable, semble dire la Cour des comptes. Abdeslam Aboudrar, président de l’Instance de prévention de la corruption quel qu’en soit le volume, a encore du pain sur la planche.

http://www.maroc-hebdo.press.ma/grosses-coupures-petit-bakchich/
 
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