Hépatite c : comment le maroc a dribblé un laboratoire américain ...

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
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Le Maroc va bel et bien produire un générique du sofosbuvir, le médicament miracle contre l’Hépatite C. Le ministère de la Santé est parvenu à ses fins malgré les différentes tentatives du laboratoire américain Gilead pour vendre son médicament au prix fort au Maroc.


« Le générique du Sofosbuvir a obtenu son AMM et sera bientôt commercialisé dans les pharmacies », a enfin confirmé le ministre de la Santé, Houcine Louardi, lors de sa conférence de presse bilan annuelle, mercredi 26 juin 2015. Jusqu’ici, seules des sources anonymes avaient annoncé la vente prochaine au Maroc du générique du médicament miracle contre l’Hépatite C. Comment le Maroc a-t-il réussi ce tour de force ?

A l’origine, « le sophosbuvir a été développé par Pharmasset, start-up de biotechnologie. Ce n’est pas un grand laboratoire, seulement l’une de ces petites boîtes qui testent à l’aveugle des molécules pour les revendre à des multinationales lorsqu’elles se révèlent prometteuses, car les essais cliniques coûtent extrêmement chers et ne sont pas dans leurs moyens », explique Othman Mellouk, médecin et membre d'ITPC Mena, association de lutte pour l'accès aux médicaments.

Le Maroc entre les mailles du filet

Pharmasset a déposé son premier brevet en 2008, 2009 aux Etats Unis. Or un brevet n’étant valable que dans un pays, il faut les déposer un à un dans chaque pays où l’on prévoit de vendre. « A l’époque, la stratégie de Pharmasset, puisqu’il s’agissait d’une petite boîte, a été de déposer son brevet dans les grands pays où elle envisageait de vendre et de laisser les petits de côté », précise Othman Mellouk. C’est ainsi que le Maroc est passé entre les mailles du filet. En 2010, le laboratoire pharmaceutique américain Gilead mesure l’intérêt considérable de la molécule du sofosbuvir et paye le prix fort : il rachète 12 milliards de dollars Pharmasset, uniquement pour obtenir ce brevet.

Le temps de lancer sa stratégie commerciale, il ne parvient pas à déposer à temps des brevets dans tous les pays, car une règle de l’OMS fixe le délai maximum entre le dépôt du premier et du dernier brevet à 18 mois. Au-delà, une molécule ne peut plus être considérée comme ‘nouvelle’. Gilead va donc tenter de limiter la production du générique par d’autres moyens.

Le laboratoire pharmaceutique avait justifié le prix exorbitant de son médicament dans les pays riches - 45 000 euros pour 3 mois de traitement - par sa volonté de proposer des prix abordables aux pays en voie de développement. Pourtant Gilead va refuser de considérer le Maroc comme un pays en développement. « Malgré nos premières tentatives, le laboratoire américain Gilead propriétaire de la formule médicamenteuse et de la licence refusait de considérer le Maroc comme un pays éligible à des tarifs préférentiels », a révélé mercredi le ministre de la Santé.

Le 15 septembre dernier, le laboratoire américain tente autre chose : il signe un contrat de licence volontaire avec les génériqueurs indiens qui obtiennent le droit de produire et d’exporter le médicament dans 91 pays, mais le Maroc n’en fait pas partie. Au contraire, « au Maroc, Gilead dépose 4 brevets secondaires, sur le mode de fabrication et sur d’autres aspects périphériques. L’an dernier l’OMPIC en a accordé deux et les deux autres sont toujours en cours d’examen, mais aucun n’empêche définitivement un génériqueur marocain de produire le sofosbuvir s’il le souhaite », explique Othman Mellouk.

3000dh par mois

In fine, un ‘sofosbuvir marocain’ devrait bientôt voir le jour. « Il sera vendu au prix d’environ 3000dh par mois [pour 3 mois de traitement] qui sera bien évidemment remboursable par la CNSS », assure Houcine Louardi. Un prix équivalent à celui négocié par l’Egypte auprès de Gilead et auquel le patient doit ajouter le prix élevé des deux autres médicaments qui accompagnent toujours le traitement.

Le ministre n’a pas confirmé le nom du laboratoire marocain qui va produire le sophosbuvir, même si le nom de Pharma 5 circule depuis plusieurs semaines dans la presse. « Ils craignent probablement que Gilead signe un accord avec les fournisseurs de matière première de Pharma 5 pour qu’ils n’exportent pas vers le Maroc », pense Othman Mellouk.

Yabiladi
 
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AncienMembre

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L'industrie pharmaceutiques brasse tellement d'argent. Tellement qu'elle ne peu pas être clean et morale.
 
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