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Histoire. Les minutes dun anniversaire sanglant
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[QUOTE="Erolisk, post: 5290212, member: 157401"] A cette même heure, dautres unités interviendront dans dautres villes du royaume. Avec une branche, Ababou dessine un croquis grossier du site à prendre dassaut. Il explique aux officiers que le convoi doit se diviser en deux unités. La première, quil dirigera lui-même, devra investir la zone par la porte sud, tandis que la deuxième, pilotée par son frère Mohamed, pénétrera par la porte nord. Il faut boucler toutes les issues, faire sortir tous les ressortissants étrangers des rangs et les faire monter dans les camions. Ne laissez personne séchapper ! Tirez sur les fuyards !, poursuit le colonel. Ababou lance à ses hommes : Relevez les bâches de vos camions et ordonnez à vos hommes dengager les chargeurs. Messieurs, jusquà Rabat, nous allons nous déplacer dans une zone dinsécurité, préparez-vous à la guerre, vous pouvez disposer !, rapporte Ahmed Marzouki, auteur de Tazmamart Cellule 10 (Ed. Tarik, 2000), un des protagonistes du coup dEtat. Ababou et ses officiers supérieurs sarment de mitraillettes, deux chargeurs en poche. Prêts à dégainer 13h30. Après avoir traversé Salé, les 1200 soldats, en plus de leurs encadrants, investissent Rabat. Le cortège emprunte le boulevard Hassan II, une des principales artères de la capitale, sous les regards ébahis de curieux attroupés au bord de la route et sous les hola admiratifs denfants du peuple qui imitaient le salut militaire, relate Ahmed Marzouki. Sur la route côtière menant à Skhirat, la circulation dense en ce week-end dété retarde la machine, engluée dans les embouteillages. Le convoi a parcouru les 300 kilomètres qui séparent Ahermoumou de la capitale sans jamais être inquiété, sans avoir rencontré ni gendarmes, ni policiers, ni quelque contrôle que ce soit, remarque Aziz Binebine, auteur de Tazmamort (Ed. Delanoel, 2009). En direction de Skhirat, RAS non plus. Seuls agents dautorités croisés?: des motards de la gendarmerie. Ils arrêtent les véhicules civils pour dégager la route aux militaires. Quittant la route principale, les hommes de Ababou accélèrent la cadence, et dépassent bientôt le complexe balnéaire de lAmphitrite. Le palais royal est en visuel. 13h40. Le roi, qui fête ses 42 ans, accueille ses invités. Toute la famille royale est réunie : le prince Moulay Abdellah est de la partie, mais aussi le prince héritier Sidi Mohammed, alors âgé de huit ans, et Moulay Rachid, qui vient de souffler sa première bougie. 13h55. Ababou longe la muraille du palais de Skhirat à la tête dune première unité. En faction devant la porte sud, les éléments de la Garde royale, les gendarmes et les parachutistes nopposent aucune résistance, si ce nest de vaines sommations. Les hommes du colonel pénètrent dans le palais sans tirer un seul coup de feu, roulent sur le terrain de golf, en direction de la résidence de Hassan II. Arrivé devant la porte principale, Ababou fait signe aux chauffeurs de sarrêter. Il ordonne à ses troupes de débarquer des camions et de tirer sur toute personne opposant résistance. Les officiers et les sous-officiers répercutent linjonction aux cadets. Une fois au sol, ils ont commencé à tirer en lair, puis dans tous les sens et à lancer des grenades à tort et à travers , témoigne le capitaine Hamid Bendourou lors des interrogatoires. Un lieutenant de la gendarmerie surgit, pistolet à la main, et cria à Ababou : mais quest-ce que vous faites mon colonel ? Vous êtes ici dans un palais royal, vous navez pas le droit dy entrer sans permission, raconte Ahmed Marzouki. Ecarte-toi de là, répondit Ababou menaçant. Non je ne vous laisserai pas entrer, répliqua le lieutenant. Un échange de balles plus tard, le lieutenant de la gendarmerie gît sur le sol, tandis que Ababou sen tire avec une balle à lépaule. 14h00. A lentrée de la porte nord, laîné des Ababou, qui mène la deuxième unité à lassaut, ordonne à son chauffeur de forcer le barrage, une grosse chaîne métallique. Le convoi sengage dans le palais, dépasse les dunes de sable adjacentes au green, avant de sarrêter au niveau des bungalows donnant sur la plage. Les bras écartés, un commandant de la brigade de parachutistes, le commandant Loubaris, tente de stopper lassaut. Il sest mis à marcher en direction du colonel Mohamed Ababou, qui était assis dans sa jeep, et armé de sa mitraillette, se souvient un témoin, présent sur les lieux. Loubaris lance à Ababou frère : Tu comptes aller où comme ça ? Tu te rends comptes de ce que tu es en train de faire, Inaâl Chitane, arrête tout, maintenant !. Mais le lieutenant-colonel ne lentend pas de cette oreille, il vise le commandant au niveau du ventre. Loubaris parvient à esquiver le gros de la rafale, mais il est tout de même grièvement blessé. Interrogé après son arrestation, Mohamed Ababou livrera une tout autre version des faits : Une personne accourt vers moi comme pour mempoigner, je tire sur elle. Jai appris par la suite quil sagissait du colonel Loubaris , peut-on lire sur les PV militaires enregistrés au lendemain de la tentative de putsh. 14h25. Non loin de la tente caïdale dressée pour le roi, le célèbre joaillier de la place Vendôme, lhéritier Chaumet, discute avec des invités des prix quil compte offrir aux vainqueurs du tournoi de golf. Soudain, on entend des pétarades, on croit à une fantasia surprise, à une idée du prince Abdallah, volontiers farceur, écrit Claude Clément, présente à Skhirat ce samedi 10 juillet. Ce fut à un moment où je me trouvais en pleine discussion avec des collègues et amis sous une grande tente, non loin de Hassan II, entouré de Bourguiba junior et dautres personnalités, que nous avons entendu des coups de feu, rapporte Abdelmjid Tazi, chargé de mission auprès du Premier ministre, lors de son témoignage en 2001 devant lAssociation des familles des victimes des évènements de Skhirat (AFVES). Tout le monde pensait au début quil sagissait de sport, dune partie de tir aux pigeons. On sinterroge, mi-surpris mi-étonné : cest peut-être le feu dartifice, initialement prévu pour la nuit, un court-circuit ou une mauvaise manipulation, qui a fait partir des fusées ? M. Perrier, ministre plénipotentiaire français, saigne de la jambe. Il peste contre ces imbéciles qui laissent partir horizontalement, au risque de blesser les passants. Il peste jusquau moment où une grenade vient exploser au pied du roi, sans blesser personne. Cest le coup de semonce. Lorchestre égyptien senfuit, abandonnant ses instruments, détaille Claude Clément. Certains invités fuient, dautres continuent de croire à la plaisanterie, et mettent leur club de golf en joue, pour singer les cadets, ou protestent contre les militaires, qui abiment le green en le piétinant. 14h30. Les grenades éclatent de toutes parts, les mitraillettes crachent des centaines de balles. Dix, quinze, vingt soldats casqués et en tenue de campagne se ruent vers la grande entrée. Ils sont courbés en avant, crispés sur leurs fusils, avec lesquels il tirent devant eux au petit bonheur. Haut les mains ! Tous dehors, rugissent-ils, rapporte Benoist Méchin dans Deux étés africains (Ed.Albin Michel, 1972). Comme les serveurs et les cuisiniers tardent à sortir, peut-être ont-ils cru que cet ordre ne sadressait pas à eux, lun des deux soldats lance une grenade dans le tas. Elle explose. Des lambeaux de chair volent dans tous les sens. Quand des soldats aperçoivent le buffet gargantuesque, leur fureur décuple, ils tirent en direction du festin, renversent les tréteaux, détruisent les pyramides de vivres à coups de crosses, piétinent les assiettes et les verres Vous avez assez bâfré avec les porcs, sécrie lun deux en esquissant un geste de menace en direction de la foule. A présent, vous allez payer !, écrit Méchin. Joignant lacte à la parole, officiers, sous-officiers et cadets tirent sur la foule, sans discernement, sans sommations. Dans le chaos généralisé, un déluge de feu partait des deux colonnes de camions qui encadraient les lieux ( ) Les personnes restées debout sur le terrain de golf furent fauchées par les tirs croisés, ainsi que beaucoup délèves. Le nombre de ces derniers ne fut pas révélé après les événements, mais plus de deux cents dentre eux tombèrent sous les balles de leurs camarades, rapporte Aziz Binebine dans son livre. Les soldats continuent de tirer au petit bonheur, sans aucune autre raison que le plaisir de tuer ; sur un homme épuisé qui abaisse les bras au lieu de les tenir levés, sur une chemise dont la couleur leur déplaît, sur une figure dont lexpression ne leur revient pas, poursuit Méchin. Ahmed Marzouki rapporte lanecdote suivante. [/QUOTE]
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