amsawad
Tayri nem tuder g-ul inu
Entre le XIe et le XIIIe siècle, deux dynasties berbères, les Almoravides puis les Almohades, ont unifié le Maghreb et la péninsule ibérique. Pour la première et dernière fois, un pouvoir maghrébin gouvernait les deux rives du détroit de Gibraltar.
Par trois fois dans l’histoire le Maghreb, c’est-à-dire la partie occidentale de l’Afrique septentrionale (actuels Maroc, Tunisie, Algérie et Libye), et la péninsule ibérique ont été unifiés dans un même ensemble politique. D’abord par des « étrangers » : les Romains à partir du Ier siècle avant notre ère jusqu’au Ve siècle, puis les Arabes aux VIIe et VIIIe siècles. entre la fin du XIe siècle et la fin du XIIIe siècle, enfin, c’est la population « indigène » du Maghreb, les Berbères, qui fut à l’origine de plusieurs empires. Nomades ou sédentaires, organisés en groupes tribaux plus ou moins importants, les Berbères étaient alors loin d’être culturellement unis. Certains s’étaient romanisés, christianisés, d’autres, ou leurs descendants, arabisés ou convertis à l’islam, d’autres enfin étaient restés animistes et avaient conservé leur parler, le berbère.
La période des empires « berbères » est contemporaine des croisades latines en Orient ; elle accompagne la revivification de l’islam par des « peuples nouveaux », Turcs en Orient, Berbères en Occident. Appuyées sur des tribus qui constituaient les forces vives de leurs armées, deux dynasties, les Almoravides (fin du XIe siècle-1147) puis les Almohades [1] (1147-1269) se sont succédé. Dans la période de sa plus grande extension, à la fin du XIe siècle, l’empire almoravide s’étendait du fleuve Sénégal au sud, jusqu’aux faubourgs de Tolède au nord, et de l’Atlantique à l’Ouest, au centre de l’Algérie actuelle, à l’Est. L’empire almohade, lui, plus méditerranéen et moins africain, recouvrait au début du XIIIe siècle le Maghreb, du rivage des Syrtes à l’Atlantique, ainsi qu’Al-Andalus, la partie de la péninsule ibérique appartenant à l’islam.
Comment les berbères, sans tradition administrative ou politique, ont-ils réussi à fonder des empires aussi grands et puissants qu’éphémères ?
Islamisation et arabisation
Au VIIe et au VIIIe siècle, le Maghreb est entré dans l’orbite des califes orientaux, Omeyyades de Damas jusqu’en 750 puis Abbassides de Bagdad. Cette intégration ne s’est pas faite sans résistance. Dès 690,
une femme, la Kahina, « reine des Aurès », soulève la population contre les gouverneurs arabes, mais elle est finalement vaincue et décapitée en 704. Les révoltes berbères se poursuivent et débouchent
dans les années 740 sur la création de petites principautés contestant, au nom de l’islam, l’autorité des califes qui prétendent diriger l’intégralité de la communauté de l’islam (umma).
Une étape importante est franchie en 909 quand une dynastie chiite rompt l’unité califale en proclamant à Kairouan (en Tunisie actuelle) l’avènement d’un imam fatimide. C’est grâce à la participation et au soutien d’une tribu berbère très importante, les Kutama, que les Fatimides ont pu conquérir le pouvoir. Mais ces derniers gardent le regard tourné vers l’Orient : en 969, ils transportent leur cour dans une nouvelle capitale fondée en Égypte, Le Caire, abandonnant ainsi le Maghreb, qu’ils n’ont pas réussi à unifier, à des lieutenants berbères qui vont rapidement s’émanciper, les zirides.
Au XIe siècle, le maghreb est donc dirigé depuis près de quatre siècles par des gouverneurs nommés ou reconnus par des pouvoirs orientaux musulmans, syriens, irakiens ou plus récemment égyptiens. Pourtant, l’islamisation et l’arabisation de cette « périphérie » du monde musulman médiéval sont encore loin d’être complètes. La population des villes parle vraisemblablement l’arabe et pratique la religion musulmane ; en revanche, dans les campagnes, dans les zones de nomadisme et dans les montagnes, les populations conservent en grande partie leurs traditions et leur langue, voire leurs croyances. seules les élites politiques sont alors partiellement islamisées. La religion musulmane leur fournit en effet des opportunités sociales au point qu’elles se trouverons capables de fonder un empire.
L'empire amoravide
Tout débute dans les années 1040 par le voyage en orient, à l’occasion du pèlerinage à La Mecque, du chef d’une tribu berbère sanhaja du Sahara (dans le sud du Maroc actuel), Yahya ibn ibrahim. Celui-ci revient parmi les siens bien décidé à réformer les moeurs à l’aune des pratiques arabes orientales, considérées comme norme et modèle – les populations berbères ont quant à elles développé un islam particulier, souvent contestataire. Il sollicite un célèbre docteur de la loi de Kairouan qui lui adjoint un missionnaire-théologien, ibn Yasin. Entre 1040 et 1070, les tribus berbères sanhaja, sous la double direction, politico-militaire, de Yahya ibn ibrahim et, religieuse, d’ibn Yasin, parviennent à fédérer autour d’elles, au nom de l’islam, une grande partie des forces du maghreb. De 1070 à 1090, ceux que l’on appelle désormais les Almoravides s’emparent des plus grandes villes du Maroc actuel et d’Al-Andalus aux dépens des principautés musulmanes existantes. ils prônent le retour à une fiscalité coranique et l’accomplissement du jihad (« guerre légale ») contre les chrétiens du nord de la péninsule ibérique : ceux-ci viennent en eff et, en 1085, de s’emparer de la ville musulmane de Tolède.
Au terme de ces quelques années de construction étatique, tous les éléments sont en place : une capitale, Marrakech, fondée en 1071 ; un souverain incontesté, Yusuf ibn tashfin (1072-1106) ;
une idéologie, la réforme des moeurs, c’est-à-dire le
respect des normes coraniques ; le jihad contre les principautés chrétiennes dans la péninsule ibéri-
que et contre les « hétérodoxes » du Maghreb. surtout, le pouvoir almoravide repose sur un cadre juridique et légal, le malékisme, une des quatre écoles juridiques sunnites, caractérisée par sa rigueur morale et par l’importance accordée aux docteurs de la loi ainsi qu’à la casuistique qu’ils sont les seuls à maîtriser. Ces juristes et oulémas sont un pilier du régime : ils sont sollicités pour valider et cautionner par des avis juridiques (fatwa) toutes les décisions prises par le souverain. Les tribus fondatrices de l’empire almoravide présentent en outre quelques originalités. En effet, des éléments de matrilinéarité y dominent : la femme joue un rôle politique important, elle n’est pas voilée, cependant que les hommes le sont, portant le « voile de bouche » (à la façon des hommes en « bleu » d’aujourd’hui). Ainsi, avant d’être la femme de Yusuf ibn tashfin, zaynab al-Nafzawiyya épousa successivement plusieurs chefs tribaux, dont elle se sépara au moment opportun. réputée de grande beauté et de fort caractère, elle est un personnage incontournable dans la mise en place de l’empire almoravide et dans l’avènement de Yusuf ibn tashfin. Souvent présentés dans les sources comme d’austères hommes du désert, analphabètes et rudes, les Almoravides mettent en place une administration originale, fortement décentralisée.
A la tête de l’empire se trouve un prince portant le titre d’amir al-muslimin (« prince des musulmans »), forgé sur le modèle du titre d’amir al-mu’minin (« prince des croyants ») [2] : le souverain almoravide ne prétend pas à la direction de l’ensemble de la communauté des croyants ; il revendique une autorité « dérivée » sur une portion du territoire de l’islam.
La réforme religieuse défendue par les Almoravides s’intègre dans un légalisme extrême et se rattache à l’autorité supérieure du calife abbasside de Bagdad : elle place le Maghreb et Al-Andalus dans le giron oriental, faisant des régions dirigées par l’émir almoravide une province de l’ensemble califal oriental de l’empire de l’islam. Les Almoravides tirent même un motif de gloire, une légitimité, de cette dépendance vis-à-vis du pouvoir central irakien : le nom du calife abbasside est prononcé le vendredi dans le sermon des grandes mosquées de l’empire, et mentionné sur les belles monnaies d’or que les Almoravides frappent en masse, profitant du contrôle des voies africaines de l’or.
Les gouverneurs de la vingtaine de provinces d’Al-Andalus et du maghreb que compte l’empire disposent de l’ensemble des prérogatives régaliennes : justice, guerre légale, fiscalité. recrutés dans
la tribu du souverain, ils sont responsables de toutes leurs entreprises et sont au bout de deux ou trois
ans mutés ou remplacés à leur poste. Les souverains almoravides ont utilisé dans leur administration les lettrés andalous dont le rôle politique avait été très important au XIe siècle. Quoique soumettant leurs décisions à l’avis préalable des juristes – qui de fait cautionnent la dynastie –, ils ont favorisé l’essor de la poésie, de la littérature et des arts. Même si, à la suite des auteurs almohades qui
se sont employés à discréditer la dynastie almoravide, de nombreux historiens, comme Reinhart Dozy au XIXe siècle, ont minimisé son rôle, c’est donc bien l’empire almoravide qui, dès le XIe siècle, a mis en place une structure étatique transcontinentale dont allaient hériter les Almohades. Pour la première fois de l’histoire, un pouvoir maghrébin gouverne les deux rives du détroit de Gibraltar. Les Almohades vont s’engouffrer dans cette voie : durant les deux périodes, la capitale de l’ensemble territorial est Marrakech, fondation almoravide, tandis qu’Al-Andalus dispose d’une ou plusieurs capitales secondaires, Séville, Cordoue et/ou Grenade. Alors qu’au Xe siècle le Maghreb occidental était la zone d’influence des califes omeyyades de Cordoue d’un côté, des califes fatimides de Kairouan et du Caire de l’autre, dès la fin du XIe siècle, c’est le maghreb qui a l’initiative et le pouvoir d’influence.
Par trois fois dans l’histoire le Maghreb, c’est-à-dire la partie occidentale de l’Afrique septentrionale (actuels Maroc, Tunisie, Algérie et Libye), et la péninsule ibérique ont été unifiés dans un même ensemble politique. D’abord par des « étrangers » : les Romains à partir du Ier siècle avant notre ère jusqu’au Ve siècle, puis les Arabes aux VIIe et VIIIe siècles. entre la fin du XIe siècle et la fin du XIIIe siècle, enfin, c’est la population « indigène » du Maghreb, les Berbères, qui fut à l’origine de plusieurs empires. Nomades ou sédentaires, organisés en groupes tribaux plus ou moins importants, les Berbères étaient alors loin d’être culturellement unis. Certains s’étaient romanisés, christianisés, d’autres, ou leurs descendants, arabisés ou convertis à l’islam, d’autres enfin étaient restés animistes et avaient conservé leur parler, le berbère.
La période des empires « berbères » est contemporaine des croisades latines en Orient ; elle accompagne la revivification de l’islam par des « peuples nouveaux », Turcs en Orient, Berbères en Occident. Appuyées sur des tribus qui constituaient les forces vives de leurs armées, deux dynasties, les Almoravides (fin du XIe siècle-1147) puis les Almohades [1] (1147-1269) se sont succédé. Dans la période de sa plus grande extension, à la fin du XIe siècle, l’empire almoravide s’étendait du fleuve Sénégal au sud, jusqu’aux faubourgs de Tolède au nord, et de l’Atlantique à l’Ouest, au centre de l’Algérie actuelle, à l’Est. L’empire almohade, lui, plus méditerranéen et moins africain, recouvrait au début du XIIIe siècle le Maghreb, du rivage des Syrtes à l’Atlantique, ainsi qu’Al-Andalus, la partie de la péninsule ibérique appartenant à l’islam.
Comment les berbères, sans tradition administrative ou politique, ont-ils réussi à fonder des empires aussi grands et puissants qu’éphémères ?
Islamisation et arabisation
Au VIIe et au VIIIe siècle, le Maghreb est entré dans l’orbite des califes orientaux, Omeyyades de Damas jusqu’en 750 puis Abbassides de Bagdad. Cette intégration ne s’est pas faite sans résistance. Dès 690,
une femme, la Kahina, « reine des Aurès », soulève la population contre les gouverneurs arabes, mais elle est finalement vaincue et décapitée en 704. Les révoltes berbères se poursuivent et débouchent
dans les années 740 sur la création de petites principautés contestant, au nom de l’islam, l’autorité des califes qui prétendent diriger l’intégralité de la communauté de l’islam (umma).
Une étape importante est franchie en 909 quand une dynastie chiite rompt l’unité califale en proclamant à Kairouan (en Tunisie actuelle) l’avènement d’un imam fatimide. C’est grâce à la participation et au soutien d’une tribu berbère très importante, les Kutama, que les Fatimides ont pu conquérir le pouvoir. Mais ces derniers gardent le regard tourné vers l’Orient : en 969, ils transportent leur cour dans une nouvelle capitale fondée en Égypte, Le Caire, abandonnant ainsi le Maghreb, qu’ils n’ont pas réussi à unifier, à des lieutenants berbères qui vont rapidement s’émanciper, les zirides.
Au XIe siècle, le maghreb est donc dirigé depuis près de quatre siècles par des gouverneurs nommés ou reconnus par des pouvoirs orientaux musulmans, syriens, irakiens ou plus récemment égyptiens. Pourtant, l’islamisation et l’arabisation de cette « périphérie » du monde musulman médiéval sont encore loin d’être complètes. La population des villes parle vraisemblablement l’arabe et pratique la religion musulmane ; en revanche, dans les campagnes, dans les zones de nomadisme et dans les montagnes, les populations conservent en grande partie leurs traditions et leur langue, voire leurs croyances. seules les élites politiques sont alors partiellement islamisées. La religion musulmane leur fournit en effet des opportunités sociales au point qu’elles se trouverons capables de fonder un empire.
L'empire amoravide
Tout débute dans les années 1040 par le voyage en orient, à l’occasion du pèlerinage à La Mecque, du chef d’une tribu berbère sanhaja du Sahara (dans le sud du Maroc actuel), Yahya ibn ibrahim. Celui-ci revient parmi les siens bien décidé à réformer les moeurs à l’aune des pratiques arabes orientales, considérées comme norme et modèle – les populations berbères ont quant à elles développé un islam particulier, souvent contestataire. Il sollicite un célèbre docteur de la loi de Kairouan qui lui adjoint un missionnaire-théologien, ibn Yasin. Entre 1040 et 1070, les tribus berbères sanhaja, sous la double direction, politico-militaire, de Yahya ibn ibrahim et, religieuse, d’ibn Yasin, parviennent à fédérer autour d’elles, au nom de l’islam, une grande partie des forces du maghreb. De 1070 à 1090, ceux que l’on appelle désormais les Almoravides s’emparent des plus grandes villes du Maroc actuel et d’Al-Andalus aux dépens des principautés musulmanes existantes. ils prônent le retour à une fiscalité coranique et l’accomplissement du jihad (« guerre légale ») contre les chrétiens du nord de la péninsule ibérique : ceux-ci viennent en eff et, en 1085, de s’emparer de la ville musulmane de Tolède.
Au terme de ces quelques années de construction étatique, tous les éléments sont en place : une capitale, Marrakech, fondée en 1071 ; un souverain incontesté, Yusuf ibn tashfin (1072-1106) ;
une idéologie, la réforme des moeurs, c’est-à-dire le
respect des normes coraniques ; le jihad contre les principautés chrétiennes dans la péninsule ibéri-
que et contre les « hétérodoxes » du Maghreb. surtout, le pouvoir almoravide repose sur un cadre juridique et légal, le malékisme, une des quatre écoles juridiques sunnites, caractérisée par sa rigueur morale et par l’importance accordée aux docteurs de la loi ainsi qu’à la casuistique qu’ils sont les seuls à maîtriser. Ces juristes et oulémas sont un pilier du régime : ils sont sollicités pour valider et cautionner par des avis juridiques (fatwa) toutes les décisions prises par le souverain. Les tribus fondatrices de l’empire almoravide présentent en outre quelques originalités. En effet, des éléments de matrilinéarité y dominent : la femme joue un rôle politique important, elle n’est pas voilée, cependant que les hommes le sont, portant le « voile de bouche » (à la façon des hommes en « bleu » d’aujourd’hui). Ainsi, avant d’être la femme de Yusuf ibn tashfin, zaynab al-Nafzawiyya épousa successivement plusieurs chefs tribaux, dont elle se sépara au moment opportun. réputée de grande beauté et de fort caractère, elle est un personnage incontournable dans la mise en place de l’empire almoravide et dans l’avènement de Yusuf ibn tashfin. Souvent présentés dans les sources comme d’austères hommes du désert, analphabètes et rudes, les Almoravides mettent en place une administration originale, fortement décentralisée.
A la tête de l’empire se trouve un prince portant le titre d’amir al-muslimin (« prince des musulmans »), forgé sur le modèle du titre d’amir al-mu’minin (« prince des croyants ») [2] : le souverain almoravide ne prétend pas à la direction de l’ensemble de la communauté des croyants ; il revendique une autorité « dérivée » sur une portion du territoire de l’islam.
La réforme religieuse défendue par les Almoravides s’intègre dans un légalisme extrême et se rattache à l’autorité supérieure du calife abbasside de Bagdad : elle place le Maghreb et Al-Andalus dans le giron oriental, faisant des régions dirigées par l’émir almoravide une province de l’ensemble califal oriental de l’empire de l’islam. Les Almoravides tirent même un motif de gloire, une légitimité, de cette dépendance vis-à-vis du pouvoir central irakien : le nom du calife abbasside est prononcé le vendredi dans le sermon des grandes mosquées de l’empire, et mentionné sur les belles monnaies d’or que les Almoravides frappent en masse, profitant du contrôle des voies africaines de l’or.
Les gouverneurs de la vingtaine de provinces d’Al-Andalus et du maghreb que compte l’empire disposent de l’ensemble des prérogatives régaliennes : justice, guerre légale, fiscalité. recrutés dans
la tribu du souverain, ils sont responsables de toutes leurs entreprises et sont au bout de deux ou trois
ans mutés ou remplacés à leur poste. Les souverains almoravides ont utilisé dans leur administration les lettrés andalous dont le rôle politique avait été très important au XIe siècle. Quoique soumettant leurs décisions à l’avis préalable des juristes – qui de fait cautionnent la dynastie –, ils ont favorisé l’essor de la poésie, de la littérature et des arts. Même si, à la suite des auteurs almohades qui
se sont employés à discréditer la dynastie almoravide, de nombreux historiens, comme Reinhart Dozy au XIXe siècle, ont minimisé son rôle, c’est donc bien l’empire almoravide qui, dès le XIe siècle, a mis en place une structure étatique transcontinentale dont allaient hériter les Almohades. Pour la première fois de l’histoire, un pouvoir maghrébin gouverne les deux rives du détroit de Gibraltar. Les Almohades vont s’engouffrer dans cette voie : durant les deux périodes, la capitale de l’ensemble territorial est Marrakech, fondation almoravide, tandis qu’Al-Andalus dispose d’une ou plusieurs capitales secondaires, Séville, Cordoue et/ou Grenade. Alors qu’au Xe siècle le Maghreb occidental était la zone d’influence des califes omeyyades de Cordoue d’un côté, des califes fatimides de Kairouan et du Caire de l’autre, dès la fin du XIe siècle, c’est le maghreb qui a l’initiative et le pouvoir d’influence.