« des hommes debout », de maya abdul-malak

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
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Sur le boulevard de Belleville, il y avait un taxiphone qui s’appelait le « Phone Club Video » où avait l’habitude de se retrouver un groupe d’Algériens originaires de Bordj Bou Arreridj. Dans ce lieu anachronique, rempli de DVD de films arabes et de musique orientale, le temps semble s’être figé, loin des tumultes du quartier de Belleville et du vacarme des cafés adjacents.

C’est dans cet espace, à la fois clos et ouvert sur le monde, que la réalisatrice d’origine libanaise Maya Abdul-Malak a posé sa caméra, plusieurs mois durant, pour filmer les conversations, les joies et les tristesses, les errances et va-et-viens de ces immigrés déracinés qui gravitent autour d’Achour, le patron des lieux, venu en France en 1954.

Parmi eux il y a Moustapha, la figure centrale du film, un grand gaillard nerveux au visage fatigué, qui arpente la boutique en songeant à ce qu’il a laissé derrière lui, en Algérie, et qui appelle régulièrement sa mère, restée au pays, pour mieux la sentir auprès de lui et oublier ainsi les milliers de kilomètres qui le séparent de sa terre natale. Dans le taxiphone, Moustapha et ses acolytes tiennent le mur et tuent le temps en se parlant. Ils incarnent cette « double absence » qu’évoque le sociologue Abdelmalek Sayad au sujet des immigrés des années 70 et 80 : ni d’ici ni de là-bas, ils se situent dans une errance perpétuelle entre le pays qu’ils ont quitté et celui où ils vivent désormais.

« Je cherche à interroger notre condition : comment s’ancrer ici, alors qu’on a comme point d’horizon le pays qu’on a quitté, comment négocier entre ici et là-bas, comment gérer notre pays à distance, notre lieu absent, ce hors-champ, invisible et pourtant tellement là », explique Maya Abdul-Malak. Et à travers ceux qu’elle filme, dont elle capte les conversations et des fragments d’intimité, « c’est l’histoire des Arabes de Belleville, de tous les immigrés, des bledards, ceux qui tiennent les murs de la France, que le film cherche à raconter » que la réalisatrice a voulu raconter..................

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