La Tribune poursuit ses séries d'été. Cette semaine, les idées reçues de 2013, en économie. Cinquième et dernier chapitre : la France est le pays qui taxe le plus le travail
Cela paraît évident, c'est l'un des défauts majeurs de notre système fiscal : en France, on taxe beaucoup trop le travail, nettement plus qu'ailleurs, ce qui nuit bien sûr à l'emploi. La France est l'un des pays,
en effet, où le poids de cotisations patronales de sécurité sociale (à la charge des employeurs) est le plus lourd. C'est ce qui contribue du reste, largement, à un niveau de prélèvements obligatoires total plus élevé
que la moyenne des pays industriels.
Selon les statistiques de l'OCDE, les cotisations patronales représentent en France 11,3% du PIB, soit plus de deux fois la moyenne de l'OCDE. A titre de comparaison, elles ne pèsent que 6,7% de la richesse nationale en Allemagne, ou 3,8% en Grande-Bretagne.
Pour autant, affirmer que c'est la France qui taxe le plus les revenus du travail est une erreur. Les statistiques disent le contraire, à rebours de cette idée reçue. Eurostat calcule un taux
implicite de taxation sur ce que les économistes appellent les facteurs de production, notamment le travail. Il s'agit simplement d'évaluer le poids des prélèvements obligatoires sur les revenu du travail, rapportés à ceuxci.
La France au septième rang européen, pour la taxation du travail
Or que voit-on, à la lecture de « Taxation trends in the European Union », publié en avril par Eurostat ? Que la France se situe non pas au premier rang européen mais au septième des pays de l'UE. Et que l'Allemagne, ce « modèle » des années 2010, n'est pas si loin. Le taux global de taxation du travail est de 38,6% en France, contre
une moyenne de 35,8% en Europe.
L'Allemagne est également au dessus de la moyenne européenne, à 37,1%...../....
La Belgique et l'Italie imposent beaucoup plus le travail que la France (ces pays se situent au-delà de 42%), tandis que la Suède, la Finlande, et l'Autriche, se placent un peu au dessus du niveau hexagonal.
Comment expliquer ce paradoxe de lourdes cotisations, beaucoup plus lourdes qu'ailleurs vilipendées par le
Medef, mais aboutissant à une taxation globale du travail qui est loin de battre des records ?
Un impôt sur le revenu plus faible L'explication est simple : pour évaluer les prélèvements obligatoires sur
le travail, il faut prendre en compte, bien sûr, les cotisations, mais aussi, évidemment, l'impôt sur le revenu.
Or celui-ci est, contrairement à ce que croient encore beaucoup de Français, est plus léger qu'ailleurs.
Ces fameux danois, dont certains vantent le modèle « zéro charges sociales » ou presque : ce que les Danois ne paient pas des via des cotisations sociales, ils l'acquittent à travers un impôt sur le revenu très lourd et une TVA record. Mais ce « zéro charges » ne profite-t-il donc pas aux
entreprises ? Non, car elles doivent bien sûr accorder des rémunérations plus élevées à leurs salariés, pour qu'ils aient in fine de quoi vivre, après avoir payé toutes leurs taxes..../.....
Le mythe du petit nombre d'imposables
S'agissant de l'impôt français, il est de coutume de dire que son rendement est faible en raison du nombre
élevé de foyers exonérés. Cet argument ne résiste pas à l'analyse : pour
chaque niveau de revenu, la facture est en fait moins élevée que la moyenne européenne. En outre, et
surtout, la CSG, qui est devenue le premier impôt sur le revenu (80 milliards d'euros de recettes contre 50
milliards) est payée par tous, au premier euro de salaire.
Plus de cotisations à la charge des salariés en Allemagne…
Si les cotisations patronales battent de records en France, il faut considérer aussi les prélèvements à la charge des salariés. En Allemagne, elles sont plus importantes qu'en France, représentant 22% des recettes du système social (considéré globalement, tous systèmes publics confondus),.../...
La tribune 09/08/13
Cela paraît évident, c'est l'un des défauts majeurs de notre système fiscal : en France, on taxe beaucoup trop le travail, nettement plus qu'ailleurs, ce qui nuit bien sûr à l'emploi. La France est l'un des pays,
en effet, où le poids de cotisations patronales de sécurité sociale (à la charge des employeurs) est le plus lourd. C'est ce qui contribue du reste, largement, à un niveau de prélèvements obligatoires total plus élevé
que la moyenne des pays industriels.
Selon les statistiques de l'OCDE, les cotisations patronales représentent en France 11,3% du PIB, soit plus de deux fois la moyenne de l'OCDE. A titre de comparaison, elles ne pèsent que 6,7% de la richesse nationale en Allemagne, ou 3,8% en Grande-Bretagne.
Pour autant, affirmer que c'est la France qui taxe le plus les revenus du travail est une erreur. Les statistiques disent le contraire, à rebours de cette idée reçue. Eurostat calcule un taux
implicite de taxation sur ce que les économistes appellent les facteurs de production, notamment le travail. Il s'agit simplement d'évaluer le poids des prélèvements obligatoires sur les revenu du travail, rapportés à ceuxci.
La France au septième rang européen, pour la taxation du travail
Or que voit-on, à la lecture de « Taxation trends in the European Union », publié en avril par Eurostat ? Que la France se situe non pas au premier rang européen mais au septième des pays de l'UE. Et que l'Allemagne, ce « modèle » des années 2010, n'est pas si loin. Le taux global de taxation du travail est de 38,6% en France, contre
une moyenne de 35,8% en Europe.
L'Allemagne est également au dessus de la moyenne européenne, à 37,1%...../....
La Belgique et l'Italie imposent beaucoup plus le travail que la France (ces pays se situent au-delà de 42%), tandis que la Suède, la Finlande, et l'Autriche, se placent un peu au dessus du niveau hexagonal.
Comment expliquer ce paradoxe de lourdes cotisations, beaucoup plus lourdes qu'ailleurs vilipendées par le
Medef, mais aboutissant à une taxation globale du travail qui est loin de battre des records ?
Un impôt sur le revenu plus faible L'explication est simple : pour évaluer les prélèvements obligatoires sur
le travail, il faut prendre en compte, bien sûr, les cotisations, mais aussi, évidemment, l'impôt sur le revenu.
Or celui-ci est, contrairement à ce que croient encore beaucoup de Français, est plus léger qu'ailleurs.
Ces fameux danois, dont certains vantent le modèle « zéro charges sociales » ou presque : ce que les Danois ne paient pas des via des cotisations sociales, ils l'acquittent à travers un impôt sur le revenu très lourd et une TVA record. Mais ce « zéro charges » ne profite-t-il donc pas aux
entreprises ? Non, car elles doivent bien sûr accorder des rémunérations plus élevées à leurs salariés, pour qu'ils aient in fine de quoi vivre, après avoir payé toutes leurs taxes..../.....
Le mythe du petit nombre d'imposables
S'agissant de l'impôt français, il est de coutume de dire que son rendement est faible en raison du nombre
élevé de foyers exonérés. Cet argument ne résiste pas à l'analyse : pour
chaque niveau de revenu, la facture est en fait moins élevée que la moyenne européenne. En outre, et
surtout, la CSG, qui est devenue le premier impôt sur le revenu (80 milliards d'euros de recettes contre 50
milliards) est payée par tous, au premier euro de salaire.
Plus de cotisations à la charge des salariés en Allemagne…
Si les cotisations patronales battent de records en France, il faut considérer aussi les prélèvements à la charge des salariés. En Allemagne, elles sont plus importantes qu'en France, représentant 22% des recettes du système social (considéré globalement, tous systèmes publics confondus),.../...
La tribune 09/08/13