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Immigration: en 20 ans, on a fini par appliquer le programme… du vlaams blok!
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[QUOTE="belgika, post: 13541049"] Extrait de « 2014, l’année où les droits ont craqué» article d’Alexis Deswaef, Président de la Ligue des droits de l’Homme. (…) Imaginons un instant nous être absentés du pays pendant les vingt dernières années. Lorsque nous avions quitté le pays, le Vlaams Belang, qui n’avait pas encore été condamné pour racisme, s’appelait encore Vlaams Blok. Raciste, ce parti l’était déjà, comme le démontre la lecture de son « 70- puntenplan » qui avait pour but de « résoudre le problème des étrangers ». Ce programme, après une grosse percée électorale un « dimanche noir » de 1991, allait propulser le Vlaams Blok sur la deuxième marche du podium aux élections de 2004, plébiscité par un électeur flamand sur quatre. De retour au pays, portons un regard attentif aux discours politiques actuels. Bien que le Vlaams Belang flirte désormais avec le seuil d’éligibilité de 5%, une partie de ce sinistre programme, qui faisait hurler n’importe quel démocrate à l’époque, a été accompli, au fil du temps, par les partis démocratiques. Quant aux idées qui n’ont pas - jusqu’à présent - été concrétisées, une partie d’entre elles ne sont plus du tout tabou. Passons rapidement sur la création d’un Secrétariat d’Etat à l’immigration, ministère dirigé actuellement par Theo Francken, pour nous concentrer sur les mesures portant atteinte aux droits fondamentaux des étrangers alors que les concepteurs de ces mesures n’ont que le mot « intégration » à la bouche. Le Vlaams Blok prônait l’extension des centres fermés pour étrangers en séjour illégal ou en fin de procédure aux candidats réfugiés arrivant dans notre pays. Pour ce faire, il préconisait de construire de nouveaux centres fermés hors des zones habitées pour éviter les nuisances. Aujourd’hui, ils existent et deux de nos cinq centres fermés pour étrangers sont même construits en bord de piste de l’aéroport national pour accélérer la rotation des expulsions. Le Vlaams Blok proposait également d’expulser les personnes en séjour illégal collectivement avec les C- 130 de la Force aérienne belge. Cela fait quelques années que nos C-130 vont livrer des Congolais à Kinshasa depuis l’aéroport militaire de Melsbroek. Le Vlaams Blok recommandait de dresser une liste de « pays non-surs » dont seuls les ressortissants pourraient introduire une demande d’asile. La précédente Secrétaire d’Etat, Maggie De Block, a établi une liste de « pays sûrs » que l’actuel Secrétaire d’Etat voudrait étendre. Le verre à moitié vide ou à moitié plein, c’est pareil, pourvu qu’on ait l’ivresse des demandes d’asile rejetées le plus rapidement possible. Et tant pis si ce sont les droits des réfugiés qui trinquent. Le Vlaams Blok voulait réserver les logements sociaux « voor eigen volk eerst ». Il y a quelques années, le gouvernement flamand a frappé encore plus fort avec son fameux « Wooncode », exigeant des personnes souhaitant acquérir ou louer un logement dans 69 communes sujettes à un phénomène de gentrification d’apporter la preuve qu'ils entretiennent avec la commune concernée un lien social, économique ou culturel spécifique, ce qui excluait de fait les francophones et les étrangers. Si cette mesure a été partiellement annulée par la Cour Constitutionnelle, cela n’a pas freiné l’inventivité du Gouvernement flamand qui a instauré l’exigence de la connaissance de la langue de Vondel pour occuper un logement social en Flandre, sous peine d’amende. La pénalisation de l’aide apportée aux illégaux, l’expulsion en cas de condamnation pénale, la prime au retour, les accords bilatéraux avec les pays de provenance en vue des rapatriements ou encore le permis de travail limité pour les étrangers, méritent également une mention spéciale dans la liste des mesures rêvées par le Vlaams Blok et mises en oeuvre aujourd’hui par d’autres. Impossible de ne pas évoquer le durcissement de l’accès à la nationalité belge que le Vlaams Blok appelait de ses voeux, avec notamment l’instauration d’un « examen de citoyenneté ». On constate aujourd’hui qu’avec la dernière réforme du Code de la nationalité entrée en vigueur en 2013, l’accès à la nationalité belge devient un privilège quasiment inaccessible alors qu’il constitue un véritable moyen d’intégration, en augmentant notamment les chances du candidat de décrocher un travail sur un marché de l’emploi très discriminatoire. Viser à ce point les personnes d’origine étrangère en leur mettant des bâtons dans les roues de l’intégration tandis que l’on célèbre en grande pompe les 50 ans de l’immigration marocaine et turque en mettant ces populations à l’honneur, a quelque chose de foncièrement hypocrite. Sur certains points, les petits élèves d’aujourd’hui ont même dépassé leurs maîtres à penser d’hier, à l’exemple de cette taxe d’inscription que la Ville d’Anvers voulait instaurer à charge de tout étranger qui souhaite s’y installer et que le Secrétaire d’Etat en charge de la migration a maintenant généralisé à tout le pays. Le Vlaams Blok n’avait même pas osé le reprendre dans son « 70-puntenplan » la possibilité de pénétrer sans mandat dans un domicile suspecté d’abriter des sans-papiers en vue de faciliter leur arrestation et expulsion. Cette mesure, le nouveau secrétaire d’Etat l’a envisagée juste avant la Noël. Si un « cordon sanitaire » a bien été instauré autour du Vlaams Blok/Belang, force est de constater qu’il n’a pas arrêté ses idées qui se sont banalisées et ont trop souvent été soit reprises, soit même mises en oeuvre par des responsables de partis traditionnels. Le fait que ce cordon sanitaire n’ait pas non plus empêché d’anciens élus ou militants de ce parti d’extrême droite de s’engager dans des partis démocratiques a forcément dû faciliter ce processus interpellant. La chute vertigineuse du Vlaams Belang aux élections de 2014 s’explique dès lors aussi par le fait que ses électeurs ont vu certains partis démocratiques prêts à appliquer leur programme, avec tout ce que cela implique comme régression générale en matière de droits humains. Il est difficilement compréhensible de voir certains responsables politiques se réjouir de la baisse de l’immigration quand elle va de pair avec une restriction des droits fondamentaux des étrangers. Cette autosatisfaction devient carrément macabre lorsque, chaque semaine, un nouveau drame se déroule aux portes de la « forteresse Europe », dans cet immense cimetière qu’est devenu la Méditerranée où reposent notamment nombre de Syriens fuyant les massacres ravageant leur pays abandonné par la communauté internationale. Soudain, on ressent comme une furieuse envie d’hurler « Not in my name » et de repartir pour 20 ans. L’intégralité de l’article ainsi que le dossier complet « L’état des droits de l’Homme en Belgique – Rapport 2014-2015 » sera publié dans le numéro 2 de La Revue Nouvelle, à paraître fin février. [url]http://www.liguedh.be/images/PDF/documentation/rapports/extrait_conclusions_alexis.pdf[/url] [/QUOTE]
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