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[Indépendance d'Haïti] dette envers la France - enquête du NYTimes
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[QUOTE="Barlamane, post: 18171905, member: 402094"] C’est “le néocolonialisme par la dette”, dit Thomas Piketty, l’un des économistes que nous avons rencontrés. “Cette fuite a totalement perturbé le processus de construction de l’État” Et ce n'était que le début. La double dette a contribué à précipiter Haïti dans une spirale d’endettement qui l’a paralysé pendant plus d’un siècle. [HEADING=1]Pour une banque française, c’est la poule aux oeufs d’or[/HEADING] Après avoir saigné Haïti avec sa demande de réparation, la France change de tactique. Ce sera la main tendue d’un partenaire en affaires. En 1880, Haïti fête la création de sa première banque nationale après un demi-siècle de paiements écrasants liés à la double dette. C’est ce type d’institution qui en Europe sert à financer la construction de chemins de fers et d’usines. Las, la Banque Nationale d’Haïti n’a d’haïtien que son nom. Elle est en réalité une émanation de la banque française Crédit Industriel et Commercial, ou CIC. Elle contrôlera la banque nationale d’Haïti depuis Paris et prélèvera des commissions sur chaque transaction effectuée. Les archives retrouvées par The New York Times montrent de façon claire que[URL='https://www.nytimes.com/fr/2022/05/20/world/europe/haiti-cic-france-dette.html'] le CIC a siphonné des dizaines de millions de dollars à Haïti [/URL]au bénéfice d’investisseurs français et accablé ses gouvernement de prêts successifs. Les Haïtiens déchantent vite quand ils réalisent que quelque chose ne tourne pas rond. “N’est-ce pas drôle”, fait remarquer un économiste haïtien, “qu’une banque qui prétend venir au secours d’un trésor public obéré commence, au lieu d’y mettre de l’argent, par emporter tout ce qu’il y avait de valeur ?” [HEADING=1]Pour les États-Unis, Haïti est une caisse enregistreuse[/HEADING] Quand les militaires américains envahissent Haïti à l’été 1915, leur prétexte officiel est que le pays est trop pauvre et trop instable pour être laissé à lui-même. Le secrétaire d’État des Etats-Unis Robert Lansing ne cache pas son mépris de la “race africaine” et présente l’occupation comme une mission civilisatrice destinée à mettre fin à “l’anarchie, la sauvagerie et l’oppression”. Mais d’autres motivations perçaient depuis l’hiver précédent. En décembre 1914, un petit nombre de Marines avaient franchi le seuil de la banque nationale d’Haïti pour en ressortir avec 500 000 dollars en or. Quelques jours plus tard, l’or reposait dans le coffre d’une banque à Wall Street. “J’ai contribué à faire d’Haïti et de Cuba des coins où les gars de la National City Bank pouvaient se faire de jolis revenus”, avouera quelques années plus tard le général qui avait commandé les forces américaines en Haïti et qui reconnaîtra avoir été un “racketteur au service du capitalisme”. C’est sous pression de la National City Bank, l’ancêtre du géant bancaire Citigroup, et d’autres acteurs importants de Wall Street que [URL='https://www.nytimes.com/fr/2022/05/20/world/haiti-etats-unis-occupation.html']Washington prend le contrôle d’Haïti et de ses finances[/URL], comme le révèlent les décennies d’archives, de rapports financiers et de correspondances diplomatiques que The New York Times a consultés. Les États-Unis sont la puissance dominatrice en Haïti au cours des décennies suivantes : ils dissolvent son parlement [I]manu militari[/I], exécutent des milliers de citoyens et expédient une grande partie des revenus du pays à des banquiers à New York. Pendant ce temps, les paysans qui travaillent à les enrichir vivent au seuil de la famine. Haïti retire tout de même quelques bénefices tangibles de l’occupation américaine, estiment les historiens : construction d’hôpitaux, 1 200 km de routes et une fonction publique plus efficace. Mais à quel prix : les Américains établissent le travail forcé pour la construction des routes. Les soldats américains, non contents d’attacher les Haïtiens avec des cordes et de les faire travailler sans rémunération, tirent sur ceux qui tentent de fuir. Sur une période de dix ans, un quart du revenu total d’Haïti sert à rembourser des dettes contrôlées par la National City Bank et sa filiale, d’après les informations contenues dans les 20 rapports annuels de fonctionnaires américains que le Times a consultés. [/QUOTE]
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