Inondations

Elus et administrés à couteaux tirés
Les dernières intempéries vécues par la métropole ont mis à nu l'absence d'une stratégie de crise par le Conseil de la ville.
Elus et administrés à couteaux tiré


Cette opération a coûté aux élus de la région 5.487.577,31 DH. Cette initiative généreuse a pour objectif de « réduire les écarts et les disparités au niveau du développement local et assurer des services de base de proximité au profit des citoyens », selon le communiqué du Conseil de la région. Ce dernier a également contribué au renforcement des services de la Protection civile par l'octroi d'ambulances équipées pour un montant global de 9.500.000,00 DH.

«Par cette initiative, le Conseil régional compte répondre aux besoins prioritaires et vitaux des citoyens, en particulier les couches démunies, et assurer la proximité des services de santé pour ''asseoir'' les conditions optimales pour l'évolution de la santé dans la région », indique le Conseil. A en croire ces déclarations, le citoyen casablancais est au centre des préoccupations des élus de la région. Mais à voir la réalité, on ne dirait pas autant.

Les dernières inondations de la métropole ont mis à nu le manque de stratégie en matière de risque et l'absence d'un fonds dédié à ce genre de catastrophe. Preuve en est l'état des populations sinistrées qui se sont retrouvés «abandonnés » face à de grands dégâts matériels et humains. «On ne demande pas de la charité mais plutôt des subventions et des aides structurées de la part des élus qu'on a voté pour eux », déplore un habitant de Sidi Bernoussi.

Les efforts montrés par les élus après les intempéries, qui ont sinistré la métropole, ne semblent pas être à la hauteur des populations locales. «Nous avons tout perdu, notre argent, nos maisons, nos biens et même nos proches. En contre partie, on a eu droit à des aides médiocres comme des ''paquets de lait et de sardines'' qui ne répondent même pas à nos besoins. C'est inconcevable !», nous confie l'un des sinistrés. D'après une source au sein du Conseil de la ville, certains habitants ont refusé d'accueillir des élus de la métropole en réclamant des indemnisations sur leurs dégâts matériels.
 
«Certains responsables de Casablanca annoncent à tort ou à raison que la situation est bien maîtrisée mais il faut vivre notre misère pour savoir que Casablanca est loin de mettre fin aux séquelles des inondations », indique un autre riverain.

Installé actuellement dans un camp temporaire, ce vieux Casablancais voudrait voir les élus qui le représentent « plus mobilisés et surtout plus affectés par sa détresse ». «Après les inondations, chacun des organismes concernés de la ville essaie de soigner son image grâce à des actions de solidarité mais en réalité, il fallait travailler en amont», nous explique un acteur associatif. Si certains Casablancais sont révoltés contre les élus, ces derniers essaient aussi bien que mal de se voiler la face. Selon Mohamed Sajid, président du Conseil de la ville, la stratégie des élus a changé ces deniers temps. Pour lui, les membres de son Conseil font un grand effort pour être à l'écoute de la population : «On a fait un grand effort pour changer l'image de l'élu chez les citoyens. Nous sommes plus proches des électeurs. Le premier jour des inondations, certains élus ont passé la nuit à l'extérieur auprès des habitants. Ceux qu'on n' a pas vus sur le terrain étaient dans leurs bureaux pour aider la population locale».
Néanmoins, la relation entre élus et habitants est toujours tendue.


Négligences et retards
Selon Mohamed Sajid, aucun budget n'a été fixé pour aider les personnes sinistrées à cause des inondations de Casablanca. Le maire de la ville avait déclaré que des sommes différentes sont débloquées au fur et à mesure des besoins des citoyens. Toutefois, du côté de la population concernée, on soulève une forte indignation à cause du manque d'aides et de l'absence d'indemnisations de leurs biens perdus, d'autant qu'aujourd'hui au Maroc, il est impossible de s'assurer contre les catastrophes naturelles.
Un projet de loi en ce sens est en préparation, depuis 2003, mais il n'a toujours pas vu le jour. De même, le Conseil de la région a été fort absent depuis le début des intempéries.
Ce n'est que plusieurs jours après qu'il a annoncé la distribution de quelques ambulances pour renforcer les services de base au sein de la région.
Est-ce suffisant ?
 
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