IbnouCid
VIB
Salut ,
Ecoutez, je vais parler sérieusement, et vous raconter mon parcours en primaire, en plein milieu des années 80.
Mon but n'est pas de faire pleurer dans les chaumières, je vais vous montrer comment un enfant de moins de 10 ans fait face au racisme (posons çà comme çà sans nuance pour l'instant).
Parce que là, ca me saoule les gens qui découvrent le monde tous les quatre matins, et qui grandissent pas dans leurs petites têtes, même adultes, toujours à buter sur le premier beauf venu.
Je précise que j'ai grandi avec l'étiquette "défavorisé", et que tous les indicateurs montraient que j'avais tout pour faire une brillante carrière de délinquant multirécidiviste.
J'ai toujours aimé la rentrée, et j'avais déjà pris le pli en maternelle (je pourrais en écrire un livre aussi).
Celle du CP je m'en rappelle comme si c'était hier.
J'étais excité, on m'avait dit que j'allais apprendre plein de trucs et qu'il fallait que je sois sérieux.
On était en classe pour la première fois de nos vies : l'institutrice, une vieille dame avec un manteau en fourrure, appellons là Mme L, nous faisait lire : "Daniel et Valérie".
J'étais au 3ème rang, les premiers lisaient les premières lignes de ce livre éducatif, aidés par l'institutrice quand ils butaient, ou avaient le trac parce qu'intimidés, ou tout simplement parce qu'ils étaient idiots :
"Valérie joue avec Daniel, Valérie joue avec Daniel. Valérie ri i. Valérie - Daniel - joue - avec"
Je commençais, déjà à l'époque, à faire mon intéressant : Mon tour arrive, je regarde droit dans les yeux Madame L, et récite tout fier sans regarder le livre ...
Mme L n'était pas raciste, elle était vieille france, et elle est décédée depuis. Elle me faisait faire le tour des autres classes quand j'avais fait un truc qu'elle trouvait génial. J'avais même écrit une histoire (avec un lionceau) qui a été publiée dans le journal de l'école, avec son soutien. 6 ans.
Cependant, trop facile, je ne pouvais m'empêcher de faire le pitre, je l'ai rendue verte de colère plus d'une fois ... Je vous ai dit, j'avais toutes les prédispositions pour être turbulent. Et je ne faisais même pas de devoir à la maison ...
Arrivé en CE1, un matin ou je pensais déjà être le maître du monde, Mme PL, que je finirais aussi par séduire, me demande : "Pourquoi tu n'as pas fait tes devoirs ?" "Je suis en train de les faire, c'est trop facile, regardez ..."
Agacée par mon aplomb, elle m'a punie en m'envoyant chez Monsieur JP ... C'était l'instituteur que tout le monde craignait, élèves et profs confondus, très sévère et charismatique ...
La première chose qu'il m'ait dite en me regardant : "Tu es laid".
A suivre ...
Ecoutez, je vais parler sérieusement, et vous raconter mon parcours en primaire, en plein milieu des années 80.
Mon but n'est pas de faire pleurer dans les chaumières, je vais vous montrer comment un enfant de moins de 10 ans fait face au racisme (posons çà comme çà sans nuance pour l'instant).
Parce que là, ca me saoule les gens qui découvrent le monde tous les quatre matins, et qui grandissent pas dans leurs petites têtes, même adultes, toujours à buter sur le premier beauf venu.
Je précise que j'ai grandi avec l'étiquette "défavorisé", et que tous les indicateurs montraient que j'avais tout pour faire une brillante carrière de délinquant multirécidiviste.
J'ai toujours aimé la rentrée, et j'avais déjà pris le pli en maternelle (je pourrais en écrire un livre aussi).
Celle du CP je m'en rappelle comme si c'était hier.
J'étais excité, on m'avait dit que j'allais apprendre plein de trucs et qu'il fallait que je sois sérieux.
On était en classe pour la première fois de nos vies : l'institutrice, une vieille dame avec un manteau en fourrure, appellons là Mme L, nous faisait lire : "Daniel et Valérie".
J'étais au 3ème rang, les premiers lisaient les premières lignes de ce livre éducatif, aidés par l'institutrice quand ils butaient, ou avaient le trac parce qu'intimidés, ou tout simplement parce qu'ils étaient idiots :
"Valérie joue avec Daniel, Valérie joue avec Daniel. Valérie ri i. Valérie - Daniel - joue - avec"
Je commençais, déjà à l'époque, à faire mon intéressant : Mon tour arrive, je regarde droit dans les yeux Madame L, et récite tout fier sans regarder le livre ...
Mme L n'était pas raciste, elle était vieille france, et elle est décédée depuis. Elle me faisait faire le tour des autres classes quand j'avais fait un truc qu'elle trouvait génial. J'avais même écrit une histoire (avec un lionceau) qui a été publiée dans le journal de l'école, avec son soutien. 6 ans.
Cependant, trop facile, je ne pouvais m'empêcher de faire le pitre, je l'ai rendue verte de colère plus d'une fois ... Je vous ai dit, j'avais toutes les prédispositions pour être turbulent. Et je ne faisais même pas de devoir à la maison ...
Arrivé en CE1, un matin ou je pensais déjà être le maître du monde, Mme PL, que je finirais aussi par séduire, me demande : "Pourquoi tu n'as pas fait tes devoirs ?" "Je suis en train de les faire, c'est trop facile, regardez ..."
Agacée par mon aplomb, elle m'a punie en m'envoyant chez Monsieur JP ... C'était l'instituteur que tout le monde craignait, élèves et profs confondus, très sévère et charismatique ...
La première chose qu'il m'ait dite en me regardant : "Tu es laid".
A suivre ...